Dans l'article consacré
à Gritos en la Noche, j'évoquais le fait que dans le
deuxième volet de la franchise dédié à ce sinistre personnage
qu'est le docteur Orloff, celui-ci n'y apparaissait pas. Ce qui en
soit est une erreur puisque le véritable héros de cette nouvelle
aventure toujours réalisée par l'espagnol Jesús Franco sous le
pseudonyme de Jess Franck l'y croise dès les premiers instants.
Souffrant et alité dans l'attente de son dernier souffle, le docteur
Orloff offre au docteur Conrad Jekyll (l'acteur Marcelo
Arroita-Jáuregui) le résultat de ses recherches concernant une
étude sur l'hypnose. Un concept reposant sur l'utilisation des
ultra-sons... Tiens, tiens.... Mais ne serait-ce pas le sujet invoqué
un demi-siècle plus tard par le réalisateur et scénariste suédois
de l'excellent LFO,
Antonio Tublén ? Toujours est-il que dans ces Maîtresses
du docteur Jekyll
dont le titre français est éminemment racoleur (l'original, El
Secreto del Dr. Orloff,
ne l'étant pas moins puisqu'il laisse supposer la présence
persistante de ce dernier dans le récit), le Docteur Jekyll va se
servir du fruit des recherches de son homologue une fois décédé à
des fins très particulières : en effet, persuadé que son
épouse l'a trompé avec son propre frère, le Docteur Jekyll a
assassiné ce dernier. Ici, l'objet de l'hypnose n'est pas tout à
fait exact puisque si le célèbre scientifique parviendra à ses
fins, le procédé semble plus proche du phénomène de
''zombification''. Mais rien à voir ou presque avec ces créatures
que l'on voit sortir de leur tombe ou se réveiller dans la chambre
froide d'une morgue, le teint pâle ou bleuté et les stigmates de la
mort marquant leur visage ainsi que leur corps dans leur ensemble
Non, Les
Maîtresses du docteur Jekyll évoque
tout d'abord ces affaires proprement hallucinantes concernant en
particulier l'île d'Haïti et lors desquelles des individus sont
drogués, tombant ainsi dans un état proche de la mort. Déclarés
décédés, ils sont alors comme toute personne qui se respecte, mis
en terre. Plusieurs heures après la cérémonie d'enterrement,
l'homme qui les drogua vient alors les déterrer et exerce sur eux
une véritable emprise cultivée par l'emploi régulier de drogues
lui permettant ainsi de les manipuler à sa guise. C'est donc sur ce
concept que repose Les
Maîtresses du docteur Jekyll
dans lequel, effectivement, le Docteur Jekyll emploie le résultat
des recherches effectuées par Orloff afin de ramener à la vie son
frère Andros (l'acteur Hugo Blanco)...
Débarque
alors comme dans tout long-métrage du genre qui se respecte une
jeune femme proche du héros (cas habituellement relaté dans le
mythe de Frankenstein) dont la présence va contrecarrer les plans de
celui-ci. Dans le cas présent, il s'agit de la nièce du docteur
Jekyll, Melissa (qu'interprète l'actrice Agnès Spaak). Un prénom
auquel le réalisateur espagnol semble très attaché puisque ce fut
déjà celui de la fille au visage brûlé du docteur Orloff dans
Gritos en la Noche.
Si Melissa est la nièce de Jekyll, c'est qu'elle est donc la fille
de son frère Andros. Débarque alors avec un certain retard
l'inspecteur Klein (Pastor Serrador), lequel est chargé de l'enquête
sur la mort de plusieurs danseuses, toutes étranglées des mains
d'Andros ainsi ''zombifié''. L'on découvrira bientôt que le
docteur Jekyll est prêt à tout pour obtenir vengeance ! Bon,
on l'aura compris, ça n'est pas pour les ''beaux yeux'' du docteur
Orloff qu'il sera avisé de découvrir ces Maîtresses
du docteur Jekyll.
Quelques meurtres et paires de nichons plus tard, le constat est des
plus désabusé : cette seconde incartade dans l'univers du
Docteur Orloff dont la présence à l'écran n'atteindra même pas
les deux minutes est relativement navrante. Non pas que sous l'un de
ses nombreux pseudonymes Jesús Franco ait encore atteint le degré
zéro de la série Z à laquelle il offrira de remarquables fleurons
mais il faut bien avouer que dans cette histoire de vengeance au
romantisme de pacotille (on se fiche dans les grandes largeurs de la
relation qu'entretient la jeune Melissa avec son collant de fiancé
(?) Jean Manuel qu'interprète l'acteur Pepe Rubio), rien de vraiment
passionnant ou de notable ne se dégage de l'ensemble. Filmé comme
le volet précédent en noir et blanc, Les
Maîtresses du docteur Jekyll s'avère
en fait très souvent soporifique. En dehors de quelques meurtres et
de quelques glaçantes apparitions d'Andros (comparables à celles de
Ricardo Valle qui incarnait le rôle de Morpho dans Gritos
en la Noche),
les actrices ont beau exhiber de jolies poitrines, c'est l'ennui qui
prévaut. Surtout lors de ces séquences répétitives et bien trop
longues situées dans le cabaret où ont lieu les meurtres. L'enquête
policière n'est quant à elle pas vraiment passionnante même si
elle relance quelque peu l'intérêt lors de la seconde moitié du
long-métrage. Une œuvre donc largement en deçà du premier opus...
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