Nous partons faire un
court voyage jusqu'en Indonésie où se situe l'action de Suzzanna:
Bernapas dalam Kubur
qui à l'échelle internationale est sorti sous le titre Suzzanna:
Buried Alive.
Réalisé conjointement par les ultra-prolifiques Rocky Soraya et
Anggy Umbara, le long-métrage se déroule dans une petite localité
indonésienne entre une usine gérée par Satria (Herjunot Ali) et la
luxueuse demeure qui les abrite lui et son épouse Suzzanna
(l'actrice Luna Maya). D'une durée dépassant de peu les cent-vingt
minutes et disponible sur la plate-forme Netflix
depuis maintenant quatre ans, le film mêle les genres avec
allégresse. C'est ainsi que Suzzanna: Bernapas
dalam Kubur
démarre comme une œuvre romantique fleurant bon le Soap
Opera,
avec ce couple qui attend son premier enfant. Mais la vie de ce riche
couple n'est pas de tout repos. Surtout pour le mari qui dans
l'entreprise qu'il dirige est régulièrement confronté à plusieurs
de ses employés qui lui réclament constamment des augmentations de
salaire. Et parmi eux, Dudun (Alex Abbad) et Jonal (Verdi Solaiman)
qui aux côtés de Umar (Teuku Rifnu Wikana) et Gino (Kiki Narendra)
vont mettre au point un stratagème afin d'obtenir l'argent que leur
patron refuse de leur octroyer. Les quatre hommes vont profiter de
l'absence de Satria pour s'introduire de nuit dans la demeure du
couple afin de leur dérober des effets personnels de valeur pour les
revendre et ainsi gagner de l'argent. Mais alors que Suzzanna et ses
employés sont absents ce soir là puisqu'ils ont choisi de se rendre
à la projection d'un film au cinéma, la propriétaire se sentant
mal durant la séance, elle décide de rentrer seule chez elle.
Suzzanna tombe sur les quatre hommes qui la tuent
''accidentellement''. Dès lors, Jonal, Dudun et les autres vont être
confrontés à une créature démoniaque qui s'en prendra à chacun
d'eux jusqu'à ce que justice soit faite. Le long-métrage de Rocky
Soraya et Anggy Umbara est le remake de Sundel
Bolong,
une œuvre réalisée en 1981 par le réalisateur Sisworo Gautama
Putra. Un nom dont la définition signifie approximativement
''prostituée
trouée''.
Un terme qui revient sans cesse durant le récit puisque au delà de
son étonnante signification, le Sundel
Bolong
fait partie intégrante de la mythologie indonésienne.
Le duo de réalisateurs enlaidit l'actrice Luna Maya en l'affublant d'une invraisemblable prothèse nasale...
Il
s'agit selon une légende venant plus précisément de l'île de
Java, d'un fantôme portant de longs cheveux et d'une robe blanche.
Suzzanna: Bernapas dalam Kubur
reprend donc cette thématique en précisant même que le fantôme en
question est celui d'une femme décédée alors qu'elle était
enceinte. La Suzzanna du film prend plusieurs formes. Il y a donc
celle qui est enterrée à la hâte par ses quatre agresseurs, celle
qui apparaît ensuite comme tout à fait normale aux yeux de ses
concitoyens et enfin, la dernière qui se présente sous les traits
du Sundel Bolong.
Une Suzzanna au dos perforé montrant une colonne vertébrale
sanguinolente, aux yeux cernés de noir, au teint blafard et au rire
sardonique. Tout commence donc sous les allures d'une comédie
romantique kitsch et puérile s'étendant sur une bonne demi-heure.
L'on y découvre le contexte social entremêlant la vie riche et
insouciante de Suzzanna et la dure existence des ouvriers travaillant
pour son époux Satria. Sur un ton humoristique qui dépasse de loin
ce que l'on attend d'un pur film d'horreur l'on assiste aux pitreries
des trois domestiques du couple. Mia (Asri Welas), Pak Rojali (Opie
Kumis) et surtout l'acteur Ence Bagus qui dans le rôle de Tohir se
voit affublé d'une prothèse dentaire qui arrache invariablement des
rires chaque fois qu'il apparaît à l'écran. D'une manière
générale, le film est traité sous une forme relativement légère
même si certaines séquences se montrent réellement sinistres. On
pense notamment à celle consistant à enterrer Suzzanna alors
qu'elle gémit au fond de son trou. D'autres passages s'avèrent
plutôt intéressants. Comme celui montrant l'acharnement du Sundel
Bolong envers
sa première victime. Mais d'une manière générale, Suzzanna:
Bernapas dalam Kubur
évoque bien ses origines et la manière si particulière qu'ont les
cinéastes indonésiens d'aborder le cinéma fantastique. Entre
humour, horreur, gore (quelques petites séquences bien crades
viennent en effet émailler le récit) et love story, Suzzanna:
Bernapas dalam Kubur
mérite malgré tout mieux que les mauvaises critiques dont il fut
l'objet. Un film d'épouvante dépaysant, certes un peu ringard,
voire crispant (les rires continus du Sundel
Bolong finissent
par être agaçants) mais parfois amusant, ténébreux et d'une
manière générale divertissant malgré son importante durée...
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