Étrange long-métrage
que ce The Ghost of Sierra de Cobre tourné
en 1964 par le réalisateur et scénariste Joseph Stefano dont il
s'agissait là de l'unique long-métrage dans une carrière
majoritairement consacrée à l'écriture de scénarii et à la
production. Quelques cinéastes furent en leur temps touchés par la
grâce en étant eux-mêmes auteurs d’œuvres uniques devenues
mythiques. On pense bien évidemment à Charles Laughton et à son
The Night of the Hunter de
1955 ou à Leonard Kastle et à son The Honeymoon
Killers de
1970. Malheureusement pour lui, le long-métrage de Joseph Stefano
ne connaîtra pas le même destin car qui connaît vraiment ce petit
film de fantômes à part les fans purs et durs de fantastique et
d'épouvante axé sur les esprits et autres ectoplasmes ?
Soixante ans après sa création, c'est donc presque une découverte
que ce film mettant en scène l'acteur américain Martin Landau qui
jusque là a tourné dans de nombreux épisodes de séries télévisées
et s'apprête à entrer dans la légende du petit écran en incarnant
le personnage de Rollin Hand dans la mythique série d'espionnage
Mission impossible
entre 1966 et 1969 et plus tard en interprétant celui du commandant
John Koenig dans la série de science-fiction Cosmos
1999
en 1975 et 1976. A ses côtés, l'on retrouve les acteurs Tom Simcox,
Judith Anderson et surtout Diane Baker au cœur d'un curieux trio de
personnages. La première incarne une domestique ambiguë aux
services d'un couple d'époux, les Mandore, incarnés par les deux
autres interprètes. Diane Baker campe le rôle de Vivia, belle et
jeune épouse d'un Henry atteint de cécité depuis sa naissance,
lequel est persuadé d'être harcelé par le fantôme de sa mère
décédée et enterrée non loin de leur luxueuse demeure dans un
caveau familial. Le spectateur sera d'emblée le témoin d'événements
étranges, comme les gémissements d'une femme accentués par une
bande musicale répétitive et des apparitions ectoplasmiques qui ne
laissent aucun doute sur la présence d'une créature fantomatique en
ces lieux. Une grande propriété évaluée à plus de sept millions
de dollars. Une déclaration qui laisse ensuite supposer une
éventuelle machination tentant à faire perdre la tête à Henry
Mandore afin qu'il vende au plus offrant la demeure qu'il partage
avec son épouse Vivia...
Tourné
en noir et blanc, The Ghost of Sierra de Cobre
fut
à l'origine prévu pour être l'épisode pilote d'une série
fantastique en devenir. Mais d'après certains échos, celui-ci était
considéré comme si terrifiant que sa diffusion à la télévision
américaine fut annulée. Il aura donc fallut se déplacer jusqu'au
Pays du Soleil Levant pour pouvoir découvrir l’œuvre de Joseph
Stefano qui devint du coup légendaire au point d'inspirer par la
suite nombres de réalisateurs japonais. Une réputation qu'il est de
nos jours très aisé de considérer de galvaudée tant The
Ghost of Sierra de Cobre
semble déficient en matière d'effroi. Surtout lorsqu'on le compare
au classique de Robert Wise The
Haunting
qui vit le jour un an plus tôt ou aux traumatisants Burnt
Offerings
de Dan Curtis (1976) et The
Changeling
de Peter Medak (1980). Traduit chez nous sous le titre The
Haunted, le fantôme de la Sierra de Cobre,
le... téléfilm de Joseph Stefano semble ne pas savoir sur quel pied
danser. D'apparence car même s'il s'avère hésiter entre
fantastique et machination, il paraît évident que le réalisateur
s'emploie à semer le doute, même de la manière la plus maladroite
qui soit. Car plutôt que de maintenir le suspens quant à la
supposée présence d'un esprit sur la propriété des Mandore,
Joseph Stefano préfère sauter les pieds directement dans le plat
en ne laissant planer aucun doute à ce sujet. Le mystère, lui,
reposera sur d'autres éléments, l'objectif étant de résoudre en
priorité le désordre semé par cette entité qui s'acharne avant
tout sur la belle Vivia. Le film exploite relativement mal la demeure
des Mandore où se situe en partie l'action (partagée entre celle-ci
et la maison d'architecte de Nelson Orion qu'interprète donc Martin
Landau) et nous ''fait grâce'' de ses recoins les plus sombres et
donc, les plus anxiogènes. Quelques effets faciles (portes qui
s'ouvrent seules, mobilier tombant au sol, etc) et apparition
ectoplasmiques sont au cœur d'effets sommaires assez peu marquants
d'un point de vue visuel. On peut comprendre que The
Ghost of Sierra de Cobre
ait pu marquer certains esprits à l'époque mais de nos jours,
certainement pas. Notons le curieux montage de Anthony DiMarco qui
semble s'être parfois endormi sur sa table de travail tant certains
plans s'éternisent. The
Ghost of Sierra de Cobre
demeurera comme une curiosité dont le principal intérêt est d'y
voir évoluer l'acteur Martin Landau. Pour le reste, il s'agit d'un
film fantastique et d'épouvante mineur...
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