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samedi 15 juillet 2023

L'horrible Docteur Orloff (Gritos en la Noche) de Jesús Franco (1962) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Avant d'évoquer la toute première aventure du Docteur Orloff, évoquons donc cette franchise relativement bordélique à laquelle les complétistes névrosés rattacheront quelques œuvres qui n'ont de rapport avec elle que la simple évocation du personnage. Tout commence en 1962 avec Gritos en la Noche du réalisateur espagnol Jesús Franco. Un titre qui n'évoque pas d'emblée la présence du médecin en question. Il faudra donc tout d'abord pour cela, se tourner vers le titre français, L'horrible Docteur Orloff. Trois ans plus tard, Jesús Franco reprend le personnage et l'intègre cette fois-ci au titre original puisque ce long-métrage datant de 1965 s’intitule El Secreto del Dr. Orloff. La version française, elle, fait tout le contraire de ce qu'on lui demande et reprend le patronyme beaucoup plus célèbre d'un autre médecin rencontré dans le cinéma d'épouvante à maintes reprises en la personne du... Docteur Jekyll ! Ça s'appelle Les Maîtresses du docteur Jekyll et devinez quoi ? Pas la moindre trace du Docteur Orloff autrement que cité à plusieurs reprises. Quant au Docteur Jekyll à proprement parler, le prénom Henry du roman L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson disparaît au profit de... Conrad ! 1967. Jesús Franco abandonne un temps son ''iconique'' personnage et laisse le champ libre à son compatriote, le réalisateur espagnol Santos Alcocer, lequel réembauche à cette occasion l'acteur Howard Vernon qui interprétait en 1962 le rôle titre. Plus confus encore lorsque l'on détaille le film dans la chronologie du mythe, le titre original de ce troisième long-métrage est El Enigma del Ataúd (titre se désignant littéralement sous la traduction de ''L'énigme du cercueil''). Et si Howard Vernon y apparaît à nouveau dans le rôle principal, c'est sous le nom de Dam Gaillimh !


Une œuvre qui a priori n'a rien à faire dans la franchise si ce n'est son titre français qui opportunément renvoie toujours au même personnage : Les orgies du docteur Orloff. En 1970, le réalisateur français originaire du Calvados Pierre Chevalier semble vouloir remettre les pendules à l'heure puisqu'il réalise à son tour un long-métrage autour du personnage du Docteur Orloff. Au choix, deux titres : Orloff et l'homme invisible ou La vie amoureuse de l'homme invisible. Une fois encore, c'est l'acteur Howard Vernon qui reprend le rôle dont le véritable nom est cette fois-ci respecté. Tout se gâte encore davantage en 1972 lorsque Jesús Franco ose reprendre l'un des personnages emblématiques révélé sur grand écran par l'un des maîtres de l'expressionnisme allemand, Fritz Lang : Le Docteur Mabuse. Créé par l'écrivain luxembourgeois Norbert Jacques et publié sous forme de roman en 1921 sous le titre de Dr. Mabuse, der Spieler (Docteur Mabuse le joueur). Comme si les choses n'étaient pas suffisamment compliquées... Un personnage qui fut donc sublimé par l'auteur, entre autres chefs-d’œuvre, de Metropolis,M le Maudit ou encore Fury. Un individu dont se sont d'ailleurs également emparés par la suite d'autres cinéastes parmi lesquels Werner Klingler (Das Testament des Docktor Mabuse, en 1962), Claude Chabrol Docteur M, 1990) et donc, Jesús Franco en 1972 avec La Venganza del Doctor Mabuse (La Vengeance du Docteur Mabuse). Dans ce film, les deux Docteurs s'affrontent. Mabuse est incarné par Jack Taylor et Orloff, cette fois-ci par Siegfried Lowitz. Bon, nous évoquerons les cinq autres longs-métrages dans un prochain article puisque l'essentiel est pour l'instant d'évoquer l’œuvre séminale...


Comme l'officialisera Jesús Franco quatorze ans plus tard à travers sa version de Jack L'éventreur intitulée Jack the Ripper – Der Dirnenmörder von London, il est dès 1962, difficile de ne pas voir un lien entre le plus célèbre des tueurs en séries ayant réellement existé et le Docteur Orloff, ce personnage de fiction imaginé par l'un des réalisateurs les plus prolifiques du cinéma espagnol avec pas moins de deux-cent sept œuvres dont une grande majorité de longs-métrages. Sous divers pseudos, Jesús Franco a participé à la gigantesque élaboration du cinéma d'horreur et d'épouvante en signant des longs-métrages qui ne sont malheureusement pas demeurés dans les mémoires pour leurs qualités artistiques mais plutôt pour leur désœuvrement à tout point de vue ! Mais nous pouvons respirer un grand coup puisque L'horrible Docteur Orloff n'est pas le pire de tous et peut même se vanter d'être très recommandable pour quiconque désirerait découvrir le cinéma de cet artisan du cinéma bis (voire Z) espagnol et se faire la main sur l'une de ses créations. La source d'inspiration la plus évidente du réalisateur espagnol est ici l'un des classiques du cinéma fantastique français sorti seulement deux ans avant L'horrible Docteur Orloff. Il s'agit des Yeux sans visage de Georges Franju dont Jesús Franco reprend la trame de base puisque dans ce dernier, un chirurgien tentait de greffer la peau du visage de jeunes femmes sur celui de sa propre fille défigurée à la suite d'un accident de voiture. Dans le cas de L'horrible Docteur Orloff, Jesús Franco invoque un docteur ayant apparemment perdu tout ou partie de la raison après que sa fille ait été atrocement brûlée dans l'incendie de son laboratoire. La particularité du personnage de Melissa, la fille du Docteur Orloff, est que la jeune femme est incarnée par l'actrice Diana Lorys. Cette même Diana Lorys qui endosse également le rôle de Wanda Bronsky, la compagne de l'inspecteur Tanner (l'acteur Conrado San Martin) qui enquête sur plusieurs disparitions de femmes... Filmé en noir et blanc, le film bénéficie d'un travail sonore tantôt méticuleux, tantôt désarmant de naïveté. Entre mélodies moog poussiéreuses et expérimentations sonores, la bande musicale paraît parfois étonnamment novatrice pour l'époque. Côté ambiance, le spectateur sera servi par quelques séquences nocturnes situées dans des ruelles mal éclairées rappelant les coins les plus malfamés du Whitechapel où sévit Jack l'éventreur à la fin du dix-neuvième siècle. Sans être un chef-d’œuvre, L'horrible Docteur Orloff est une entrée en matière dans la carrière du réalisateur espagnol parmi les plus recommandables...

 

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