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mardi 22 août 2023

Cycle - la peur du nucléaire : The War Game de Peter Watkins (1965) - ★★★★★★★★★☆




Nous débutons ce cycle consacré à l'hypothèse d'attaques nucléaires à l'échelle mondiale ou nationale avec le documentaire de Peter Watkins, The War Game ou, La bombe. Un moyen-métrage d'un peu moins de cinquante minutes, en noir et blanc et situant le début de son action sur le territoire britannique le vendredi 16 septembre 1966. Ce jour-là, l'état d'urgence est déclaré car l'Union Soviétique menace de faire usage de la bombe atomique si jamais les États-Unis choisissent de ne pas revenir sur leur décision consistant à faire usage de l'arme nucléaire sur le territoire vietnamien afin d'en déloger l'envahisseur chinois. Dès lors est organisée l'évacuation d'une partie de la population de certains points supposés stratégiques par un comité d'urgences et de conseillers qui prévoient le déplacement de plusieurs dizaines de milliers de femmes, d'enfants et d'infirmes qui seront relogés en lieu sûr. The War Game détaille point par point sous forme de docu-fiction la marche à suivre en cas d'attaque ainsi que les conséquences d'une guerre nucléaire engagée entre diverses nations. Sur un ton froid et monocorde et une image en noir et blanc débarrassée de toutes fioritures, Peter Watkins réalise une œuvre glaçante puisque réaliste. Dans un contexte social difficile (''Les préjugés raciaux et sociaux subsistent''. ''La pénurie de logements et d'espace est une réalité'') se pose la délicate question de la gestion de ces flux massifs qui à court ou moyen terme devrait voir la migration de millions de personnes. À travers une rigueur exemplaire, presque militaire, le réalisateur filme des inconnus face caméra, des personnages de fiction conscients de la présence de l'objectif afin de souligner le caractère documentaire du projet. Il y a donc à travers le style visuel et le naturel avec lequel les interprètes s'agitent à l'image, un réel désir de marquer les esprits avec ce qui n'est à ce jour encore qu'une fiction. The War Game est construit de manière à respecter un certain ordre dans les opérations menées par les responsables ou même dans l'attitude des habitants qui comme dans la vie telle qu'elle est réellement, sont parfois réfractaires au maintien de l'ordre et aux nouvelles règles imposées par des situations telles que celle-ci.


Peter Watkins ne choisi pas l'angle du pur divertissement auquel se laisseront notamment aller les italiens à travers la vague de Mockbusters qu'ils réaliseront dans le courant des années quatre-vingt et parmi lesquels nous retrouvâmes en outre, Les Rats de Manhattan de Bruno Mattei, Les guerriers du Bronx de Enzo G. Castellari ou bien 2019 après la chute de New York de Sergio Martino. Des œuvres de série B souvent fauchées, mal dirigées ou interprétées et qui d'une manière générale n'ont absolument pas le ton éminemment sérieux du moyen-métrage de Peter Watkins. Ce qui ressemblait jusque là à un docu-fiction à portée éducative sur le comportement à adopter en cas de soupçon d'attaque nucléaire va malheureusement prendre par la suite un caractère beaucoup plus sombre et mortifère. Toujours sur un ton monocorde et dénué de tout affect, le narrateur incarné par le journaliste et animateur d'émissions de télévision britannique Michael Aspel égrène ensuite froidement tous les aspects d'une attaque nucléaire avec force images à l'appui. Le spectateur entre alors de plain-pied dans l'horreur d'une guerre n'épargnant personne et surtout pas ses enfants. Des images au réalisme parfois insoutenable qui font parfois oublier qu'il ne s'agit que d'une fiction, certes très efficace. Produit par la BBC, The War Game repose à l'origine sur d'authentiques drames étant notamment survenu sur les sites de Nagasaki, Hiroshima, Dresde ou Darmstadt. Peter Watkins brouille si bien les cartes que l'on ne sait plus ce qui tient du réel de ce qui figure la fiction. Les badauds ne sont-ils pas les simples témoins de leur propre ignorance lors des micro-trottoirs directement menés par le réalisateur lui-même ou bien participent-ils directement à cette grande œuvre pourtant relativement courte mais qui marque profondément les esprits ? Le futur auteur de Punishment Park (1970) prouve d'emblée avec The War Game qu'il est l'un des grands spécialistes du docu-fiction. Une œuvre, réaliste, complète et qui fait froid dans le dos. Culte !

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