Leaving Las Vegas
vs The Machinist
vs The Sixth Sense.
Voici comment pourrait être résumé Froide
vengeance
(A Score to Settle)
du réalisateur américain Shawn Ku. Et avec un nom pareil,
forcément, on se dit que nanti d'origines asiatiques, connaissant la
propension des cinéastes japonais, chinois ou sud-coréens à nous
pondre des films d'action très efficaces l'on pouvait espérer que
celui-ci en ferait de même. Erreur, erreur. Froide
vengeance
tente à prouver qu'il ne faut surtout pas se fier aux apparences. Et
encore moins au pedigree du bonhomme qui en plus d'avoir écrit et
réalisé son troisième long-métrage est chorégraphe. Autant dire,
la profession rêvée pour quiconque désire mettre lui-même en
scène cascades, combats rapprochés et autres gunfights. Là encore,
pas de bol ! Car s'il s'agit apparemment de la principale
spécialité de Shawn Ku, le fait est que le résultat à l'écran
est quasi désastreux. Déjà que le long-métrage ne contient que
très peu de séquences d'action, celles-ci sont mises en scène de
la manière la plus déplorable qui soit. Nicolas Cage qui déjà a
pour habitude de se faire tailler des costards par des journalistes
spécialisés (ou non) dans le septième art à grands coups de
critiques assassines, ne méritait sans doute pas d'être une fois de
plus convoqué dans le grand bain du nanar, de la série Z et du
cinéma hautement ringard auquel sont parfois conviées les anciennes
gloires de l'action. Partant donc avec un sérieux handicap, un
manque d'action flagrant, des séquences mal orchestrées et une
histoire somme toute banale, n'allez cependant pas croire que Froide
vengeance
et son titre digne de trôner au milieu de la filmographie de l'un de
nos deux belges préférés (Jean-Claude Van Damme) est la purge
qu'il semble être. Bien au contraire puisque le film de Shawn Ku
n'est rien moins qu'un petit miracle. L'un de ces mystères qui
parfois permettent à leur principal interprète de sortir la tête
de l'eau juste avant qu'il ne se noie au beau milieu d'une très
gênante filmographie. Sans être le signe d'un renouveau même si
Nicolas Cage multiplie depuis les projets ambitieux (il tournera
notamment plus tard dans le beaucoup trop sous-estimé The
Prisonners of Ghostland
du génial Sion Sono), Froide vengeance
possède d'indéniables qualités qu'il serait criminel de passer
sous silence ou de réprimer pour le simple plaisir de se payer la
tête de l'acteur...
Sans
être aussi profond que le magnifique et bouleversant Leaving
Las Vegas
de Mike Figgis, l’œuvre de Shawn Ku possède un potentiel
émotionnel réel. On conseillera d'ailleurs de le découvrir en
version originale afin de bien s'imprégner du personnage et de sa
lente déliquescence physico-psychologique. Car dans le rôle de
Frank Carver, Nicolas Cage incarne un taulard qui après avoir passé
les dix-neuf dernières années derrière les barreaux est libéré
pour cause médicale. Atteint d'insomnie fatale sporadique, il n'en a
plus pour longtemps. L'ombre du chef-d’œuvre de Mike Figgis plane
au dessus de Froide vengeance
même si toute comparaison est ici relative. Il n'y a d'ailleurs pas
de comparaison à faire entre les deux longs-métrages puisque
Leaving Las Vegas
écrase de tout son poids le film de Shawn Ku. N'empêche... Nicolas
Cage, sans parvenir à nous faire verser la moindre larme, parvient
malgré tout à rendre attachant et émouvant cet ancien membre d'un
groupe de criminels. Physiquement, l'acteur se décompose à vue
d’œil, blêmissant au fil de l'aventure, délirant, victime de
troubles de la vision, il est parfois pesant de le voir tenir sur des
jambes qui ne le portent pratiquement plus. Parce que oui, Frank
Carver ne dort plus. Si comparé à Christiant Bale et son incroyable
incarnation et transformation physique dans The
Machinist
de Brad Anderson ne fait là pas encore le poids, la lente
dégradation du héros s'avère quand même parfois très marquante.
Et puis, Frank, au delà de son désir de vengeance vis à vis de son
ancien employeur et de ses hommes de main, au sortir de taule,
retrouve son fils Joey (l'acteur Noah Le Gros). Un ancien toxicomane
qui semble s'en être sorti et qui retrouve miraculeusement son père
à la minute même où celui-ci passe la grille extérieure de la
prison. Dès lors, Frank et Joey vont tenter de rattraper toutes ces
années perdues. De plus, le premier fera la connaissance de
Simone/Jennifer, une escort-girl interprétée par Karolina Wydra
lors d'une touchante séquence. C'est de ces points de vue là que
Froide vengeance
tire son épingle du jeu. Un film qui aurait sans doute mérité un
autre titre, du genre, Chaudes retrouvailles...
Quoique... intimistes, émouvantes, les séquences que partagent
ensemble les deux interprètes hissent le film au dessus de la mêlée
où s'entretuent nombre de DTV
de très mauvaise facture. Si le réalisateur, scénariste et
chorégraphe s'est planté dans les grandes largeurs concernant les
scènes d'action, le côté dramatique, lui, est plutôt réussi.
Généralement honteusement mal noté, Froide
Vengeance,
sans être un parangon du cinéma d'action est un film qui mérite
pourtant qu'on lui octroie une heure et quarante-trois minutes de
notre temps...
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