Vous n'entendrez sans
doute jamais parler de la réalisatrice, scénariste et peintre russe
Svetlana Baskova. Car si derrière sa féminité devrait
théoriquement se cacher une certaine sensibilité, celle-ci semble
si bien enfouie qu'elle ne put retenir les excès graphiques de l'une
des œuvres cinématographiques parmi les plus repoussantes qui aient
jamais vu le jour. Autant dire qu'après ça, la prochaine étape
n'est nulle autre que le Snuff !
Autant dire également que le Visitor Q
de Takashi Miike, le Sweet Movie
de Dusan Makavejev, le Martyrs
de Pascal Laugier, le A Serbian Film
de Srdjan Spasojevic ou le Snuff 102
de Mariano Peralta seront, en comparaison, d'authentiques promenades
de santé. L'ancien roi du trash John Waters n'a quant à lui plus
qu'à raccrocher son veston à la penderie. Ce qu'il semble
d'ailleurs avoir fait depuis un certain nombre d'années. Même les
abominations émétophiles du canadien Lucifer Valentine semblent
être du menu fretin en comparaison de... The
Green Elephant (traduction
littérale de Zelyonyy slonik)!
Car contrairement aux apparence et derrière l'hypothèse selon
laquelle l’éléphant en question serait atteint de
morbus virgineus
se cache une ''œuvre'' parfaitement crapuleuse mettant en scène non
pas le plus grand des mammifères terrestres mais deux ex-soldats de
l'armée russe enfermés dans la cellule d'un goulag. Croire que
parce qu'elle est une femme Svetlana Baskova serait incapable d'être
la responsable d'une telle horreur reviendrait à dire que les hommes
sont seuls à pouvoir faire preuve de cruauté ! Ce qui, on le
sait, est souvent faux et même parfois carrément contraire aux
idées reçues. Svetlana Baskova n'a ni le nez crochu, ni une verrue
au bout du tarin. Les poils de la vieillesse ne frisent pas au dessus
de sa lèvre supérieure et aucune corne ne pointe au sommet de son
crâne. La jeune femme n'est donc pas l'horrible sorcière qu'évoque
l’œuvre qu'elle mit au monde à la fin du siècle dernier.
Un
long-métrage d'un peu moins de quatre-vingt dix minutes n'ayant
coûté que l'équivalent de deux-cent euros. Soit, seulement
cinquante euros de plus que Donoma
de Djinn Carrenard dont la thématiques, les qualités et la
virtuosité n'ont évidemment rien de commun avec cette cuve remplie
de merde et de stupre que représente The Green
Elephant.
Autres détails intéressants concernant ce dernier : le film
n'a été projeté sur grand écran qu'à une seule occasion et ce,
lors du festival de Rotterdam en 2005 avant d'être interdit partout
dans le monde. Ensuite, il est de notoriété pour celles et ceux qui
suivent la carrière cinématographiquement chaotique de certains
cinéastes que Svetlana Baskova fut par la suite bannie de son propre
pays. Vrai ou faux, cela nous donne une idée assez précise de
l'aventure à laquelle nous nous apprêtons à assister ! Mais
avant d'entrer plus profondément dans le détail de ce que contient
le film, une question s'impose : Comment peut-on tourner un
long-métrage si médiocre soit-il avec seulement deux-cent euros en
poche ? De la manière la plus simple qui soit : Filmer
avec sa propre caméra numérique tout en faisant appel au généreux
bénévolat de quelques amis rêvant de faire du cinéma !
Maintenant qu'un certain nombre d'informations de la plus haute
importance viennent de vous être communiquées, passons aux choses
sérieuses. N'oubliez cependant pas votre sac à vomi ou mieux, une
bâche en plastique à installer sous vos fesses car l'expérience
risque en théorie de solliciter le contenu de votre estomac. Vous
êtes prêts ? Alors allons-y......
Pour
commencer, le récit se situe dans une cellule qui ferait passer les
pires lieux de détention de la planète pour des sites de
villégiature. Ensuite, deux prisonniers y cohabitent avec la plus
grande difficulté. Tandis que l'un soliloque de manière
inébranlable, le second tente de résister à l'envie de
l'étrangler. Alors, comme pour mieux se faire accepter par son
compagnon, le premier chie dans une assiette et présente comme une
offrande à son compagnon de cellule un étron tout juste expédié
par le colon ! Et là, ben ça part totalement en vrille. Vladimir Epifantsev incarne un second officier perdant son sang froid devant un
Sergey Pakhomov qui dans le rôle du premier officier n'a plus toute
sa tête. Viennent se greffer à cet embryon de récit l'acteur
Aleksandr Maslaev dans le rôle du gardien ainsi qu'Anatoliy
Osmolovskiy dans celui du directeur de la prison.... Ne tournons pas
autour du pot. Malgré la promesse d'une œuvre estimée comme l'une
des plus immondes qui soient, The Green Elephant
est
finalement beaucoup moins inconfortable qu'il n'y paraît. Car en
dehors de cette séquence lors de laquelle un acte de scatologie est
visiblement simulé, le film est surtout extrêmement bavard tandis
que la violence des coups ponctuellement portés sur l'un des
''pauvres'' prisonniers y sont en outre trop visiblement retenus.
Techniquement, le film de Svetlana Baskova est on ne peut plus laid.
Et l'on ne parle évidemment pas du grain et de la colorimétrie qui
accentuent le contexte malsain de l'œuvre mais plutôt de
l'incapacité systématique pour la réalisatrice de maintenir
correctement ses interprètes au sein du cadre. Si l'on additionne
les dizaines de plans que compte le film, pas un seul d'entre eux ne
bénéficie en effet du moindre soin en terme de cadrage. Sans parler
des quelques zooms flous ou du bordélique montage faisant fi de tout
sens esthétique. À vrai dire, seul le dernier acte pourra
véritablement déranger en raison de son outrance. Viol,
éviscération, nécrophilie, cannibalisme.... Ceux qui se posent des
questions au sujet de la signification du titre trouveront d'ailleurs
la réponse durant le dernier quart-d'heure. Au final,on peut se
demander pourquoi le film fut interdit et sa réalisatrice chassée
de son pays. La réponse se situe peut-être davantage dans le
discours des personnages et dans l'image dégradée des institutions
russes que dans son étalage d'atrocités. Mention spéciale tout de
même pour Sergey Pakhomov, lequel est totalement habité par son
personnage...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire