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jeudi 15 juin 2023

Froide vengeance (A Score to Settle) de Shawn Ku (2019) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Leaving Las Vegas vs The Machinist vs The Sixth Sense. Voici comment pourrait être résumé Froide vengeance (A Score to Settle) du réalisateur américain Shawn Ku. Et avec un nom pareil, forcément, on se dit que nanti d'origines asiatiques, connaissant la propension des cinéastes japonais, chinois ou sud-coréens à nous pondre des films d'action très efficaces l'on pouvait espérer que celui-ci en ferait de même. Erreur, erreur. Froide vengeance tente à prouver qu'il ne faut surtout pas se fier aux apparences. Et encore moins au pedigree du bonhomme qui en plus d'avoir écrit et réalisé son troisième long-métrage est chorégraphe. Autant dire, la profession rêvée pour quiconque désire mettre lui-même en scène cascades, combats rapprochés et autres gunfights. Là encore, pas de bol ! Car s'il s'agit apparemment de la principale spécialité de Shawn Ku, le fait est que le résultat à l'écran est quasi désastreux. Déjà que le long-métrage ne contient que très peu de séquences d'action, celles-ci sont mises en scène de la manière la plus déplorable qui soit. Nicolas Cage qui déjà a pour habitude de se faire tailler des costards par des journalistes spécialisés (ou non) dans le septième art à grands coups de critiques assassines, ne méritait sans doute pas d'être une fois de plus convoqué dans le grand bain du nanar, de la série Z et du cinéma hautement ringard auquel sont parfois conviées les anciennes gloires de l'action. Partant donc avec un sérieux handicap, un manque d'action flagrant, des séquences mal orchestrées et une histoire somme toute banale, n'allez cependant pas croire que Froide vengeance et son titre digne de trôner au milieu de la filmographie de l'un de nos deux belges préférés (Jean-Claude Van Damme) est la purge qu'il semble être. Bien au contraire puisque le film de Shawn Ku n'est rien moins qu'un petit miracle. L'un de ces mystères qui parfois permettent à leur principal interprète de sortir la tête de l'eau juste avant qu'il ne se noie au beau milieu d'une très gênante filmographie. Sans être le signe d'un renouveau même si Nicolas Cage multiplie depuis les projets ambitieux (il tournera notamment plus tard dans le beaucoup trop sous-estimé The Prisonners of Ghostland du génial Sion Sono), Froide vengeance possède d'indéniables qualités qu'il serait criminel de passer sous silence ou de réprimer pour le simple plaisir de se payer la tête de l'acteur...


Sans être aussi profond que le magnifique et bouleversant Leaving Las Vegas de Mike Figgis, l’œuvre de Shawn Ku possède un potentiel émotionnel réel. On conseillera d'ailleurs de le découvrir en version originale afin de bien s'imprégner du personnage et de sa lente déliquescence physico-psychologique. Car dans le rôle de Frank Carver, Nicolas Cage incarne un taulard qui après avoir passé les dix-neuf dernières années derrière les barreaux est libéré pour cause médicale. Atteint d'insomnie fatale sporadique, il n'en a plus pour longtemps. L'ombre du chef-d’œuvre de Mike Figgis plane au dessus de Froide vengeance même si toute comparaison est ici relative. Il n'y a d'ailleurs pas de comparaison à faire entre les deux longs-métrages puisque Leaving Las Vegas écrase de tout son poids le film de Shawn Ku. N'empêche... Nicolas Cage, sans parvenir à nous faire verser la moindre larme, parvient malgré tout à rendre attachant et émouvant cet ancien membre d'un groupe de criminels. Physiquement, l'acteur se décompose à vue d’œil, blêmissant au fil de l'aventure, délirant, victime de troubles de la vision, il est parfois pesant de le voir tenir sur des jambes qui ne le portent pratiquement plus. Parce que oui, Frank Carver ne dort plus. Si comparé à Christiant Bale et son incroyable incarnation et transformation physique dans The Machinist de Brad Anderson ne fait là pas encore le poids, la lente dégradation du héros s'avère quand même parfois très marquante. Et puis, Frank, au delà de son désir de vengeance vis à vis de son ancien employeur et de ses hommes de main, au sortir de taule, retrouve son fils Joey (l'acteur Noah Le Gros). Un ancien toxicomane qui semble s'en être sorti et qui retrouve miraculeusement son père à la minute même où celui-ci passe la grille extérieure de la prison. Dès lors, Frank et Joey vont tenter de rattraper toutes ces années perdues. De plus, le premier fera la connaissance de Simone/Jennifer, une escort-girl interprétée par Karolina Wydra lors d'une touchante séquence. C'est de ces points de vue là que Froide vengeance tire son épingle du jeu. Un film qui aurait sans doute mérité un autre titre, du genre, Chaudes retrouvailles... Quoique... intimistes, émouvantes, les séquences que partagent ensemble les deux interprètes hissent le film au dessus de la mêlée où s'entretuent nombre de DTV de très mauvaise facture. Si le réalisateur, scénariste et chorégraphe s'est planté dans les grandes largeurs concernant les scènes d'action, le côté dramatique, lui, est plutôt réussi. Généralement honteusement mal noté, Froide Vengeance, sans être un parangon du cinéma d'action est un film qui mérite pourtant qu'on lui octroie une heure et quarante-trois minutes de notre temps...

 

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