Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


samedi 14 octobre 2023

Hi'Mom ! de Brian de Palma (1970) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Avant de devenir l'un des plus importants réalisateurs américains à l'échelle mondiale, Brian De Palma s'est illustré à travers quelques longs-métrages qui auront patienter des décennies avant de pouvoir débarquer dans les chaumières. Des courts-métrages tout d'abord, signés entre 1960 et 1966, puis plusieurs longs-métrages, Murder a la Mod et Greetings en 1968, The Wedding Party en 1969 ainsi que Dionysus in '69 et Hi'Mom ! l'année suivante. C'est sur ce dernier que nous allons nous pencher dans cet article avant de revenir, pourquoi pas dans un temps prochain, sur ses œuvres précédentes. La valeur que revêt le quatrième long-métrage de Brian de Palma est on ne peut plus considérable. D'abord parce que tout objet portant sa griffe est forcément d'importance. Ensuite, parce que contrairement à la physionomie quelque peu vieillotte de ce film de fin des années soixante et début des années soixante-dix, celui-ci s'avère étonnamment prophétique. Alors qu'Internet n'est pas encore entré dans nos foyers et que les réseaux sociaux ne sont sans doute encore dans l'esprit de certains qu'un fantasme loin d'être encore envisagé autrement que sous la forme littéraire, Brian de Palma crée un personnage qui sans doute se serait merveilleusement fondu dans l'univers du paraître où se livrent une guerre sans merci influenceurs et autres colporteurs de bonnes et de mauvaises nouvelles. Alors que l'on a longtemps collé à l'image de Robert de Niro celle du cinéaste Martin Scorsese qui lui offrit parmi ses plus grands rôles à commencer par Mean Streets en 1973 ou Taxi Driver trois ans plus tard, on peut considérer qu'après Marcel Carné et Norman C. Chaitin, c'est bien Brian de Palma qui offrit à l'acteur ses tout premiers vrais rôles au cinéma. Robert de Niro tourne ici sont troisième long-métrage aux côtés du réalisateur américain qui lui confie donc le rôle principal de Jon Rubin, jeune cinéaste amateur, ancien vétéran de la guerre du Vietnam (il rendossera d'ailleurs le costume de soldat qu'on lui voit porter sur le dos à la fin du récit pour le futur Taxi Driver), dont l'ambition est de se lancer dans le cinéma. Une idée en tête, le voilà qu'il fait le tour des producteurs de films pornographiques afin d'exposer son idée. En effet, Jon vient tout juste de s'installer dans un appartement totalement délabré. Pourquoi ? Parce que l'une des fenêtres donne directement sur l'immeuble d'en face où il peut épier et filmer à sa guise et grâce à sa caméra de fortune, les activités de celles et ceux qui y vivent. L'occasion pour Jon d'expliquer son projet consistant à filmer à leur insu ces voisins d'en face jusque dans leur plus secrète intimité.


C'est donc sur ce postulat de base que repose Hi'Mom ! Et par extension, sur les ambitions d'un individu en outre mythomane s'inventant des récits dont l'un aura notamment pour but de séduire l'une des habitantes de l'immeuble en question. Des années avant que les chaînes de télévision se laissent aller à la dérive, Brian de Palma se positionne en observateur d'un monde perverti par la luxure (le quartier dans lequel s'installe Jon est gangrené par la prostitution, les peep-shows et les cinémas pornographiques). Le long-métrage s'inscrit également au centre du mouvement Black Panther né quelques années auparavant sous l'impulsion des afro-américains Bobby Seale et Huey P. Newton. C'est ainsi que le héros intègre une troupe de comédiens noirs qui vont très rapidement faire parler d'eux à travers des spectacles revendiquant les droits du peuple afro-américain. Si Hi'Mom ! a plutôt vieilli, il conserve cependant le charme de son époque et rejoint parfois le cinéma ''scorsesien'' dans sa vision de l'Amérique d'alors. L'on décèle déjà la passion de Brian de Palma pour l'emploi du slipt-screen ou ce qui deviendra rapidement l'un de ses leitmotivs : le voyeurisme (thème qu'il magnifiera en outre à travers le formidable Body Double en 1984). Hi'Mom ! s'inscrit également dans la recherche d'un cinéma du réalisme à travers des micro-trottoirs effectués auprès de badauds ou par l'emploi d'une caméra portée à l'épaule, rendant l'ensemble extrêmement réaliste d'un point de vue visuel même si certaines séquences débordant de folie viennent tempérer le propos. On pense notamment à sa relation avec la voisine Judy Bishop qu'interprète l'actrice Jennifer Salt que le réalisateur avait déjà dirigé dans deux de ses précédentes œuvres mais que l'on retrouvera surtout dans le premier vrai classique de Brian de Palma en 1972, Soeurs de sang ! Extrêmement à l'aise, le personnage qu'incarne Robert de Niro y ment comme il respire avec un saisissant aplomb. Ce qui laisse augurer des séquences absolument savoureuses comme celle lors de laquelle il affecte de s'être trompé de personne lors d'un rendez-vous pour pouvoir séduire la charmante Judy ou le passage lors duquel ils conversent au restaurant. Divertissant, drôle, politique, tourné en couleur mais aussi en noir et blanc, parfois techniquement intéressant, Hi'Mom ! est une œuvre que tout fan de Brian de Palma se doit de découvrir...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...