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lundi 28 août 2023

Suzzanna: Bernapas dalam Kubur de Rocky Soraya et Anggy Umbara (2018) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Nous partons faire un court voyage jusqu'en Indonésie où se situe l'action de Suzzanna: Bernapas dalam Kubur qui à l'échelle internationale est sorti sous le titre Suzzanna: Buried Alive. Réalisé conjointement par les ultra-prolifiques Rocky Soraya et Anggy Umbara, le long-métrage se déroule dans une petite localité indonésienne entre une usine gérée par Satria (Herjunot Ali) et la luxueuse demeure qui les abrite lui et son épouse Suzzanna (l'actrice Luna Maya). D'une durée dépassant de peu les cent-vingt minutes et disponible sur la plate-forme Netflix depuis maintenant quatre ans, le film mêle les genres avec allégresse. C'est ainsi que Suzzanna: Bernapas dalam Kubur démarre comme une œuvre romantique fleurant bon le Soap Opera, avec ce couple qui attend son premier enfant. Mais la vie de ce riche couple n'est pas de tout repos. Surtout pour le mari qui dans l'entreprise qu'il dirige est régulièrement confronté à plusieurs de ses employés qui lui réclament constamment des augmentations de salaire. Et parmi eux, Dudun (Alex Abbad) et Jonal (Verdi Solaiman) qui aux côtés de Umar (Teuku Rifnu Wikana) et Gino (Kiki Narendra) vont mettre au point un stratagème afin d'obtenir l'argent que leur patron refuse de leur octroyer. Les quatre hommes vont profiter de l'absence de Satria pour s'introduire de nuit dans la demeure du couple afin de leur dérober des effets personnels de valeur pour les revendre et ainsi gagner de l'argent. Mais alors que Suzzanna et ses employés sont absents ce soir là puisqu'ils ont choisi de se rendre à la projection d'un film au cinéma, la propriétaire se sentant mal durant la séance, elle décide de rentrer seule chez elle. Suzzanna tombe sur les quatre hommes qui la tuent ''accidentellement''. Dès lors, Jonal, Dudun et les autres vont être confrontés à une créature démoniaque qui s'en prendra à chacun d'eux jusqu'à ce que justice soit faite. Le long-métrage de Rocky Soraya et Anggy Umbara est le remake de Sundel Bolong, une œuvre réalisée en 1981 par le réalisateur Sisworo Gautama Putra. Un nom dont la définition signifie approximativement ''prostituée trouée''. Un terme qui revient sans cesse durant le récit puisque au delà de son étonnante signification, le Sundel Bolong fait partie intégrante de la mythologie indonésienne.



Le duo de réalisateurs enlaidit l'actrice Luna Maya en l'affublant d'une invraisemblable prothèse nasale...



Il s'agit selon une légende venant plus précisément de l'île de Java, d'un fantôme portant de longs cheveux et d'une robe blanche. Suzzanna: Bernapas dalam Kubur reprend donc cette thématique en précisant même que le fantôme en question est celui d'une femme décédée alors qu'elle était enceinte. La Suzzanna du film prend plusieurs formes. Il y a donc celle qui est enterrée à la hâte par ses quatre agresseurs, celle qui apparaît ensuite comme tout à fait normale aux yeux de ses concitoyens et enfin, la dernière qui se présente sous les traits du Sundel Bolong. Une Suzzanna au dos perforé montrant une colonne vertébrale sanguinolente, aux yeux cernés de noir, au teint blafard et au rire sardonique. Tout commence donc sous les allures d'une comédie romantique kitsch et puérile s'étendant sur une bonne demi-heure. L'on y découvre le contexte social entremêlant la vie riche et insouciante de Suzzanna et la dure existence des ouvriers travaillant pour son époux Satria. Sur un ton humoristique qui dépasse de loin ce que l'on attend d'un pur film d'horreur l'on assiste aux pitreries des trois domestiques du couple. Mia (Asri Welas), Pak Rojali (Opie Kumis) et surtout l'acteur Ence Bagus qui dans le rôle de Tohir se voit affublé d'une prothèse dentaire qui arrache invariablement des rires chaque fois qu'il apparaît à l'écran. D'une manière générale, le film est traité sous une forme relativement légère même si certaines séquences se montrent réellement sinistres. On pense notamment à celle consistant à enterrer Suzzanna alors qu'elle gémit au fond de son trou. D'autres passages s'avèrent plutôt intéressants. Comme celui montrant l'acharnement du Sundel Bolong envers sa première victime. Mais d'une manière générale, Suzzanna: Bernapas dalam Kubur évoque bien ses origines et la manière si particulière qu'ont les cinéastes indonésiens d'aborder le cinéma fantastique. Entre humour, horreur, gore (quelques petites séquences bien crades viennent en effet émailler le récit) et love story, Suzzanna: Bernapas dalam Kubur mérite malgré tout mieux que les mauvaises critiques dont il fut l'objet. Un film d'épouvante dépaysant, certes un peu ringard, voire crispant (les rires continus du Sundel Bolong finissent par être agaçants) mais parfois amusant, ténébreux et d'une manière générale divertissant malgré son importante durée...

 

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