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vendredi 13 octobre 2023

Carnifex de Sean Lahiff (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si faire l'économie de moyens est un pari risqué et parfois synonyme de désastre artistique, il arrive en revanche que ce choix plus ou moins volontaire soit payant. Certains l'ont bien compris à l'image du réalisateur Sean Lahiff dont Carnifex est le tout premier long-métrage après une série de courts réalisés entre 2003 et 2017. Originaire d'Australie, ce premier film n'excédant pas les quatre-vingt sept minutes démontre que la nature même de notre planète peut suffire à créer un climat de tension réellement palpable. Ici, point de zombies sortant décharnés de leur tombe, de vampires ou de loups-garou, de xénomorphe provoquant une hécatombe au sein d'un groupe de passagers se déplaçant dans l'espace à bord d'un vaisseau ou de famille de cannibales vivant dans un coin reculé de la campagne américaine. Non, Sean Lahiff préfère concentrer le récit de Carnifex en plein cœur du Bush australien. Mais pas celui que l'on a l'habitude de découvrir en général sur grand écran. Le film évite les grandes plaines arides, ces formidables paysages teintés de terre rouge que l'on pu notamment découvrir dans Wake in Fright de Ted Kotcheff en 1971, Mad Max de George Miller en 1979, Razorback de Russel Mulcahy en 1984 ou bien Wolf Creek de Greg McLean en 2005. Le réalisateur opte pour une forêt luxuriante et grouillante de vie et va y plonger trois principaux protagonistes ainsi qu'un chasseur (l'acteur Brendan Rock dans le rôle de Gary), sa chienne (Holly dans celui de Goose) et le ranger Matt que va interpréter Darren Gilshenan. Quant aux principaux personnages en question, il va s'agir pour Alexandra Park, Sisi Stringer et Harry Greenwood de rendre crédible cette terrifiante aventure nocturne qu'ils vont faire vivre au spectateur durant un peu moins d'une heure trente ! Carnifex rappellera sans doute à certains un autre long-métrage métrage horrifique situant son action en plein cœur de la nature australienne. Le Solitaire de Greg McLean, véritable réussite et sans doute l'un des tout meilleurs films mettant en scène un crocodile/alligator agressant des hommes et des femmes. Carnifex, lui, joue sur la peur de l'inconnu et de l'invisible et de la faune sauvage. Car non seulement les bruits produits par les animaux sauvages ont réellement un impact sur la nature auto-protectrice de l'homme mais le fait que le film se déroule en majeure partie de nuit et que l'identité de la créature qui rode aux alentours nous soit scrupuleusement cachée durant une bonne partie de l'intrigue constituent des éléments fondateurs de nos peurs les plus ancestrales.


Le choix du titre pourra apparaître étonnant. Et même si les plus curieux auront la désagréable sensation qu'il trahit les origines de la bête qui traquera inlassablement les trois protagonistes Bailey, Grace et Ben, que ceux-ci se rassurent. Si le carnifex est une créature qui a bien vécu sur Terre, le fait qu'elle s'est éteinte il y a près de cinquante-mille ans permet de préserver son identité ou du moins son apparence jusqu'aux derniers instants. D'ailleurs, si son origine est révélée plus tôt que prévu par le héros masculin du récit, cela n'empêche absolument pas le film de conserver son aura très particulière. Car si les zombies n'ont jamais défendu quiconque d'aller déposer des fleurs dans un cimetière ou si les méfaits d'un tueur en série n'ont jamais remis en doute l'intérêt de visiter la ville ou le petit village où il exécuta sa basse besogne, les forêts, qu'elles soient tropicales ou non, ainsi que leur densité et la présence de nombreuses créatures pourtant terrestres suffisent à rebuter même certains des plus courageux aventuriers de s'y engager de nuit. Sean Lahiff parvient sans mal à insuffler à son œuvre un réel sentiment d'angoisse qui perdure jusqu'à la fin. Ses interprètes sont convaincants et expriment avec réalisme se sentiment de terreur qui naît de l'indicible. Les effets gore sont rares mais les assauts de la créature relativement nombreux. L'ajout de quelques personnages secondaires comme le chasseur ou le ranger permettent d'inclure quelques attaques de la bête tout en conservant l'intégrité physique de notre très attachant trio de personnages que le réalisateur tient tout d'abord à caractériser. Ce qui explique sans doute que durant une bonne partie de l'intrigue il semble ne rien devoir se passer. Carnifex n'est certes pas un chef-d’œuvre mais pour un long-métrage dont l'un des buts principaux est de foutre la trouille aux spectateurs ou du moins les indisposer dans une certaine mesure, en la matière, le cahier des charges est parfaitement rempli...

 

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