Le corps d'une gamine
assassinée est découvert un jour sur une plage. Vingt ans plus
tard, son meurtrier n'a toujours pas été retrouvé. Stefano
D'Archangelo retourne après autant d'années dans le village qui l'a
vu grandir. Lors de son voyage en train, il fait la connaissance de
Sandra Sellani, architecte avec laquelle il va se lier d'amitié. Une
fois arrivé au village, le jeune homme va également retrouver son
frère aîné Paolo qui depuis est devenu curé. Un soir, lors d'un
orage, sur la place principale du village, une femme est agressée
par un inconnu. Réveillé par les cris de la victime, Paolo se
penche à la fenêtre de sa chambre et devient le témoin de son
meurtre avant d'avoir pu la secourir. Dès lors, l'homme d'église va
recevoir d'inquiétants messages le mettant en garde si jamais il
parle aux autorités de ce qu'il a vu ce soir là... Réalisé par le
cinéaste italien Antonio Bido auquel on doit une dizaine de courts
et de longs-métrages parmi lesquels on peut noter son Il Gatto
Dagli Occhi Di Giada de
1977, Solamente Nero
titré chez nous Terreur sur la lagune
met principalement en scène l'acteur italien Lino Capolicchio,
lequel s'est malheureusement éteint cette année à l'âge de
soixante-dix huit ans et qui fut un fidèle du réalisateur Pupi
Avati puisqu'on le vit à plusieurs reprises collaborer avec ce
dernier et notamment au sein de son film culte La
Casa Dalle Finestre Che Ridono
plus connu chez nous sous le titre La maison aux
fenêtres qui rient.
On pourrait même tout d'abord envisager
Solamente Nero
comme une sorte de remake du long-métrage de Pupi Avati avant que le
scénario d'Antonio Bido et de Domenico Malan ne bifurque sur un
chemin quelque peu différent. Solamente Nero
est un giallo d'un qualité relativement appréciable. Certainement
pas du niveau d'un Dario Argento mais tout à fait regardable, le
film propose de naviguer sur des terres rurales du plus bel effet,
dans un village mitoyen de la superbe Venise où sont d'ailleurs
filmées quelques très belles séquences. Comme dans tout Giallo qui
se respecte, Solamente Nero trimballe
son lot de personnages ambigus. Une médium pratiquant d'étranges
rituels (l'actrice Alina De Simone), un médecin ayant été lavé de
tous soupçons des années en arrière après avoir
''accidentellement'' tué sa femme à coup de fusil de chasse, une
sage-femme qui garderait caché chez elle un fils aliéné et qui
pratiquerait des avortement illégaux sur de jeunes adolescentes ou
encore, un comte sans la moindre morale, homosexuel détesté des
villageois et dont la famille est connue pour avoir toujours été
corrompue et rongée par l'alcool...
Accompagné
par la partition musicale particulièrement variée du compositeur
Stelvio Cipriani et du groupe culte italien Goblin
ici étrangement non crédité (alors que leur style est
reconnaissable entre tous), le long-métrage d'Antonio Bido est bien
moins terrifiant que ne le laisse présager son titre français
puisque la seule terreur à laquelle sera confronté le spectateur se
situera dans le regard du prêtre Paolo qu'interprète l'acteur
américain Craig Hill. Tout au long du récit, le réalisateur
italien laisse envisager de multiples pistes quant à l'identité du
tueur, faisant ainsi intervenir une séance de spiritisme dont les
dialogues sont noyés sous la bande musicale de Stelvio Cipriani, un
tableau que le tueur tentera par tous les moyens de faire disparaître
ainsi que des visions récurrentes touchant le personnage d'Antonio,
vu alors qu'il n'était encore qu'un enfant et que l'on reliera
immédiatement au meurtre de la petite fille qui ouvrait les
hostilités au tout début de l'histoire. Solamente
Nero offre
quelques meurtres originaux comme un étranglement, une lance
enfoncée dans un thorax, un homme percuté par un bateau et
plusieurs tentatives de meurtre sur la personne de Paolo. Si le fil
de l'intrigue n'est pas toujours évident à dénouer, c'est parce
que comme nous le découvrirons à la fin, chaque nouveau meurtre
n'est pas forcément lié à ceux qui le précèdent. Formant ainsi
un tout pratiquement impossible à décortiquer. Solamente
Nero est
bien un giallo, avec peu ou prou les éléments qui représentent le
genre et dont deux des principaux signaux sont bien présents :
un tueur ganté et vêtu de noir et un traumatisme de l'enfance
exposé à l'image de manière récurrente. Notons qu'en
l'occurrence, la présence de l'actrice Stefania Casini dans le rôle
de Sandra Sellani permettra au réalisateur d'inclure un brin
d'érotisme. Mais une paire de fesses, une poitrine, quelques
meurtres à peine sanguinolents et une enquête bâclée ne
permettront pas à Solamente Nero de
faire partie des meilleurs gialli. Une œuvre que l'on conseillera
donc avant tout aux amateurs purs et durs du genre...
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