The Hole in the
Ground
de Lee Cronin date déjà de trois ans et c'était... vachement
sympa. C'est donc avec un certain avantage que partait le dernier
volet à ce jour de la franchise Evil Dead.
Ouais, cette saga culte née sur les écrans sanguinolents et
putréfiés du cinéma d'horreur un jour d'Octobre 1981 aux
États-Unis et presque deux ans plus tard dans l'hexagone. À
l'origine, une trilogie dont la ''fabrication'' et la
''distribution'' dans les salles obscures se seront étalées sur
onze années puisqu'il aura fallut attendre 1992 pour que soit
visible le troisième volet intitulé Evil Dead 3
: L'Armée des ténèbres.
Pour être tout à fait honnête, cela débuta même quelques années
plus tôt, à la fin des années soixante-dix, avec le court-métrage
Within the Wood
qui contenait déjà au fond des tripes, les germes du premier volet,
œuvre ô combien cultissime signée d'un certain Sam Raimi. Suivi
alors un second sobrement intitulé Evil Dead
2 en
1987 et que beaucoup considèrent comme le meilleur opus de la
franchise. Moi pas ! Et puis... silence radio... durant plus de
vingt ans... Jusqu'à ce que débarque sur les écrans un reboot de
l'original. Un Evil Dead
cuvée 2013 réalisé par l’uruguayen Fede Alvarez. Un type devenu
populaire sur Youtube
(SIC!)
grâce à son court-métrage et dont Evil Dead
allait devenir son premier long. Culotté le bonhomme. Une assise en
béton pour une proposition plus qu'honnête et surtout, très
gratinée ! Bref, un bel hommage au film de Sam Raimi et un
nouveau nom sur lequel il allait désormais falloir compter (trois
ans plus tard, il signera d'ailleurs l'excellent et anxiogène
Don't Breathe : La Maison des ténèbres).
Ensuite, nouveau silence radio mais cette fois-ci de courte durée
puisque le Necronomicon, Ash et les démons allaient revenir non plus
sur grand écran mais à la télévision à travers la génialissime
série Ash vs. Evil Dead.
Trois saisons (et malheureusement) pas une de plus entre 2015 et
2018. Un retour aux sources entre épouvante, gore, fantastique et
burlesque pour le plus grand bonheur des fans... et des autres. Bon,
après ce très court résumé de l'historique de l'une des
franchises les plus mythiques du cinéma d'horreur, venons-en à
l'essentiel : Evil Dead Rise
de Lee Cronin...
Première
chose à savoir : N'étant pas de ceux qui régurgitèrent le
contenu de leur estomac au moment de faire la critique des dernières
séquelles/préquelles des sagas Predator
ou Alien
et n'ayant aucun appétit particulier pour le respect de la
mythologie entourant ces dernières (chaque auteur peut cuisinier son
œuvre à sa sauce, je m'en cogne royalement), je n'attends
généralement rien d'autre que de pouvoir être replongé dans des
univers similaires reproduisant en revanche la plupart de leurs
codes. Et dans le cas présent, le vocabulaire horrifique et
contextuel de la franchise initiée par Sam Raimi il y a plus de
quatre décennie. Lee Cronin peut choisir à sa guise de traverser le
temps, d'utiliser les outils modernes (ses personnages s'éclairent
parfois à l'aide de leur smartphone), d'ignorer Ash (Fede Alvarez
l'a bien fait de son côté), de pratiquer le jeunisme (la moitié de
ses personnages sont des enfants)... Mais merde ! Où est passée
la cabane dans les bois ? En préambule, on a bien droit à une
séquence d'ouverture qui rappelle ostensiblement l'univers originel,
mais à vrai dire, cet étang fait tout d'abord penser au Crystal
Lake
de Vendredi 13 et
l'on pourrait raisonnablement imaginer voir y roder l'ombre de Jason
Voohrees ! Terminés donc le bois et ses arbres-violeurs, la
cabane et sa trappe obstruant un sous-sol glauquissime !
