T'en souviens-tu l'ami,
lorsque en 2001, un sordide fait-divers porta le contenu de ton
estomac jusqu'à l'orée de tes lèvres ? Allemagne, terre
d'accueil où l'on exploite un accent à couper au couteau et d'où
émergent parfois des individus tellement barrés que beaucoup ne
peuvent les concevoir qu'à partir de faits relevant de la fiction et
non de la réalité. Plainfield, aux États-Unis, eut son Ed Gein,
tueur totalement déséquilibré, lequel tua à deux reprises. Des
femmes bien portantes qu'il dépeça et éviscéra avant de se
fabriquer une tunique en peau humaine. Sans oublier la trentaine de
cadavres féminins qu'il alla déterrer dans divers cimetières de la
région afin de fabriquer et ainsi donc se constituer la plus étrange
collection de bibelots de toutes l'histoire de l'humanité. Des
cinéastes, forcément, allaient s'emparer de l'affaire et pas des
moindres. Il faudra à l'Allemagne, près d'un demi-siècle pour
pondre l'un de ces dégénérés qui n'a aucun équivalant dans le
règne animal. À dire vrai, on pourrait remonter bien plus loin que
pour l'affaire du Boucher de Plainfield,
jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle qui vit éclore deux des
pires et des plus célèbres monstres germaniques que la nature
humaine est seule capable d'engendrer. J'en vois certains qui
lorgnent du côté d'un fameux moustachu qui s'appropria une croix
crochetée vieille de sept-mille ans pour en faire le symbole de la
haine ! Mais non, nous parlons ici plutôt du
Boucher de Hanovre
Fritz Haarmann et du Vampire
de Düsseldorf Peter
Kürten sur les biographies desquels je vous conseille de vous
pencher. Mais revenons à cette affaire datant d'il y a maintenant un
peu plus de deux décennies. Imaginez-vous avoir un ami dont la mère
fut castratrice. Prenant un malin plaisir à l'humilier en public.
Imaginez maintenant que le dit ami ait développé une passion pour
le sadomasochisme, la torture et l'anthropophagie.....
En
apprenant le pedigree du bonhomme, oseriez-vous vous laisser enfermer
avec lui dans son manoir ne serait-ce qu'une nuit ? À la
disparition de ses deux parents, Armin Meiwes développe de drôles
de fantasmes dont celui de manger l'un de ses congénères. Pourquoi
pas, me direz-vous. Toute passion se doit d'être respectée et
l'amour pour la bonne chair en particulier. Bref, le bonhomme passe à
de nombreuses reprises une petite annonce dans laquelle il espère
trouver un homme qui acceptera de se laisser manger par lui !!!
Ça ne s'invente pas ! Et devinez quoi : cette démarche on
ne peut plus sinistre va donner des résultats. Bernd Jürgen Armando
Brandes se présente devant la porte du manoir d'Armin Meiwes situé
à Rotenburg. Pour le reste, je vous invite une nouvelle fois à
effectuer les recherches adéquates qui vous permettront d'en savoir
davantage sur ce spectaculaire et sanguinaire fait-divers qui se
déroula donc au début du nouveau millénaire. Depuis maintenant
trois jours, le DVD de Feed Me
est devenu disponible à l'achat. De quoi se faire sa propre opinion
sur ce qui s'apparente à une très alléchante promesse en matière
de cinéma d'horreur. Écrit et réalisé par Richard Oakes et Adam
Leader, Feed Me
ne se laisse que très tardivement apprivoiser. Il faut dire que les
errances psychologiques de l'un des deux protagonistes principaux
rencontrant ponctuellement le fantôme de son épouse très récemment
découverte par la police pourrissant dans son lit ont de quoi
questionner. D'autant plus que leur redondance sert
manifestement de remplissage dont l'avide consommateur d'hémoglobine
n'aura cure. Et effectivement : on s'en cogne qu'il ait perdu sa
femme. Et par prolongement, on s'en tape de ces futiles conversations
qui viennent nous briser les c...... et heurter le rythme d'une œuvre
qui se veut aussi bien comédie que film d'horreur.
Et c'est vrai que le ton
est parfois bon enfant. Lionel Flack (l'acteur Neal Ward) et sa
perruque infuse au récit un ton proche de la parodie horrifique.
Pourtant, si l'on prend un instant, même très court, pour réfléchir
à la situation qui se déroule devant nos yeux, à priori, les
raisons de rires devraient être absentes. Perte d'un être cher,
désir de suicide, pour au final en venir à l'un des actes les plus
monstrueux qui soient. Feed Me
ne respecte pas scrupuleusement le fait-divers dont il s'inspire.
Cependant, les actes auxquels l'on assiste sont suffisamment
équivoques pour créer un lien entre le réel et la fiction. Parfois
amusant mais aussi et surtout, très glauque, les deux
réalisateurs/scénaristes ne nous épargnent absolument rien. À
commencer par des décors comme aucune publicité consacrée à
n'importe quel détergeant n'oserait rêver. Murs recouverts d'une
épaisse couche de graisses. Déjections de toutes sortes. Matières
organiques accumulées aux jointures du lavabo. Baignoire cradingue,
cuisine et autres pièces communes grouillant d'immondices. Le chef
décorateur s'en est donné à cœur joie et ça se voit. Un décorum
morbide pour des actes qui de leur côté n'ont rien à envier au
sordide de l'environnement. Le pauvre Jed Freeman (Christopher
Mulvin) va en baver. On commence par un doigt et ça se termine en
chaise roulante les deux jambes amputées. Il y a bien quelques
personnages secondaires mais au fond, tout ceci reste très basique.
Les amateurs de gore et d'ambiance poisseuse seront aux anges. Quant
à ceux qui aiment d'abord les comédies ou qui ont l'estomac
fragile, ils finiront sans doute la tête penchée au dessus des
gogues à vomir l’entièreté du contenu de leur estomac. Après,
chacun est en droit de se faire sa propre opinion. En cherchant bien,
on pourra même parfois trouver le film poignant. Surtout durant
cette séquence finale lors de laquelle sont décrites l'effroyable
existence et l'incurable folie dont est la proie Lionel. Un dernier
conseil : bannissez la désastreuse version française et
préférez l'originale...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire