Allez, on va très
rapidement mettre de côté l'actualité pour se concentrer
uniquement sur la fiction. Parce que oui, Pour l'honneur
peut être envisagé de deux façons : soit l'on compare son
contenu avec ce que révèlent au quotidien les médias et cette
gentillette comédie se transforme alors en une vision totalement
utopique du phénomène des migrants, soit l'on choisi de mettre des
œillères sur ce type d’événement pour mieux apprécier cette
histoire où les habitants d'un petit village de province amateurs de
rugby et demandeurs d'asile vont tenter de faire bon ménage. Ancien
Rugbyman, le réalisateur français Philippe Guillard s'était égaré
dans d'autres domaines que l'ovalie avant de revenir cette année à
ses premières amours. Il y a treize ans sortait sur les écrans le
très sympathique Le Fils à Jo
avec Gérard Lanvin. Trois comédies (de moyenne facture) plus tard,
Philippe Guillard évoque à nouveau sa passion pour le ballon rond
en inscrivant son dernier long-métrage au cœur de l'actualité :
L'immigration dans les campagnes françaises ! Entre idéalisme
et clichés à foison, Pour l'honneur
a le cul entre deux chaises. Autant dire que cette comédie très
légère portant sur un sujet pourtant relativement grave fera
grincer des dents une partie du public tout en conquérant le cœur
des autres. Évidemment, il existe un fossé entre ce que nous
racontent le réalisateur et son scénariste Eric Fourniols et la
réalité. Tandis que l'on se demande pourquoi les hommes ont laissé
derrière eux leurs épouses, leurs mères ou leurs filles, ici la
question ne se pose pas puisque parmi les neufs migrants qui
débarquent à Tourtour-les-Bains, il y a des hommes, des femmes et
des enfants. Un détail qui a son importance et qui montre d'emblée
le point de vue des auteurs du long-métrage. Certains évoqueront
sans doute la ''démagogie'' ou une certaine forme de ''culture du
poncif''.
Philippe
Guillard semble oublier qu'avant de juger les ''anti-migrants'', de
les traiter de racistes et d'en faire des individus comme les
fantasment les fidèles de l'ultra-gauche, il faudrait tout d'abord
détailler point par point cette méfiance qui veut que l'on se
montre soupçonneux devant un ou plusieurs individus dont la culture
et le mode de vie nous sont totalement étrangers. Concernant celles
et ceux qui ne veulent pas de ces migrants chez eux, leur
caractérisation donne lieu à un bond en arrière de plusieurs
décennies, à l'époque où un certain Jean-Marie Le Pen présidait
le Front
National !
Cette vieille France nationaliste aigrie et croupissante. Il y a donc
dans Pour l'honneur,
d'un côté les méchants, veules, et les gentils, accueillants...
parmi lesquels nous compterons donc nos neuf migrants, modèles
parfaits dont on ne doute pas un seul instant de leur future
intégration. Il est alors facile de s'y attacher, d'oublier la
réalité, et même d'accepter sans se poser les bonnes questions de
les intégrer, pourquoi pas, définitivement dans le paysage
français. Sauf que tout n'est pas si simple et que rien ne se
réglera aussi facilement que dans l’œuvre de Philippe Guillard.
C'est pourquoi l'on se concentrera avant toute chose sur la
personnalité de ceux qui gravitent autour des sympathiques De Gaulle
(personnage très amusant incarné par Claude Musungayi), Salifou,
Jawad, Nawal, Shabana ou Ibrahim. À commencer par Marco Bianchoni
(Olivier Marchal) et son épouse Anabella (Olivia Bonamy), couple au
grand cœur très heureux d'accueillir dans leur village de
Tourtour-les-Bains ces neuf hommes, femmes et enfants dont la vie
dans leur pays d'origine est devenue intenable.
Derrière
l'absurdité de certaines situations majoritairement provoquées par
la présence à l'image de l'acteur et humoriste Mathieu Madénian et
la naïveté apparente avec laquelle le réalisateur étudie une
proposition dont on ne sait si elle peut être concrètement viable,
il faut savoir que le récit n'est en fait pas tout à fait utopique
puisqu'il s'inspire d'une authentique histoire qui s'est produite à
Riace, un petit village de Calabre qui en 1998 a vu débarquer
trois-cent migrants. Si les habitants se sont d'abord montrés
méfiants vis à vis de ces étrangers, leur arrivée a au contraire
permis au village de renaître de ses cendres bien des années après
qu'une partie de ses habitants l'aient désertée ! Cette
incroyable histoire mérite d'ailleurs que l'on s'y penche plus en
profondeur et au delà de ce simple article consacré à Pour
l'honneur.
Concernant le film lui-même, on se prend à sourire devant certaines
situations d'ailleurs propres à l'intervention des demandeurs
d'asile plus qu'à travers cette guerre que se mènent les habitants
de Tourtour-les-Bains avec ceux de Trocpont-sur-Vézère. Un sujet
somme toute très banal que l'on a déjà vue à maintes reprises sur
grand écran. Mais ne rêvons pas car devant ce spectacle naïvement
idyllique qui se voudrait être représentatif de ces mouvements de
foules prévus sur le territoire hexagonal, entre la réalité et la
fiction existe un fossé probablement infranchissable. Au final, Pour
l'honneur mêle
humanisme, bons sentiments et passion du rugby pour un résultat
manquant de punch et d'originalité. Se regarde avec plaisir mais
s'oublie rapidement...
Mais qui peut douter du "point de vue des auteurs" ? Comme dirait l'autre : "Le problème n'est pas tant qu'ils soient "engagés" mais plutôt qu'ils le soient tous du même côté."
RépondreSupprimerOlivier Marchal, l'ex-pandore et amis de ces derniers... Next.
Ah, el famoso "vieille France nationaliste aigrie et croupissante"... Sauf qu'il n'y a qu'en Occident qu'on pense ainsi (et plus particulièrement sa partie Ouest). Par exemple, vous pourrez peut-être obtenir un jour la nationalité japonaise mais vous ne serez jamais considéré comme un "vrai" japonais, et c'est parfaitement normal. S'il y a de tout partout, autant en effet "aller vers ce Nouvel Ordre Mondial" (Sarkozy le "patriote", sic) et abolir les pays et leurs frontières. De toutes façons, vu que l'Occident ne fait plus d'enfant et que l'Afrique et l'Asie sont des "usines à ventres" (comme dirait feu Pierre Bergé) - alors que la réalité économique devrait pousser à l'inverse -, il ne faut pas être grand clerc pour deviner qu'il n'y aura plus beaucoup de "blancs, de white, de blancos" (remember Valls) d'ici 50 à 100 ans... On les mettra peut-être dans des réserves...
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