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vendredi 17 février 2023

Trappola Diabolica (Strike Commando 2) de Vincent Dawn (Bruno Mattei) (1989)

 


 

Petite mise au point : il est possible (mais peu probable) que le terme ''chef-d’œuvre'' se glisse une ou plusieurs fois entre les lignes qui vont suivre. Ce qui pour certains paraîtra fort approprié (et là je m'adresse à celles et ceux qui savent que derrière Vincent Dawn se cache l'immense Bruno Mattei) sèmera le doute dans l'esprit des autres. Autant dire, ceux qui ne connaissent du réalisateur, pas même ses œuvres les plus (re)connues. Pour aller à l'essentiel, citons par exemple, Virus Cannibale ou Les rats de Manhattan. Derrière le titre Trappola Diabolica, lequel ne laisse aucun doute sur ses origines transalpines, se cache la suite de l'un des films les plus célèbres de Bruno Mattei, Strike Commando... Avant-propos : si vous ne savez pas ce qu'est un Nanar, je vous conseille de vous reporter aux nombreux articles qui circulent sur le sujet pour vous faire une idée très précise de ce à quoi il faut s'attendre lorsque l'on s'y jette les deux pieds en avant. Après, je peux vous donner une idée toute personnelle du genre même si elle pourra prêter à polémique. Mais pour faire court et selon mes propres critères, un Nanar est une œuvre généralement fauchée qui par ses nombreux défauts mais aussi par son sérieux assumé en font un film irrésistiblement drôle. Souvent mal doublé, interprété et réalisé ''à l'arrache'', son auteur y met cependant généralement toutes ses tripes. Ah ! Élément très important qui permet de différencier le Nanar du Navet. Si ce dernier fait souvent l'objet d'un ennui voire d'un rejet rédhibitoire, le premier, lui, procure un immense plaisir. À réserver tout de même en priori aux amateurs de Bis et donc de séries B, voire pour les plus courageux, de séries Z... L'une des particularités des Nanars (et notamment ceux qui proviennent d'Italie) demeure dans le fait qu'il est très souvent judicieux de les découvrir doublé en langue française. En effet, à film fauché est souvent réservé un doublage à la hauteur de nos espérances. Et autant dire que dans le cas de ce genre de long-métrage, il est rare que le public français soit déçu ! Bon maintenant, revenons à Trappola Diabolica. Réalisé très exactement au beau milieu de la carrière de son auteur, la suite de Strike Commando démarre par une séquence étonnante. Non pas dans le fond mais dans la forme. En effet, nous y découvrons l'acteur irlandais Richard Harris dans le rôle du Major Vic Jenkins baignant avec ses hommes dans des marécages alors qu'une pluie de bombes explose autour d'eux. Rien que de très banal me direz-vous ? Mais déjà se pointe tout le génie de Bruno Mattei, lequel nous fait bénéficier de dialogues entre les soldats tandis que la scène se déroule au ralenti. À lire ça n'a l'air de rien, mais à découvrir sur son écran, ce détail s'avère très amusant...