Désormais, l'action se situe en ville, dans un immeuble délabré,
une ancienne banque réaménagée en appartements. Une poignée de
locataires y vit et parmi eux, une mère de famille et ses trois
chiards dont l'équilibre mental semble être aussi fragile que les
façades de cet édifice qu'un tremblement de terre semble pouvoir
faire s'effondrer. Un phénomène inattendu, presque anachronique,
prétexte à révéler la présence du fameux Necronominon et de
quelques vinyles sur lesquels ont été enregistrés de bien curieux
messages. Par chance (ou par un malheureux
hasard!), l'un des gamins en question (le fils), a pour hobbies de
scratcher sur des galettes 33tours...
Le féminisme n'est pas un gros mot !
Pas
de bol pour cette famille qui DE BASE, se révèle un brin
''creepy''.
Le fiston en mode DJ passe les disques en question, reluque avec
attention l'ouvrage relié en peau humaine et réveille ainsi les
forces du mal. Bon, la bonne idée du film est de s'attaquer au
problème en faisant de la génitrice la créature démoniaque qu'il
va falloir combattre. Car oui, quoi de pire que d'être menacé,
attaqué, foudroyé par LA personne que l'on aime le plus au monde
(vu que le connard de père est parti refaire sa vie avec une
greluche) et qui est censée vous protéger ? Côté ambiance,
on a droit à des tons maussades et un environnement façon ''décor
de fin du monde''. Que l'on se rassure : Lee Cronin n'aseptise
absolument pas le propos puisque des idées en matière de gore, le
bonhomme en a à revendre. Mais à la limite, ça on s'en tape, vu la
quantité de sang que l'on ingurgite depuis des décennies, celles-ci
auront finalement assez peu d'impact sur nos transits intestinaux
(comme il serait bon parfois de faire un ''Reset''
et de se retrouver dans la peau d'un néophyte!). Bizarre ces gamins
tout de même. À part la plus petite qui ne semble pas avoir trop
subit les affres du Wokisme,
on commence tout d'abord par se demander qui des deux autres est la
fille ou le garçon. Surtout elle, avec sa chevelure courte, sa
silhouette androgyne façon ''non-genrée'' ! Le type
d'adolescente à préférer faire la visite d'une grotte humide avec
ses camarades féminines que de tenir une queue de billard avec ses
potes masculins... si vous voyez où je veux en venir !. Bon
pour revenir à l'horreur, accrochez-vous : Car contrairement
aux attentes, le film fait moyennement le taf. Même la prometteuse
scène de la râpe à fromage qui promettait d'être inconfortable
dans la bande-annonce est totalement ratée. Amusant : le
réalisateur nous refait le coup de la vague de sang de Shining
de Stanley Kubrick. Un hommage parfaitement inutile qui confirme
qu'un immense fossé sépare le génie du petit artisan...
Evil Dead Rise
de Lee Cronin n'est, en soi, pas une abominable purge, mais au regard
de tout ce qui a été produit jusqu'à maintenant autour de la
franchise, ce volet est le plus mauvais d'entre tous. Enfin, le seul
à l'être selon moi. Tout ce qui faisait le sel de la saga est ici
ignoré. Difficile de voir autre chose qu'un énième film de
possession usant opportunément de l'aura d'une licence cultissime
dont le film ne rejoint pratiquement aucun des critères si ce n'est
la présence de démons. L'accumulation de séquences gore
(entrecoupées de ventres mous) n'y change rien. Le souvenir trop
prégnant des épisodes antérieurs (et même le volet signé de Fede
Alvarez) pousse alors le spectateur à l'indifférence devant cette
accumulation de poncifs qui n'ont même pas le mérite de se hisser à
la hauteur de ses aînés. Pas flippant pour un sou et une débauche
de sang qui n'émeut que trop rarement, le film est en outre dénué
de tout second degré. Ou du moins, de cet aspect hautement burlesque
qui faisait partie des charmes de la franchise... Comme le Evil
Dead
de Fede Alvarez me direz-vous ! Oui, sans doute, mais à la
différence duquel le bonhomme intégrait ses personnages en un lieu
iconique reconnaissable entre tous. Le renouveau de la franchise
n'aura donc malheureusement pas lieu en 2023. Fade et profondément
maniéré, Evil Dead Rise
reste une grosse déception dans lequel, Alyssa Sutherland dans le
rôle d'Ellie semble cependant s'éclater. C'est déjà ça...
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