R. M. Renfield est un
personnage issu de l'univers de Dracula,
cet ouvrage mondialement connu, publié à la fin du dix-neuvième
siècle par le romancier irlando-britannique Bram Stoker. Comme aime
à nous le rappeler le dernier film en date à le mettre en scène,
Renfield
de Chris McKay, lequel avait jusque là œuvré dans le
court-métrage, les séries télévisées avant de mettre en scène
un premier long-métrage d'animation en 2017 avec Lego
Batman
et un thriller d'action et de science-fiction avec The
Tomorrow War
il y a deux ans, est apparu dans nombre de films et de productions
télévisuelles. En 1922, il apparaît notamment dans le chef-d’œuvre
de l'allemand Friedrich Wilhelm Murnau Nosferatu,
le vampire sous
les traits de l'acteur austro-hongrois Alexander Granack. Renommé
Knock pour des questions de droits, le compatriote du réalisateur,
l'immense Werner Herzog en proposera même une relecture
cinquante-sept ans plus tard sous le titre Nosferatu,
fantôme de la nuit
et dans lequel, cette fois-ci, le personnage retrouvera sa véritable
identité sous les traits de Roland Topor (l'écrivain français,
poète, metteur en scène, peintre, etc, etc, etc...). Entre ces deux
là, Tod Browning, Jesus Franco ou encore John Badham évoqueront à
leur tour le personnage de Renfield. Francis Ford Coppola également,
avec son Dracula
de 1992. Et même Mel Brook qui avec Dracula,
mort et heureux de l'être
proposait en 1995 une variation parodique du mythe dans laquelle
l'acteur et réalisateur américain Peter MacNicol incarnait un
Renfield inspiré de l’œuvre que réalisa Tod Browning en 1931. A
travers quelques images d'archives prélevées ça et là à quelques
classiques du genre, Renfield
pose les bases d'une œuvre qui cette fois-ci se penchera en priorité
sur ce drôle d'individu à la botte du plus célèbre des vampires
inspiré, faut-il le savoir, de l'authentique Vlad III l'Empaleur,
prince de Valachie durant le quinzième siècle et dont la légende
dit qu'il fit tuer d'innombrables manières, tous ceux qui osaient le
contester. Si le long-métrage de Chris McKay met à l'honneur le
personnage de Renfield, il ne le fait pas sur un ton grave. Pourtant,
il y avait matière, ici, à concevoir une œuvre plus dure qu'elle
ne l'est en réalité. Surtout lorsque l'on étudie en profondeur le
caractère de ce personnage qui, sous l'emprise de son maître, le
vampire Dracula, cherche par tous les moyens à s'extraire de son
emprise...
Un
personnage à la personnalité bicéphale, donc. Entre fascination et
désir d'émancipation. Incarné par l'acteur britannique Nicholas
Hoult, il est donc au centre d'un récit qui ne se satisfait pas
exclusivement des rapports entre maître et ''esclave'' mais
introduit également une sous-intrigue qui peu à peu va prendre une
large place dans le récit. Tout d'abord, il y a cette rencontre avec
le personnage de l'agent Rebecca Quincy qu'interprète l'actrice,
animatrice et rappeuse sino-américaine Awkwafina. Une femme-flic
courageuse dont le père est prétendument mort lâchement lors d'un
meurtre commis par un certain Teddy Lobo, lequel est incarné par un
Ben Schwartz tatoué, gominé, prototype même du voyou latino
visiblement programmé pour se forger une carrière de roi de la
pègre après avoir regardé en boucle le Scarface
de Brian De Palma. Du moins est-ce l'image que renvoie ce type
finalement peu courageux, au bagout parfois hésitant, à la
prestance caricaturale, lequel est fasciné par une mère (l'actrice
irano-américaine Shohreh Aghdashloo dans le rôle d'Ella) qu'il veut
rendre fière de lui. Et Dracula dans tout ça ? Et bien, comme
l'indique l'affiche du film, c'est l'acteur Nicolas Cage qui
l'incarne, teint blafard, dents acérées, dans un genre théâtral
absolument réjouissant. Le maquillage outrancier, le verbe haut,
l'appétit aiguisé, son interprète joue ici de la réputation
d'acteur aux choix artistiques parfois minables dont il jouit et
incarne un personnage mythique que l'on regrette finalement qu'il
n'ait pas été mis sur un même plan d'égalité que Renfield. Les
deux hommes cabotinent, comme le reste du casting, dans cette comédie
horrifique qui ne lésine pas sur les effets-spéciaux gores et les
scènes d'action survoltées. Renfield
possède en outre une saveur kitch tout à fait respectable. Resserré
sur quatre-vingt treize minutes seulement, le récit est sinon
basique (désir d'émancipation pour Renfield et de pouvoir absolu
pour Teddy Lobo et sa mère Ella), du moins très divertissant. Une
jolie photographie (Mitchell Amundsen), un montage énergique (Mako
Kamitsuna) même si l'on aurait aimé un surcroît de lisibilité
lors des combats, une musique signée de Marco Beltrami et une
direction artistique (Chris Craine) pleine de couleurs font de
Renfield
une sympathique comédie d'horreur que l'on conseillera à toute la
famille, sans restriction d'âge...
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