Nous pouvons tout d'abord constater une chose : L'image est plutôt de bonne facture et le film semble s'éloigner des canons du genre Nanar. Pour sa dixième apparition sur grand écran, Brent Huff prend la place de l'acteur Reb Brown dans le rôle du sergent Michael Ransom. Avant cela, on a pu notamment le découvrir dans Gwendoline de Just Jaeckin ou Americain Ninja de Emmett Alston. Dans cette séquelle, le héros est chargé de retrouver le Major Vic Jenkins qui vient d'être enlevé par des ravisseurs qui exigent une très forte somme d'argent sous forme de diamants. On constate ensuite assez rapidement que Bruno Mattei retombe dans l'un des travers qui firent sa renommée : sa propension à piller chez les autres ce que son manque ''partiel'' d'inspiration lui dicte. Ne nous fions cependant pas à l'affiche qui promet un film de guerre puisque Trappola Diabolica (ou Mission Suicide : Strike Commando 2) ressemble davantage à un film d'action bourré de gunfights et de combats au corps à corps ! Maître incontesté du pillage, donc (Virus Cannibale s'employait de manière compulsive à reprendre certaines des séquences emblématiques du chef-d’œuvre de George Romero Zombie et ce, jusqu'à reprendre également la bande-originale du groupe de rock progressif italien The Goblin), Bruno Mattei commence très fort en s'accaparant l'une des plus célèbres séquences des Aventuriers de l'arche perdue de Steven Spielberg. Scène durant laquelle l'actrice Karen Allen dans le rôle de Marion Ravenwood) participait à un concours de boissons alcoolisées dans un bar népalais. Dans le cas présent, c'est au tour de l'actrice Mary Stavin de se mesurer à un autochtone (l'action se déroulant aux Philippines) lors d'une séquence qui ne laisse aucun doute sur celle qui inspira le réalisateur italien. Et ça ne s'arrête pas là puisque débarque ensuite un binoclard à lunettes rondes cette fois-ci accompagné par des ninjas en lieu et place des soldats nazis d'origine ! Autre source d'inspiration de Bruno Mattei : Predator de John McTiernan. Sorti un an après, l’œuvre du réalisateur italien n'hésite pas un instant à s'inspirer du chef-d’œuvre du cinéaste américain. Pour exemples : Rosanna Boom (Mary Stavin, donc) et Ransom se traînent à quatre pattes dans les fougères de la forêt jusqu'à arriver dans les hauteurs d'un camps de mercenaires retenant en otage le major Vic Jenkins. Une technique d'approche employée un an auparavant par le major Alan ''Dutch'' Schaefer (Arnold Schwarzenegger) et ses hommes dans Predator. Mais si un seul doute devait subsister, ce qui se produit une fois l'otage libéré vient confirmer que Bruno Mattei a bien plagié le long-métrage de John McTiernan. En effet, quelques instants plus tard, le Major Vic Jenkins demande à Ransom de lui tourner le dos et plante la lame d'un couteau dans l'abdomen d'une araignée qui s'apprêtait sans doute à inoculer son venin dans le corps de notre héros. Un quasi copier/coller d'une séquence visible dans Predator et où une araignée remplace un scorpion, Bruno Mattei allant jusqu'à demander à Richard Harris d'écraser ensuite la bestiole comme le fit en 1987 l'acteur Carl Weather ! On pourrait continuer sur le sujet puisque le film pille également le Rambo 2 de George Pan Cosmatos. Mais bon...


S'il fallait ensuite compulser la totalité des invraisemblances qui émaillent le récit, ça n'est pas un article qu'il faudrait consacrer à Trappola Diabolica mais bien un ouvrage tout entier. Des exemples ? Revenons à la séquence située dans le bar : alors que Rosanna participe au concours de boissons, Ransom, accoudé au bar, planque les diamants au fond d'un verre rempli d'alcool. Alors même que le type à lunettes n'est pas encore apparu à l'image. Notre héros portant fièrement le cigarillo aux bords des lèvres aurait-il pressenti l'arrivée prochaine de l'antagoniste du récit ? Ransom serait-il doté d'une faculté d'omniscience ? Plus tard, lorsque le Major vient d'être libéré, lui et Ransom quittent le camp ennemi accompagné d'un otage. Ce dernier parvient à leur échapper, dévalant en courant une pente, laissant sur place les deux hommes. Une fois en bas, l'homme atterrit aux pieds de... Jenkins. Oui, on parle bien du Major qui en toute vraisemblance est donc capable de se téléporter d'un point A à un point B en à peine une poignée de secondes. Ces défauts, innombrables, qui peuvent paraître rédhibitoires participent en fait du charme de Trappola Diabolica. C'est d'ailleurs tout ce qu'on demande au film. Comme ces doublages en langue française, à se pisser littéralement dessus, je vous jure. Brent Huff semble avoir été doublé par un adolescent cherchant à dissimuler la mue de sa voix en tentant de descendre dans les basses. En réalité, le doubleur cherche d'abord à imiter la voix française officielle de Sylvester Stallone (Alain Dorval) avec pour effet, un résultat qui frise le ridicule. Mary Stavin joue comme un pied, emploie un langage de charretier et n'a pas le dixième de l'élégance de Karen Allen. Pauvre Brent Huff qui mastique et triture en permanence son cigarillo en se la jouant ''Clint Eastwood période Wester sphagetti'' sans avoir un brin de charisme. Même lorsqu'il manque de se planter la gueule en pleine forêt, Bruno Mattei ne s'embête pas à retourner la scène. À quoi bon puisque de toute manière rien ne pourra agrandir le peu d'aura que dégage notre héros. Quant à Richard Harris, le pauvre lui aussi, c'est à se demander si l'acteur n'aurait pas choppé la dysenterie tant il semble psychologiquement et physiquement absent lors de la plupart des séquences qui le mettent en scène. Bref, vous l'aurez compris, Trappola Diabolica est un authentique Nanar sur lequel nous pourrions nous épancher durant des heures. Mais mieux que les mots, laissez-vous plutôt porter par le son et l'image...

 

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