Ah ouais, quand même.
Vingt-deux courts et longs-métrages au compteur et ça n'est
qu'aujourd'hui que l'on fait la connaissance du réalisateur et
scénariste français Sébastien Betbeder. Autant dire qu'il va
falloir rattraper notre retard vu que Tout fout le camp
est un véritable Objet
Filmique
Non
Identifié !
Très clairement, ce type a un grain. Et il sait si bien le partager
qu'il convie outre Thomas Scimeca, Nicolas Belvalette, Jonathan
Capdevielle et Léonie Dahan-Lamort, pas moins que le plus étonnant
et discret des humoristes en la personne de Marc Fraize. Ouais, le
type qui sur France
2
il y a douze ans (Hein ??? Quoi ? Déjà ?) dans l'émission
On n'demande qu'à
en rire amusait
la galerie en ne pipant mot !!! Après les films de zombies et
d'infectés, voici qu'un nouveau genre débarquait le 14 septembre
dernier : le film de ressuscité (sans S). Un film Made
in France
même si l'humour (noir) laisse entendre que le film pouvait avoir
des origines belges. Dans le cas qui nous intéresse ici, le film ne
sent donc pas la frite (une fois) mais plutôt la gerbe (plusieurs
fois). Il faut dire que l'un des personnages centraux a la fâcheuse
habitude de mourir et de revenir à la vie tout en vomissant une
étrange substance verdâtre. Tout se complique davantage lorsque le
journaliste Thomas (l'acteur Thomas Scimeca) est convié par son
patron à interviewer le chanteur et ancien candidat à une élection
municipale dépressif, Usé (Nicolas Belvalette). Le soir venu et une
fois la corvée exécutée, les deux hommes se baladent dans les rues
d'Amiens lorsqu'ils tombent sur le cadavre de Jojo (Jonathan
Capdevielle)... lequel revient à la vie lorsque Thomas s'approche de
lui. Dès lors, les deux hommes deviennent inséparables puisque dès
que le journaliste s'éloigne du ressuscité, celui-ci s'effondre,
mort, avant de revenir à la vie dès que Thomas revient vers lui !
Au cours d'un road movie totalement barré , les trois hommes vont
croiser la route de Marilou (Léonie Dahan-Lamort) qui n'est autre
que la sœur de Jojo ainsi que Pépé qui lui, est le grand-père de
la jeune fille et de son grand frère. Sans oublier, donc, la
présence à l'image de Marc Fraize dans le rôle d'un épicier
franchement tordu, portant un masque, des baskets à... leds (?) et
se déplaçant en trottinette électrique et lumineuse, un fusil de
chasse en bandoulière...
Quentin
Dupieux (Steak,
Wrong Cops,
Rubber,
Incroyable mais vrai,
etc...) semble ici faire un émule en la personne de Sébastien
Betbeder tant Tout fout le camp
paraît s'inscrire dans la droite lignée de ce que réalise
généralement celui qui se cache également sous le nom de Mr
Oizo !
Autant dire que c'est du grand n'importe quoi, MAIS, toujours
jouissif. Enfin.... toujours.... pas vraiment puisque le film démarre
assez platement et l'on sent que l'ennui va très rapidement se
propager au sein des spectateurs. Sauf qu'en lieu et place du
somnifère que promettait de devenir Tout fout le
camp,
on a droit à un pur moment de poésie déglinguée. Des personnages
étranges, entre un auteur-compositeur en phase dépressive (Nicolas
Belvalette et Usé ne forment en fait qu'une seule et même personne
puisque l'acteur est aussi musicien dans la vie réelle et qu'il a
lui-même composé la majeure partie des compositions de la
bande-originale), un journaliste se posant des questions
existentialistes sur l'intérêt de vivre ou un cadavre récalcitrant,
homosexuel MAIS amateur de grosses poitrines (!?!). La bande
originale à proprement parler vogue entre standards des années
soixante avec Françoise Hardy, Zouzou, Isabelle Aubret et compos de
Usé qui signe là, une partition New Wave à tendance ''corbeau''
(pour ceux qui savent...). Bancal mais réjouissant, on sent bien
qu'une partie du film est interprétée de manière improvisée mais
c'est pas grave puisque la sincérité y est. Un film destiné à
devenir culte au sein de certains cercles privilégiés. Balades
champêtres, feux d'artifices de gerbe (Jonathan Capdevielle relève
haut la main l'ancienne performance de l'actrice américaine Linda
Blair dans L'exorciste),
fête foraine glauque, Home
Invasion,
jacuzzi, retrouvailles familiales (avec quiproquo à l'appui),
symbiose (!), il y a dans Tout fout le camp,
à boire, à manger, à vomir mais aussi et surtout à s'esclaffer !
Une belle surprise. Un OFNI
comme le cinéma français n'en régurgite malheureusement que trop
rarement...
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