Ainsi, à travers ce
cycle, voulait s'exprimer un certain regard pour le cinéma français
de l'étrange. Du plus profond de la nuit, cet art et ce goût si
particulier pour la poésie et le surnaturel dont l'incommodante
saveur fait parfois fuir même les spectateurs les plus endurcis.
Dans une approche chronologique non ordonnée, l'invitation semble a
priori séduisante mais fera sans aucun doute quelques déçus. Et
pour commencer, Nuit d'or
de Serge Moati. Oui, cet attentif spectateur de la vie politique qui
''osa'' consacrer un documentaire à l'ancien chef du Front
National,
ce journaliste et documentariste français, ce conseiller de François
Mitterrand mais aussi, et cela est déjà plus surprenant, cet acteur
que l'on découvrit notamment à l'âge de treize ans dans Les
quatre cents coups de
François Truffaut en 1959 ou dans Allons
z'enfants
d'Yves Boisset vingt-deux ans plus tard. Acteur de cinéma, certes,
mais de télévision également. Comme dans la mini-série Sam,
le pion
de Patrice Martineau en 2002. Auteur de nombreux documentaires dont
une bonne partie consacrée à la politique, a également réalisé
un certain nombre de téléfilms ainsi que deux longs-métrages
cinématographiques. Nuit d'or,
donc, ainsi que Des feux mal éteints
en 1994. Concernant le premier des deux, l'arrivée de Serge Moati
dans le septième s'exprimait en grandes pompes en cette année 1976
qui vit les sorties de La meilleure façon de
marcher
de Claude Miller, de L'alpagueur
de Philippe Labro, du Juge
et de l'assassin
de Bertrand Tavernier, du formidable Le
Locataire
de Roman Polanski, de Marie
Poupée
de Joël Séria ou de
Calmos
de Bertrand Blier, fils de Bernard Blier que compte justement parmi
ses interprètes le long-métrage de Serge Moati. Une œuvre
difficile à aborder, il est vrai mais qui au fond, colle assez bien
avec l'éternelle ambiguïté que traînait derrière lui l'acteur
allemand Klaus Kinski. Ici, l'interprète de cinq des plus grands
films et d'un documentaires tous signés de son fascinant compatriote
Werner Herzog entre 1972 et 1999 incarne Michel Fournier, membre
d'une riche famille laissé pour mort mais revenu pour se venger de
ceux qui avaient prévu de le faire assassiner.
Dans
une ambiance feutrée, trouble et ''surnaturelle'', Serge Moati
convoque pour l'occasion une sacrée brochette d'interprètes. Car
outre Klaus Kinski et Bernard Blier (lequel, trois ans avant
d'incarner l'inspecteur Morvandieu dans le chef-d’œuvre réalisé
par son propre fils, Buffet Froid,
interprétait déjà un rôle de flic apparemment inébranlable) l'on
retrouve au générique des têtes aussi connues que celles de
Charles Vanel, Maurice Ronet, Jean-Luc Bideau chez les hommes et Anny
Duperey, Marie Dubois ou Catherine Arditi du côté féminin. Nimbé
d'une photographie signée d'André Neau, Nuit
d'or
s'offre comme une succession de couches de peinture écaillée
brisant l'apparente monotonie d'une famille aisée et d'un flic bien
sous tous rapports et laissant apparaître une sordide histoire de
meurtre. Ou plutôt, de tentative puisque le supposé fantôme de
Michel Fournier ne se révélera finalement pas tel que l'on pouvait
le supposer mais de retour après que son assassin supposé ait avoué
n'avoir pas eu le courage de le tuer. Le mystère d'une œuvre
provient, parfois, d'idées saugrenues plus que de l'atmosphère qui
s'en dégage. Si dans le cas de Nuit d'or
émane un climat pesant, brumeux et à la limite du rêve et plus
certainement du cauchemar, la mise en scène, l'interprétation et le
scénario restent sans doute les éléments les plus mystérieux de
cette histoire qui de nos jours ne passionnera sans doute que les
fans de fantastique à la française parmi les plus scrupuleux !
Dans un style théâtrale parfois très pompeux (l'incarnation
hystérique de Klaus Kinski), Serge Moati signe une œuvre
prédisposée à encadrer une soirée consacrée au cinéma hexagonal
dans ce qu'il peut avoir de plus auteurisant. Chiant pour les uns,
attractif pour les autres, on ne saisit pas forcément tout ce qu'il
est pourtant important de savoir au sujet de ses personnages ou de
l'intrigue. Reste que Nuit d'or
demeure une expérience très particulière englobant tour à tour
rejet et fascination. Ce que l'on a coutume de nommer Objet
Filmique
Non
Identifié...
Deux "r" à Mitterrand, bon sang... C'est comme ceux qui écrivent Mélenchon avec un "a"...
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