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dimanche 10 septembre 2023

Pour l'honneur de Philippe Guillard (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Allez, on va très rapidement mettre de côté l'actualité pour se concentrer uniquement sur la fiction. Parce que oui, Pour l'honneur peut être envisagé de deux façons : soit l'on compare son contenu avec ce que révèlent au quotidien les médias et cette gentillette comédie se transforme alors en une vision totalement utopique du phénomène des migrants, soit l'on choisi de mettre des œillères sur ce type d’événement pour mieux apprécier cette histoire où les habitants d'un petit village de province amateurs de rugby et demandeurs d'asile vont tenter de faire bon ménage. Ancien Rugbyman, le réalisateur français Philippe Guillard s'était égaré dans d'autres domaines que l'ovalie avant de revenir cette année à ses premières amours. Il y a treize ans sortait sur les écrans le très sympathique Le Fils à Jo avec Gérard Lanvin. Trois comédies (de moyenne facture) plus tard, Philippe Guillard évoque à nouveau sa passion pour le ballon rond en inscrivant son dernier long-métrage au cœur de l'actualité : L'immigration dans les campagnes françaises ! Entre idéalisme et clichés à foison, Pour l'honneur a le cul entre deux chaises. Autant dire que cette comédie très légère portant sur un sujet pourtant relativement grave fera grincer des dents une partie du public tout en conquérant le cœur des autres. Évidemment, il existe un fossé entre ce que nous racontent le réalisateur et son scénariste Eric Fourniols et la réalité. Tandis que l'on se demande pourquoi les hommes ont laissé derrière eux leurs épouses, leurs mères ou leurs filles, ici la question ne se pose pas puisque parmi les neufs migrants qui débarquent à Tourtour-les-Bains, il y a des hommes, des femmes et des enfants. Un détail qui a son importance et qui montre d'emblée le point de vue des auteurs du long-métrage. Certains évoqueront sans doute la ''démagogie'' ou une certaine forme de ''culture du poncif''.


Philippe Guillard semble oublier qu'avant de juger les ''anti-migrants'', de les traiter de racistes et d'en faire des individus comme les fantasment les fidèles de l'ultra-gauche, il faudrait tout d'abord détailler point par point cette méfiance qui veut que l'on se montre soupçonneux devant un ou plusieurs individus dont la culture et le mode de vie nous sont totalement étrangers. Concernant celles et ceux qui ne veulent pas de ces migrants chez eux, leur caractérisation donne lieu à un bond en arrière de plusieurs décennies, à l'époque où un certain Jean-Marie Le Pen présidait le Front National ! Cette vieille France nationaliste aigrie et croupissante. Il y a donc dans Pour l'honneur, d'un côté les méchants, veules, et les gentils, accueillants... parmi lesquels nous compterons donc nos neuf migrants, modèles parfaits dont on ne doute pas un seul instant de leur future intégration. Il est alors facile de s'y attacher, d'oublier la réalité, et même d'accepter sans se poser les bonnes questions de les intégrer, pourquoi pas, définitivement dans le paysage français. Sauf que tout n'est pas si simple et que rien ne se réglera aussi facilement que dans l’œuvre de Philippe Guillard. C'est pourquoi l'on se concentrera avant toute chose sur la personnalité de ceux qui gravitent autour des sympathiques De Gaulle (personnage très amusant incarné par Claude Musungayi), Salifou, Jawad, Nawal, Shabana ou Ibrahim. À commencer par Marco Bianchoni (Olivier Marchal) et son épouse Anabella (Olivia Bonamy), couple au grand cœur très heureux d'accueillir dans leur village de Tourtour-les-Bains ces neuf hommes, femmes et enfants dont la vie dans leur pays d'origine est devenue intenable.


Derrière l'absurdité de certaines situations majoritairement provoquées par la présence à l'image de l'acteur et humoriste Mathieu Madénian et la naïveté apparente avec laquelle le réalisateur étudie une proposition dont on ne sait si elle peut être concrètement viable, il faut savoir que le récit n'est en fait pas tout à fait utopique puisqu'il s'inspire d'une authentique histoire qui s'est produite à Riace, un petit village de Calabre qui en 1998 a vu débarquer trois-cent migrants. Si les habitants se sont d'abord montrés méfiants vis à vis de ces étrangers, leur arrivée a au contraire permis au village de renaître de ses cendres bien des années après qu'une partie de ses habitants l'aient désertée ! Cette incroyable histoire mérite d'ailleurs que l'on s'y penche plus en profondeur et au delà de ce simple article consacré à Pour l'honneur. Concernant le film lui-même, on se prend à sourire devant certaines situations d'ailleurs propres à l'intervention des demandeurs d'asile plus qu'à travers cette guerre que se mènent les habitants de Tourtour-les-Bains avec ceux de Trocpont-sur-Vézère. Un sujet somme toute très banal que l'on a déjà vue à maintes reprises sur grand écran. Mais ne rêvons pas car devant ce spectacle naïvement idyllique qui se voudrait être représentatif de ces mouvements de foules prévus sur le territoire hexagonal, entre la réalité et la fiction existe un fossé probablement infranchissable. Au final, Pour l'honneur mêle humanisme, bons sentiments et passion du rugby pour un résultat manquant de punch et d'originalité. Se regarde avec plaisir mais s'oublie rapidement...

 

2 commentaires:

  1. Mais qui peut douter du "point de vue des auteurs" ? Comme dirait l'autre : "Le problème n'est pas tant qu'ils soient "engagés" mais plutôt qu'ils le soient tous du même côté."
    Olivier Marchal, l'ex-pandore et amis de ces derniers... Next.

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  2. Ah, el famoso "vieille France nationaliste aigrie et croupissante"... Sauf qu'il n'y a qu'en Occident qu'on pense ainsi (et plus particulièrement sa partie Ouest). Par exemple, vous pourrez peut-être obtenir un jour la nationalité japonaise mais vous ne serez jamais considéré comme un "vrai" japonais, et c'est parfaitement normal. S'il y a de tout partout, autant en effet "aller vers ce Nouvel Ordre Mondial" (Sarkozy le "patriote", sic) et abolir les pays et leurs frontières. De toutes façons, vu que l'Occident ne fait plus d'enfant et que l'Afrique et l'Asie sont des "usines à ventres" (comme dirait feu Pierre Bergé) - alors que la réalité économique devrait pousser à l'inverse -, il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu'il n'y aura plus beaucoup de "blancs, de white, de blancos" (remember Valls) d'ici 50 à 100 ans... On les mettra peut-être dans des réserves...

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