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mercredi 4 janvier 2023

Solamente Nero d'Antonio Bido (1978) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Le corps d'une gamine assassinée est découvert un jour sur une plage. Vingt ans plus tard, son meurtrier n'a toujours pas été retrouvé. Stefano D'Archangelo retourne après autant d'années dans le village qui l'a vu grandir. Lors de son voyage en train, il fait la connaissance de Sandra Sellani, architecte avec laquelle il va se lier d'amitié. Une fois arrivé au village, le jeune homme va également retrouver son frère aîné Paolo qui depuis est devenu curé. Un soir, lors d'un orage, sur la place principale du village, une femme est agressée par un inconnu. Réveillé par les cris de la victime, Paolo se penche à la fenêtre de sa chambre et devient le témoin de son meurtre avant d'avoir pu la secourir. Dès lors, l'homme d'église va recevoir d'inquiétants messages le mettant en garde si jamais il parle aux autorités de ce qu'il a vu ce soir là... Réalisé par le cinéaste italien Antonio Bido auquel on doit une dizaine de courts et de longs-métrages parmi lesquels on peut noter son Il Gatto Dagli Occhi Di Giada de 1977, Solamente Nero titré chez nous Terreur sur la lagune met principalement en scène l'acteur italien Lino Capolicchio, lequel s'est malheureusement éteint cette année à l'âge de soixante-dix huit ans et qui fut un fidèle du réalisateur Pupi Avati puisqu'on le vit à plusieurs reprises collaborer avec ce dernier et notamment au sein de son film culte La Casa Dalle Finestre Che Ridono plus connu chez nous sous le titre La maison aux fenêtres qui rient. On pourrait même tout d'abord envisager Solamente Nero comme une sorte de remake du long-métrage de Pupi Avati avant que le scénario d'Antonio Bido et de Domenico Malan ne bifurque sur un chemin quelque peu différent. Solamente Nero est un giallo d'un qualité relativement appréciable. Certainement pas du niveau d'un Dario Argento mais tout à fait regardable, le film propose de naviguer sur des terres rurales du plus bel effet, dans un village mitoyen de la superbe Venise où sont d'ailleurs filmées quelques très belles séquences. Comme dans tout Giallo qui se respecte, Solamente Nero trimballe son lot de personnages ambigus. Une médium pratiquant d'étranges rituels (l'actrice Alina De Simone), un médecin ayant été lavé de tous soupçons des années en arrière après avoir ''accidentellement'' tué sa femme à coup de fusil de chasse, une sage-femme qui garderait caché chez elle un fils aliéné et qui pratiquerait des avortement illégaux sur de jeunes adolescentes ou encore, un comte sans la moindre morale, homosexuel détesté des villageois et dont la famille est connue pour avoir toujours été corrompue et rongée par l'alcool...


Accompagné par la partition musicale particulièrement variée du compositeur Stelvio Cipriani et du groupe culte italien Goblin ici étrangement non crédité (alors que leur style est reconnaissable entre tous), le long-métrage d'Antonio Bido est bien moins terrifiant que ne le laisse présager son titre français puisque la seule terreur à laquelle sera confronté le spectateur se situera dans le regard du prêtre Paolo qu'interprète l'acteur américain Craig Hill. Tout au long du récit, le réalisateur italien laisse envisager de multiples pistes quant à l'identité du tueur, faisant ainsi intervenir une séance de spiritisme dont les dialogues sont noyés sous la bande musicale de Stelvio Cipriani, un tableau que le tueur tentera par tous les moyens de faire disparaître ainsi que des visions récurrentes touchant le personnage d'Antonio, vu alors qu'il n'était encore qu'un enfant et que l'on reliera immédiatement au meurtre de la petite fille qui ouvrait les hostilités au tout début de l'histoire. Solamente Nero offre quelques meurtres originaux comme un étranglement, une lance enfoncée dans un thorax, un homme percuté par un bateau et plusieurs tentatives de meurtre sur la personne de Paolo. Si le fil de l'intrigue n'est pas toujours évident à dénouer, c'est parce que comme nous le découvrirons à la fin, chaque nouveau meurtre n'est pas forcément lié à ceux qui le précèdent. Formant ainsi un tout pratiquement impossible à décortiquer. Solamente Nero est bien un giallo, avec peu ou prou les éléments qui représentent le genre et dont deux des principaux signaux sont bien présents : un tueur ganté et vêtu de noir et un traumatisme de l'enfance exposé à l'image de manière récurrente. Notons qu'en l'occurrence, la présence de l'actrice Stefania Casini dans le rôle de Sandra Sellani permettra au réalisateur d'inclure un brin d'érotisme. Mais une paire de fesses, une poitrine, quelques meurtres à peine sanguinolents et une enquête bâclée ne permettront pas à Solamente Nero de faire partie des meilleurs gialli. Une œuvre que l'on conseillera donc avant tout aux amateurs purs et durs du genre...

 

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