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lundi 11 septembre 2023

Manon des sources de Marcel Pagnol (1952) - ★★★★★★★★☆☆

 



En 1986, le réalisateur, scénariste et producteur français Claude Berri rendait un formidable hommage à l’œuvre de Marcel Pagnol en inscrivant au panthéon du cinéma hexagonal son remarquable diptyque formé autour de Jean de Florette et de Manon des sources. Deux longs-métrages tournés dans la foulée et adaptés à partir du roman L'eau des collines qu'écrivit Marcel Pagnol en 1963. Onze ans auparavant, celui-ci réalisa lui-même une œuvre en deux parties intitulées Manon des sources et Ugolin, formant ainsi un long-métrage de presque quatre heures. Lorsque l'écrivain publie L'eau des collines, c'est dans l'intention d'ajouter au double film qu'il réalisa en 1952, une partie supplémentaire notamment consacrée au personnage du père de Manon, Jean Cadoret, dit ''Jean de Florette''. Personnage invisible dans le long-métrage du début des années cinquante mais pourtant bien au centre de l'intrigue. Un récit, sinon classique, du moins porté par l'esprit de vengeance de son héroïne incarnée à l'époque par Jacqueline Pagnol qui fut l'épouse et l'égérie de Marcel Pagnol et dont Emmanuelle Béart repris le rôle trente-quatre ans plus tard. Il faudra donc patienter jusqu'en 1986 pour avoir une vue ''cinématographique'' des idées dont Marcel Pagnol avait nourri la première partie de son roman L'eau des collines. Une préquelle formidablement incarnée par Gérard Depardieu dans le rôle-titre, Daniel Auteuil dans celui d'Ugolin, que son vieil oncle surnomme ''Galinette'' ainsi qu'Yves Montand dans la peau de César Soubeyran dit, ''le Papet''. Mais revenons en 1952. Marcel Pagnol a derrière lui une très belle carrière d'écrivain et de réalisateur. En 1946, il est même élu à l'Académie Française. L'eau des collines sera son véritable dernier roman avant que ne soit entreprise la rédaction de la dernière partie (inachevée) de son autobiographie intitulée Le temps des amours (adaptée à la télévision par Thierry Chabert en 2007). Lorsque débute Manon des sources version 1952, des différences notables par rapport à la version colorisée de Claude Berri sont notables. Le film se concentre tout d'abord autour d'une poignée de personnages vivant dans le petit village des Bastides Blanches.


Alors que dans la région les deux seuls gendarmes à disposition tentent de mettre la main sur Manon qui est soupçonnée d'avoir blessé l'un des villageois à coup de bâton, des hommes assis à la terrasse d'un café accueillent Bernard, l'instituteur du village auquel ils vont raconter l'histoire de la jeune sauvageonne qui vit dans la montagne auprès de son âne, de ses chèvres ainsi que de Baptistine, une vieille femme qui vient d'apprendre que l'on vient de déterrer le corps de son époux disparu depuis de nombreuses années afin de libérer de la place au cimetière. Durant près de quarante minutes et à l'issue de cette très longue séquence se poursuivant par l'arrestation de Manon, la qualité des dialogues explose littéralement à l'image. Preuve de l'extraordinaire soucis apporté aux dialogues permettant aux divers interprètes d'échanger entre eux de bons mots dont la qualité ne s'essouffle à aucun moment. C'est toute la Provence des années cinquante qui s'y exprime avec son petit village typique, ses cigales, ses collines écrasées par la chaleur d'un soleil aveuglant, ses hommes qui boivent à la terrasse des cafés et leurs ''matronesques'' doublures féminines qui hurlent leur mécontentement aux fenêtres. Là où Claude Berri choisissait de ne faire point de mystère autour du tarissement de l'eau, Marcel Pagnol choisit, lui, d'évoquer une malédiction proférée par la vieille Baptistine avant son départ. D'une durée égalant presque les deux heures, cette première partie ayant consacré quarante minutes de l'intrigue aux passionnantes discussions entre habitants de sexe masculin des Bastides Blanches, le reste tournera autour du procès pour blessures dont est accusée la jeune femme. Séquence qui sera absente du long-métrage de Claude Berri qui préférera alors directement passer à l'intrigue autour de la fontaine et de l'absence d'eau dans tout le village et ses alentours ainsi que de la passion d'Ugolin pour Manon, laquelle déterminera l'action de la seconde partie intitulée Ugolin. Manon des sources version 1952 est un véritable joyau, parfaitement interprété. La mise en scène n'étant pas le plus fort du long-métrage, tout repose donc sur cette sympathique brochette d'acteurs ironisant (ou pas) sur le sort des uns et des autres. Une comédie qui peu à peu sombre dans le drame et se rompt avant que l'ingénieur du génie rural ne débarque dans ce petit village demeuré jusqu'ici plutôt tranquille...

1 commentaire:

  1. "Moi j'ai payé pour de l'eau de source, pas de l'eau de camion !"
    Si Pagnol, Fernandel et Raimu débarquaient sur la Canebière en 2023, ils feraient un AVC... :-)

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