Au regard de certaines
critiques dites ''spécialisées'', le premier long-métrage de
Benjamin Leher mérite le grand prix qu'il remporta au Festival de
l'Alpe d'Huez. D'autres évoquent un monument de malaise... Quant à
vous, choisissez votre camp... Le plus drôle, c'est d'imaginer que
le film ait pu se voir octroyer un tel prix alors même qu'il côtoya
des œuvres, certes, pas toujours de grand standing (Sexygénaires
de Robin Sykes), mais dont le peu de qualités se situent malgré
tout à des années lumières de l'indigence qu'évoque 38°5
quai des orfèvres.
Œuvre pourtant outrageusement référencée, on pense aux Inconnus
période Le téléphone sonne toujours deux fois
ou bien même à leur principaux ''rivaux'' à l'époque, Les
Nuls,
et leur cultissime La cité de la peur,
mais aussi et surtout, bien sûr, aux ZAZ
que les moins intimes connaissent sous leur nom complet, David et
Jerry Zucker et leur camarade Jim Abrahams. Si 38°5
quai des orfèvres se
veut également (et principalement à vrai dire) être une parodie du
Silence des agneaux,
le chef-d’œuvre de Jonathan Demme, il ressemble davantage à la
parodie que le réalisateur italien Ezio Greggio réalisa en 1994 et
qui fut intitulée Le silence des jambons.
Bref, vous l'aurez compris, la comédie de Benjamin Leher est une
parodie de parodie et fait un peu le même effet qu'une photo que
l'on retravaille sans cesse et dont la définition finit par être
réduite au point de laisser apparaître un certain niveau de
pixellisation. Berceau de la comédie franchouillarde, notre beau
pays nous rappelle avec une certaine régularité cette remarquable
propension qu'a le cinéma français de réduire le niveau
d'excellence à quelques rares exceptions. Malheureusement, 38°5
quai des orfèvres
se réduit à charrier des répliques dont la profondeur n'atteint
parfois même pas le niveau des blagues Carambar. Bon, j'exagère
sans doute quelque peu. Ici, le fond étant nettement moins important
que la forme, il semble tout d'abord primordial d'y singer le
mirifique et ancestral héritage de notre trio outre-atlantique pour
en proposer une vision qui ne dépasse pas le seuil de la comédie
peu innovante, fainéante, laxiste que l'on retrouve chaque année et
ce, de manière métronomique. Des exemples ? Brillantissime
de Michèle Laroque (grand prix Formol du festival des Ehpad 2018),
Brutus VS César
de Kheiron (Palme d'or au festival de l'ancéphalogramme plat de
Paris section ''Soins palliatifs'' en 2020), Le
dernier mercenaire
de David Charhon (Meilleur réalisateur, meilleur scénario, prix du
meilleur interprète au festival ''paye ton abonnement Netflix que
j'te prenne pour un con'' célébré à Scotts Valley, Californie, en
2021).
Et
donc, cette année, dernier venu dans le domaine de la comédie dans
la catégorie ''je rentre dans la salle tout sourire et j'en sors
avec des envies de meurtre), le grand prix au festival de l'Alpe
d'Huez, 38°5 quai des orfèvres.
On ne va pas revenir sur le synopsis vu qu'on connaît déjà tous Le
silence des agneaux
car même si de nettes différences sont en la matière le fond de
commerce de l'imbuvable parodie dont il est question ici, leur
intérêt se mesure, sur une échelle de 1 à 10, entre 1 et 3 (pour
les plus indulgents). Tout débute par une bande-annonce qui avant la
sortie du film, avait tout de même le culot de ne pas donner envie
de se rendre dans les salles obscures. Ou comment saborder un projet
avant même sa date de sortie officielle. Un embarras qui ne fit que
se confirmer et grandir au fil d'un récit dont la quasi totalité
des gags tomba à l'eau. Seule la présence d'Artus dans le rôle du
médecin légiste Philippe Etcheverest su nous arracher un rire
authentique lors de sa première apparition à l'image. Après, tout
ne fut en sa présence que redondance et running gags drôles la
première fois, inefficaces par la suite. Didier Bourdon, le pauvre,
fait ce qu'il peut pour sauver les meubles mais sans jamais y
parvenir et quant à Caroline Anglade dans le rôle de Clarisse
Sterling, l'actrice nous inflige une contre-performance digne de
trôner au top dix des plus risibles incarnations sur grand écran.
Quant au festival de l'Alpe d'Huez et l'incompréhensible prix qui
fut octroyé au film de Benjamin Leher ? Incompréhensible. Autant
nous pourrions comprendre ce choix au regard de certaines nominations
(l’infâme juste ciel !
de Laurent Tirard) mais en comparaison avec La
Plus belle pour aller danser de
Victoria Bedos, des Petites victoires
de Mélanie Auffret, d'Un homme heureux
de Tristan Séguéla ou de A la belle étoile
de Sébastien Tulard, ce grand prix remporté par 38°5
quai des orfèvres sent
tout de même la corruption...
Qu'il est loin le temps de l'humour grinçant des Inconnus (ils ne pourraient plus travailler aujourd'hui) pour notre Didier Bourdon national ! Le voila bouffi, contraint de cachetonner dans des "comédies" de troisième zone après avoir vociféré contre les "anti-vax" (des "pauvres connards" selon lui... "Pauvres", sans doute, mais "connards"... Et ce sont ces "pauvres connards" qui lui assurent son train de vie en allant voir ses nanars... Pour rappel, son fils bosserait chez Pfizer). Allez, poubelle...
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