En dehors de son aspect
communautaire, des liens qui rattachent les habitants qui vivent dans
la petite ville où se situe l'action ou des membres d'une même
famille, rien ne laisse entrevoir ici une porte de sortie heureuse.
Jusque dans son dénouement, Le dernier Testament de
Lynne Littman transpire le désespoir et une tristesse absolue !
Pour ce second article consacré à la peur du nucléaire, le
long-métrage de Lynne Littman est déjà graphiquement bien moins
explicite que le docu-fiction de Peter Watkins The
War Game évoqué
précédemment. Un téléfilm qui malgré son apparente simplicité
sans doute due en partie à des moyens financiers relativement bas
s'avère parfois profondément marquant. Ici, pas d'explosion
nucléaire mais des répercussions qui vont avoir un terrible impact
sur une communauté dont le nombre va se voir drastiquement réduit
au fil du récit à mesure que les uns choisiront de quitter les
lieux pour un endroit plus sûr tandis que les autres attendront
patiemment que la mort vienne s'emparer d'eux. Car avec Le
dernier Testament,
les chances de survie semblent minimes. Ça n'est donc pas au cœur
d'une saine expérience de vie que nous entraîne le réalisateur
mais plutôt vers celle d'une mort programmée et inéluctable.
Carol, son époux Tom et leurs trois enfants Brad, Marie Liz et
Scottie n'ont ici rien à attendre des prêches du curé, de leurs
amis ou pire, des autorités ou de l'armée qui ne surgiront jamais à
l'écran. Une ville laissée à l'abandon, isolée du reste du
territoire américain dont on ne saura rien du sort qui lui a été
accordé. Plus de télévision et donc, plus d'informations. Tout
juste le plus vieil homme du quartier entretient-il des rapports par
radio avec des individus d'autres communautés. Du moins, jusqu'à ce
que ceux-ci fassent silence, signe qu'ils ont à leur tour été
terrassés par cette mort invisible que l'on connaît sous le nom de
radiations ! Le dernier Testament date
de 1983 et s'intéresse donc en priorité aux membres de la famille
Wetherly dont le père disparaîtra rapidement des radars. C'est donc
son épouse qui désormais devra veiller à ce que ses enfants
supportent leur nouvelle condition de survivants de l'apocalypse. Les
origines du mal ? Personne ne les connaît et ne les connaîtra
de toute manière. L'essentiel est de survivre même si les chances
sont maigres.
Il
faudra attendre moins de vingt minutes de long-métrage pour que
l'état d'urgence soit déclaré, pour que Tom disparaisse
(Réapparaîtra-t-il en cours de récit ? C'est l'une des
questions que se posera logiquement le spectateur) et que les
premiers stigmates de la catastrophe apparaissent au sein du paysage.
Une lumière intense, des habitants non préparés qui hurlent de
douleur et puis, les premiers symptômes. Douleurs, vomissements,
hémorragies, jusqu'à ce que la mort survienne ensuite. Des
dizaines, des centaines et bientôt, un millier de morts. Tchernobyl
n'a pas encore eu lieu et pourtant, certaines de ses cicatrices bien
connues comme la fameuse forêt brune apparaissent déjà ici. Les
arbres qui longent les trottoirs brunissent à vitesse grand V. Les
habitations se vident, les propriétaires abandonnent leur voiture un
peu partout en ville. De toute manière, l'essence s'y fait rare
avant de disparaître totalement. Non, vraiment, il ne fait pas bon
vivre ici et Lynne Littman le sait bien et l'a presque parfaitement
retranscrit à l'image. Presque car l'on pouvait espérer une image
moins léchée et des retombées radioactives visuellement nettement
plus marquantes. Pourtant, ces quelques absences n'empêcheront pas
Le dernier Testament
d'être
terriblement pessimiste. Parmi les personnages principaux, certains
n'auront pas la chance de subsister. La conclusion elle-même tendra
à faire comprendre qu'aucun des habitants n'aura d'ailleurs la
chance de survivre à ceux qui sont déjà partis. Émouvant à plus
d'un titre, le long-métrage de Lynne
Littman bénéficie surtout de la présence à l'image de Jane
Alexander dans le rôle de Carol ainsi que de Ross Harris, Roxana Zal
ou encore Lukas Haas (le gamin de l'excellent Witness)
dans le rôle de ses trois enfants et moins celle de William Devane
qui n'apparaîtra que durant les vingt premières minutes ou Kevin
Kostner dont le personnage décidera de rapidement quitter la ville
en compagnie de sa fiancée après que leur bébé ait perdu la vie
en raison des radiations. James Horner compose une bande musicale
douce, belle et sensible tandis que le réalisateur ajoute au récit
quelques ''images volées'' au format super 8 d'une famille qui
jusque là était heureuse. Sous des atours esthétiques assez
décevants, Le dernier Testament
n'en
délivre pas moins un message tout à fait bouleversant... C'est beau
et tragique à la fois...
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