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vendredi 8 septembre 2023

Le dernier voyage du Demeter d'André Øvredal (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

C'est moins par fébrilité que par une certaine impatience que j'attendais le retour sur grand écran du réalisateur, scénariste et producteur norvégien André Øvredal. Surtout depuis la sortie de son excellent The Jane Doe Identity en 2016 dont le sujet reposait pourtant sur un concept simple. Un médecin légiste et son fils se retrouvaient face au corps d'une jeune femme non identifiable qu'il allaient devoir autopsier le temps d'une soirée. Trois longs-métrages plus tard, voilà que le cinéaste nous revient avec une facette bien connue du mythe de Dracula mais que beaucoup survolèrent finalement jusqu'à aujourd'hui sous forme d'ellipses. Comme le réalisateur allemand Friedrich Wilhelm Murnau qui en 1922 réalisa le chef-d’œuvre Nosferatu, eine Symphonie des Grauens dans lequel il nous contait les méfaits d'un vampire qui n'avait de différences avec le célèbre Dracula du romancier irlandais Bram Stoker, que l'apparence et le nom. Une question de droits poussa effectivement Friedrich Wilhelm Murnau à renommer le sinistre personnage en Nosferatu, un nom qui pourtant apparaît bien dans l'ouvrage de Bram Stoker Dracula publié pour la première fois en 1897. Le dernier voyage du Demeter s'appuie également sur un fait divers qui eut lieu en Grande Bretagne au large de la ville portuaire de Whitby douze ans avant qu'il ne fasse éditer son fameux roman. Transformant la tragédie du navire Dmitry qui échoua cette année là sur la plage de Tate Hill, Bram Stoker changea le nom du bateau et le renomma Déméter du nom de la mère de l'agriculture dans la religion grecque antique et d'une certaine manière, la représentante de la fertilité liée à l'abstinence sexuelle. Plutôt que de reprendre tout ou partie du roman du britannique, André Øvredal se penche donc sur l'un des thèmes les plus remarquables de l'ouvrage. Le voyage du navire au départ de la Transylvanie et à destination de Londres, en Angleterre. Mais alors que d'autres n'ont consacré qu'une part infime de leur travail sur ce sujet, le réalisateur norvégien étire le propose sur pratiquement cent-vingt minutes. Majoritairement filmé de nuit, il faut être un félin pour saisir parfois tous les détails et les actions qui se produisent à l'image. D'emblée l'on est saisit d'émerveillement dans l'accomplissement des décors créés par Edward Thomas ou par la superbe direction artistique de Wolfgang Metschan et la photographie de Roman Osin et Tom Stern. C'est bien simple : on se croirait retournés à la fin du dix-neuvième siècle. Une voix-off, celle du capitaine du Déméter (l'acteur Liam Cunningham) accompagne en toute discrétion l'intégralité du récit.


C'est en effet autour des notes qu'il a écrites durant le voyage effectué à bord du Déméter qu'est décrit le récit. Celui-ci met en scène le docteur Clemens incarné à l'écran par l'acteur afro-américain Corey Hawkins, un homme dont la culture et l'intelligence seront décrites de manière diamétralement opposée à celle de l'équipage du navire constitué d'hommes blancs, d'un enfant (Woody Norman dans le rôle de Toby) et d'une jeune clandestine prénommée Anna (l'actrice irlando-italienne Aisling Franciosi). La bienveillance dont fait preuve André Øvredal envers son personnage principal étant typique des critères actuels en matière de représentation des ''minorités'', Clemens apparaît farci de compétences que n'ont pas ses partenaires. Dans le rôle de Dracula, l'on retrouve l'acteur espagnol Javier Botet qui se fit surtout connaître lors de la terrifiante séquence finale de [●REC] de Jaume Balagueró et Paco Plaza en 2007. Grand habitué des rôles de zombies, celui-ci endosse donc le costume du plus célèbre des vampires. Mais plutôt que de le faire apparaître sous l'allure d'un vieillard aux cheveux blancs comme cela était le cas dans l'ouvrage de référence, André Øvredal préfère lui offrir l'apparence d'une créature hideuse plus proche du Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau ou de son homologue Werner Herzog (le remake Nosferatu: Phantom der Nacht de 1979) que celui du Dracula que réalisa Francis Ford Coppola en 1992. Bien que l'idée de concentrer la quasi totalité de l'intrigue à bord du navire à destination de Londres soit quelque peu... innovante, le résultat est malheureusement en deçà des espérances. Trop long, trop bavard, Le dernier voyage du Demeter est surtout, très classiques. Alors qu'en l'espace de quelques courtes séquences Friedrich Wilhelm Murnau était parvenu un siècle plus tôt à rendre ce passage emblématique du roman absolument terrifiant (bien que l’œuvre fut tournée en noir et blanc et en version muette), dans le cas du dernier voyage du Demeter, on s'ennuie le plus clair du temps à patienter jusqu'à ce qu'apparaisse à l'image le fameux vampire. Il n'en demeure pas moins qu'esthétiquement le film soit parfois remarquable, surtout lors de certaines séquences nocturnes et embrumées. Une alternative malgré tout intéressante du mythe de Dracula qui n'égale ni ne surpasse malheureusement pas nos attentes...

 

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