Si l'on devine assez
rapidement que la traduction anglaise du dernier long-métrage du
réalisateur taïwanais Lin Chun Yang ne correspond pas réellement
au titre original, The Eye of the Storm
est une projection pourtant assez juste du contenu de cette œuvre
catastrophiste disponible sur la plate-forme de streaming Netflix.
Car c'est bien au cœur d'une tourmente que l'action se situe. Dans
un hôpital taïwanais où officient nombres de médecins, infirmiers
et divers autres employés chargés de s'occuper des nombreux
patients qui au quotidien se présentent à l'accueil ou sont
directement pris en charge au service des urgences. Durant presque
deux heures, Lin Chun Yang rend hommage à celles et ceux qui se
sont sacrifiés voilà vingt ans lors de l'épidémie de SRAS
qui eut lieu entre 2002 et 2004. Si l'on a rarement évoqué ce drame
lors de la récente pandémie de COVID-19,
l'épidémie de SRAS
n'en a pas moins emporté dans la mort à travers le monde, plus de
neuf cent hommes, femmes et enfants sur les huit mille qui furent
infectés par le
coronavirus SARS-CoV.
L'action se situe dans un hôpital taïwanais au départ d'une
pandémie dont les origines ne sont pas encore tout à fait connues.
L'hypothèse de cas de SRAS
est pourtant rapidement évoquée et certains signes laissent
entendre qu'il s'agit bien de ce virus qui semble avoir déjà fait
des victimes dans d'autres régions. C'est dans ce contexte
particulièrement angoissant que plusieurs médecins, un journaliste,
un chauffeur de taxi et une jeune enfant venue retrouver sa mère à
l'hôpital vont tenter de comprendre et de survivre à ce drame. On
l'aura rapidement compris, Lin Chun Yang ne cherche absolument pas à
s'inspirer d'un authentique fait-divers en transformant ses victimes
en dangereux infectés agités de soubresauts s'attaquant à leurs
congénères mais cherche plutôt le réalisme en montrant les
difficultés rencontrées par des femmes et des hommes lors d'une
situation pratiquement inextricable. Surtout, s'y expriment divers
comportements.
Entre
la lâcheté de certaines infirmières et subalternes qui préfèrent
s'enfermer dans un local en attendant que l'alerte soit passée et le
courage des médecins faisant fi des risques encourus et même de ce
chauffeur de taxi ('acteur Cheung Wing-Jing) qui malgré tout aura
l'audace de se laisser enfermer lors du confinement afin d'apporter
son aide à cette petite fille perdue qui cherche à rejoindre sa
maman. N'espérez donc pas assister à une alternative nippone de
[REC]
des espagnols Paco Plaza et Jaume Balagueró ou de 28
jours plus tard de
Danny Boyle. Ici, tout est fait pour relater des événements
authentiques. Au risque même de plonger parfois l'intrigue dans une
relative léthargie. Si le film n'a connu aucune sortie officielle
sur le territoire hexagonal ni même à l'échelle mondiale, il fit
l'ouverture du Golden Horse Fantastic Film Festival de Taipei
(capitale de Taïwan) le 7 avril 2023, sorti dans son pays d'origine
le 14 avril 2023 et fut récemment mis à disposition des abonnés de
Netflix
dès le 15 août de cette même année. Si quelques comportements
parmi les personnages semblent malheureusement inappropriés, celui
du journaliste l'est lui-même, ce qui s'avère être par contre une
bonne chose plutôt que de montrer systématiquement la profession
sous le pire des angles. Dans le cas de The Eye
of the Storm,
notre ''professionnel de l'information'' va aider le véritable héros
de cette histoire pleine de bons sentiments dont on applaudira
certains aspects hautement réalistes (les interventions
chirurgicales) et moins l'épilogue se résolvant de manière quelque
peu abrupte. Au final, le long-métrage de Lin Chun Yang est tout
autant un sympathique témoignage et un bel hommage à des femmes et
des hommes qui sacrifièrent leur vie pour la survie des autres...
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