L'homme debout,
c'est la rencontre entre Jacques Gamblin, vieux briscard du cinéma
hexagonal et de la trentenaire Zira Hanrot. L'homme
debout,
c'est aussi la rencontre entre Henri Giffard, un soixantenaire qui
depuis toujours travaille comme VRP
dans le papier-peint et Clémence Alpharo, une ambitieuse jeune femme
qui espère obtenir un CDI
dans l'entreprise qui embauche le ''retraitable''.
Enfin, L'homme debout,
c'est le premier long-métrage de Florence Vignon qui en dehors d'un
court-métrage il y a presque un quart de siècle a consacré le plus
gros de sa carrière à l'écriture de scénarii. Parmi les
réalisateurs avec lesquelles elle a collaboré, un certain Stéphane
Brizé, notamment auteur des remarquables drames sociaux La
loi du marché
en 2015 et En guerre
trois ans plus tard. Deux œuvres auxquelles Florence Vignon n'a
pourtant pas participé malgré le lien évident qui lie ces
dernières avec son premier film. On ne s'étonnera donc pas de la
retrouver à l'écriture, basant son récit sur un ouvrage de
l'écrivain français Thierry Beinstingel. Il demeure une accointance
entre le cinéma de Stéphane Brizé et la venue de Florence Vignon
dans le monde de la réalisation. Pourtant, le ton est ici beaucoup
plus modéré que chez celui que l'on pourrait considérer de
''mentor'' puisqu'en outre, nous pûmes notamment la découvrir dans
Le bleu des villes
de Stéphane Brizé en 1999, lequel lui offrit alors le premier rôle.
Dans L'homme debout s'entrecroisent
les univers de deux individus dont les préoccupations semblent
prioritairement d'ordre professionnel. Le premier s'accroche à son
métier tandis que son employeur Claude Marcineau (l'acteur Cédric
Moreau) exerce sur Clémence une pression en la contraignant de tout
entreprendre pour pousser Henri à prendre sa retraite. Passionné
par Rimbaud, l'homme aime son métier. La jeune femme, elle, essaie
surtout d'obtenir un emploi stable. Quitte à exécuter les ordres de
son tyrannique employeur. L'univers du papier-peint colle
merveilleusement bien au propos. Il demeure en effet dans cette
''spécialité'' un brin désuète, une façon d'aborder le monde du
travail sous un angle parfaitement immoral.
''On a un soucis... Giffard s'est réveillé...''
Claude Marcineau
Jusqu'où
peut-on aller pour réussir ? C'est l'une des questions que pose
le long-métrage de Florence Vignon. Mais la jeune femme ne s'arrête
pas là. La réalisatrice cherche à étoffer ses deux principaux
personnages. L'on apprend notamment que le ''vieil homme'' est séparé
de sa femme et n'a plus aucune nouvelle de leur enfant tandis que
Clémence, elle, vit avec le fantôme de son père disparu, un ancien
immigré qui a fuit son pays. L'homme debout
multiplie les changements de ton. Entre légèreté et gravité, il
confronte parfois ses protagonistes à des questions existentielles.
Comme lors de l'affrontement entre la jeune femme et sa sœur Luisa
(Carima Amarouche). Nous cataloguerons donc le film comme comédie
dramatique même si sur ce dernier point l'on est très loin de la
torpeur qui nous emportait parfois chez Stéphane Brizé. Le film ne
sait en effet pas toujours sur quel pied danser et Florence Vignon
paraît parfois hésiter entre pure comédie et drame social. La
tambouille fonctionne parfois mais pas dans son ensemble. La courte
durée de L'homme debout
explique peut-être la difficulté avec laquelle l'on a du mal à
vraiment se passionner par nos deux personnages. L'on retrouve malgré
tout le stoïcisme légendaire de Jacques Gamblin et une Zira Hanrot
parfois émouvante mais dont le personnage est semble-t-il difficile
à cerner. Florence Vignon se joue de ses personnages secondaires
dont la plupart, et notamment l'employeur, s'avèrent bien trop
caricaturaux pour que l'on puisse réellement les prendre au sérieux.
Nous remettrons moins en cause l'interprétation de Jacques Gamblin
et de Zira Hanrot que la direction d'acteurs et la mise en scène.
Non pas que Florence Vignon ait totalement loupé le coche de la
comédie dramatique sociale, mais la concurrence est tellement rude
que la comparaison donne malheureusement tort à sa mise en scène.
Dommage...
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