Peut-être suis-je en
manque de vitamines B ou de sommeil ? Ou bien ai-je pris un coup de
vieux ? Pire : il se peut même que je sois devenu
gâteux... C'est en tout cas la question que je me pose à l'issue de
cette projection qui d'emblée aurait dû me pousser à m'assoupir,
puis m'endormir pour un long, très long sommeil. À rejeter son
contenu digne des pires DTV
ou téléfilms des familles qui pullulent en milieu d'après-midi sur
le réseau hertzien et le câble. D'une suavité qui confine à
l’écœurement, lisse comme la peau d'un tout jeune enfant, l'âme
aussi pure que l'eau des glaciers islandais ou religieusement pieux,
Left Behind de
Vic Armstrong a de quoi filer des boutons aux athées et autres
agnostiques. S'infliger un truc pareil, ça peut être comme de
forcer un vampire à bouffer un aïoli maison ou offrir une gourmette
en argent à un loup-garou ! À la question : Suis-je un
bon chrétien ou un mécréant, il existe ici deux manières de
tester sa foi ou son rejet de la croyance envers Dieu. Voir Left
Behind
en version originale ou doublé dans notre langue. Si déjà, vous
supportez l'idée de le suivre avec les voix originales des
interprètes, tentez donc ensuite de le découvrir en français. Car
la seconde, d'une mièvrerie sans nom, pousse irrémédiablement à
se pencher sur la première. Une véritable atteinte à l'intégralité
mentale de celles et ceux qui continuent d'apprécier Nicolas Cage,
même lorsqu'il ose se compromettre dans d'infâmes bandes vidéos
mises directement sur le marché par la voie du DTV.
Bon, mais qu'est-ce que ça raconte ? Et quels sont les éléments
qui permettent d'affirmer que le long-métrage de Vic Armstrong n'est
qu'une vaste fumisterie propre à faire trépigner de joie les seuls
bigots pullulant sur le territoire américain ? Son synopsis :
les coutumiers de l’œuvre du romancier Stephen King n'étant pas
nés de la dernière pluie, le film possède de base cette même
saveur que le récit s'inscrivant au cœur de la nouvelle Les
langoliers
publiée en 1990 dans le recueil Four
Past Midnight.
À l'époque, Stephen King imagine un vol entre Los Angeles et Boston
lors duquel, une grande majorité des passagers disparaissaient,
laissant derrière eux, vêtements, perruques, dentiers et tout autre
objets étant étrangers à toute forme de constitution organique.
Une dizaine de ''survivants'' découvraient alors
estomaqués, qu'un phénomène d'origine inconnue avait, entre autres
''petits'' détails, effacé une grande partie de l'humanité de la
surface de notre planète...
Ici, les ambitions sont
similaires. Alors que Chloe Steele (l'actrice Cassi Thomson) promène
son jeune frère Raymie (Major Dodson) dans un centre commercial,
voici qu'un phénomène apparemment similaire s'y produit à
l'échelle mondiale, touchant principalement les enfants, mais pas
que... Dans les airs, son père Rayford (Nicolas Cage, rasé de très
près) est aux commandes d'un avion de ligne à bord duquel une
partie des passagers ne sera pas épargnée. L'ambition du projet
n'intervenant qu'après une succession de séquences d'une navrante
naïveté, l'effet de surprise meure dans l’œuf dès les premiers
instants. On sent bien que même si le réalisateur tente de nous
immerger au cœur d'un fléau planétaire, la chose sera traitée sur
un ton tout sauf mobilisateur. Plus que l'étrange phénomène, c'est
bien Dieu, la foi, les croyances et certains écrits qui sont au
centre de ce salmigondis d'inepties que prétendent de fidèles
''lecteurs'' de la Bible. On ne touche pas à Dieu ni à ses brebis.
Même lorsque le seul musulman du récit intervient afin de calmer
les esprits, celui-ci (Alec Rayme dans le rôle de Hassid) annihile
toute mauvaise pensée qui pourrait s'interposer entre ces bons
chrétiens auxquels le Seigneur assignera la lourde charge de
disparaître des écrans-radars et cet homme dont la foi resta sans
doute longtemps renégate dans l'esprit du peuple américain (les
événements du 11 septembre 2001). Left Behind
pousse ses ouailles à la rédemption. Mais sous sa forme, le sujet
prend des airs ironiques. Les enfants dont l'innocence n'est
visiblement plus à prouver et les fidèles de certaines lectures
saintes sont les premiers à ''bouffer'' du cataclysme puisque
disparaissant tandis que les autres, pécheurs de toutes natures,
restent piégés d'un monde dont le coup de semonce qui les a séparé
des leurs apparaît comme le premier d'une longue série. C'est à
croire que le long-métrage était envisagé comme le pilote d'une
future série morte après seulement une première tentative.
Paroissiens, paroissiennes, rassurez-vous, tout se termine bien.
L'avion ne s'écrasera pas, aidé au sol par une Chloe étonnamment
clairvoyante. C'est cul-cul la praline à souhait, interprété avec
la fadeur du tofu et aussi méprisant qu'un acte d'indifférence
commis à l'encontre d'un individu. Pourquoi ? Parce que si
après vous être coltiné les près de deux heures que dure Left
Behind
vous espérez avoir une explication franche sur les événements,
vous pouvez d'ors et déjà vous fourrer le doigt dans l’œil !!!
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