Festival de l'Alpe d'Huez
encore avec une autre sélection de cette année 2023 dont on finira
par se demander s'il vaut vraiment la peine de perdre son temps au vu
de l'affligeante crétinerie de certaines œuvres qui furent en
compétition. Car, pour rappel, s'agissant des films en question,
nous retrouvâmes de beaux spécimens de navets, tels Juste
ciel ! de
Laurent Tirard et 38.5 quai des orfèvres
de Benjamin Lehrer. Une sélection que n'avait d'ailleurs pas à
envier les films hors-compétition puisque cette catégorie fut
elle-même dotée de quelques perlouses du plus pitoyable effet (10
jours encore sans maman
de Ludovic Bernard et SURTOUT, l'immonde BDE
de Michael Youn). La présence à l'image du belge François Damiens
étant souvent synonyme de comédies noires et décalées, c'est sans
appréhension particulière que ma compagne et moi nous nous sommes
''jetés'' sur Les complices
de Cécilia Rouaud qui, outre ce troisième long-métrage démarra sa
carrière en tant que réalisatrice de seconde et de troisième
équipe sur le piteux Le raid
de Djamel Bensalah en 2002 ou Une pure affaire
d'Alexandre Coffre en 2011, film dans lequel elle retrouvait déjà
François Damiens. Dans cet antépénultième méfait de l'acteur et
humoriste belge (si l'on prend en compte sa participation récente à
la dernière saison de l'émission Lol, qui rit,
sort!),
William Lebghil et Laura Felpin le rejoignent dans une aventure dont
le ton n'étonnera pas grand monde au vu du pedigree de celui qui
débuta sa carrière en tant qu'humoriste dans son propre pays, la
Belgique. François Damiens y incarne un tueur à gages froid et
implacable jusqu'au jour où celui-ci devient sensible à la vue du
sang. Incapable d'exécuter le moindre contrat sans tomber dans les
pommes, il décide de mettre un terme à sa carrière d'assassin.
Mais ses employeurs ne le voyant pas de cet œil là, Max va être
poursuivi par ses anciens ''collègues'' qui vont tout faire pour
l'éliminer. Heureusement pour lui, l'homme pourra compter sur l'aide
inattendue de Stéphanie et de Karim, un couple employé dans une
entreprise de vente par correspondance. Dans cette comédie plus
sinistre que réellement drôle (un ton apparemment volontairement
adopté par la réalisatrice qui est elle-même fut également à
l'origine du scénario), François Damiens montre rarement les dents.
Comprendre
par là que le personnage de Max qu'il incarne n'est pas du genre à
se poiler devant la caméra et s'accorde même plutôt avec le ton
monocorde et lugubre que l'on est en droit d'imaginer dans le genre
de profession qu'il exerce. Une attitude que
contrebalance le personnage de Karim qu'interprète William Lebghil
qui, comme à son habitude, se conforme au personnage bienveillant
qu'on lui connaît. D'un optimisme qui confine à la crédulité,
l'acteur construit un personnage à l'exact opposé de celui
qu'incarne François Damiens. Et entre les deux, une Laura Felpin
beaucoup plus censée, qui examine sa propre existence et celle de
son compagnon sur un ton beaucoup plus pessimiste. Les trois acteurs
interprètent un trio détonnant, attachant, transformant une
relation improbable en une course de pieds nickelés du meurtre
exécuté désormais sans contrat. Le caractère antinomique des
personnages participe de l'intérêt de ce film qui aurait pu
s'embourber dans une certaine noirceur mais qui se trouve éclairé
par la présence de ce couple au fonctionnement ''bilatéral'' (Karim
est une véritable ''éponge'' qui absorbe tout le mal-être de ceux
qui l'entourent tandis que Stéphanie éprouve des difficultés vis à
vis des problèmes rencontrés au quotidien). Aussi sympathique que
puisse paraître ce trio rejoint par le toujours excellent Bruno
Podalydès ainsi que par Vanessa Paradis (dont le personnage est
médiocrement caractérisé et s'avère donc au final, presque
inutile), Les complices a
pourtant bien du mal à fonctionner à plein régime. Ça n'est pas
tant l'invraisemblance du trio que la mollesse de la mise en scène
et cet humour noir superficiel que tente d'imprimer la réalisatrice
qui nuisent au déroulé du récit. Pas assez ''méchant'', manquant
cruellement de rythme mais sauvé de l'ennui grâce à ses principaux
interprètes et à quelques séquences qui relèvent le niveau, Les
complices
se regardera une fois, mais pas davantage...
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