Pas sûr que nous y
aurions gagné au change, mais c'est dans l'espoir d'aller découvrir
au cinéma CGR de Narbonne
Jack Mimoun et les secrets de Val Verde de
Malik Bentalha et Ludovic Colbeau-Justin que ma compagne et moi nous
sommes retrouvés devant Pétaouchnok
d'Édouard Deluc. L'un comme l'autre professant de par leur seul
titre d'hypothétiques aventures exotiques, nous nous sommes donc
pris en pleine figure ce genre de quiproquos dont nous nous serions
bien passés. Du moins, dans les premiers instants et ce générique
qui nous a très rapidement fait comprendre que l’œuvre à
laquelle nous nous apprêtions à assister n'était pas celle
espérée. Exit donc le Val Verde, ce pays imaginaire qui fut
notamment évoqué ou fut le théâtre de nombres de longs-métrages
d'actions tels que Commando
de Mark L. Lester, L'arme fatale de
Richard Donner ou encore du génial Predator
de John McTiernan. Nous restons donc en France pour un voyage ''au
cœur des Pyrénées'',
là où deux amis ont décidé d'organiser des randonnées à cheval
afin de subvenir à leurs besoins. Ludo (Pio Marmaï) espère surtout
récupérer celle qu'il aime. Ou plutôt, CELLES qu'il aime puisque
il ne perd pas l'espoir de renouer avec son épouse ainsi que sa
fille. Pour cela, une seule méthode : se prendre en main. Après
avoir effectué les démarches nécessaires et s'être procuré un
car afin de transporter leurs premiers touristes, Ludo et Richard
(Philippe Reboot) accueillent ces derniers à la gare et leur
proposent un séjour en montagne. Un retour à la nature qui va de
très loin dépasser l'espérance de tous. Parmi les touristes,
Camille Chamoux dans le rôle de l'actrice Agnès. La chieuse de
service. Olivia Côte dans celui de Sophie, la dépressive,
accompagnée de Moussa Mansaly dans la peau de son époux Ali et de
leur fille. Délia Espinat-Dief et Pablo Pauly campent le couple
Valentine/Jonas tandis que Sami Ameziane (également connu sous le
nom de scène ''Comte de Bouderbala'') interprète Fred, le père
d'un adolescent mal dans sa peau. Sans oublier Emilio Zurano, dans le
rôle du cassos de service, Kevin qui, selon ses propres termes, a
tué ses parents !
Autant
dire que la galerie de portraits qui nous est présentée ici a de
quoi alimenter la base du scénario écrit à quatre mains par
Édouard Deluc et Nathalie Najem. Mais ça, c'est sur le papier. Car
si Pétaouchnok
n'est pas la mauvaise comédie à laquelle nous habitue de manière
un peu trop récurrente le cinéma français depuis des années, on
ne peut pas dire que le film soit savoureusement drôle. En fait,
tout l'intérêt du long-métrage repose sur les épaules du duo
formé par Pio Marmaï et Philippe Reboot. Le stoïcisme et
l'humanisme de l'un et de l'autre ménageant des séquences fort
divertissantes même si là encore, le rire n'est que très rarement
au rendez-vous. Retrouver le premier est toujours un authentique
plaisir de par ses choix de carrière généralement bienvenus tandis
que le second continue son petit bonhomme de chemin dans
l'incarnation de personnages mêlant fantaisie et marginalisation.
Philippe Reboot semble en effet s'être donné comme ligne de
conduite de reprendre la relève du Michel Blanc de Viens
chez moi j'habite chez une copine
de Patrice Leconte en 1981 ou du Denis de Marche
à l'ombre
que l'ancien membre du Splendid
réalisa et interpréta lui-même trois ans plus tard. Avec cette
dégaine de semi-clochard aviné plein d'optimisme en sus !
Pétaouchnok,
c'est un peu Les randonneurs
de Philippe Harel en mode 2.0. Une mise à jour moins burlesque mais
tout aussi grinçante et éprise de caricature, avec ses
personnalités bigarrées de milieux sociaux apparemment divergeant.
Si l'aventure n'est pas aussi rafraîchissante qu'elle paraissait sur
le papier, c'est sans doute parce que le réalisateur a choisi de la
traiter sur un ton plus proche de la mélancolie que de l'humour.
Tous les poncifs rattachés à ce style d'exercice sont bien présents
mais à contrario, la grande variété de personnalités empêche le
réalisateur de s'intéresser à chacun à part égale. D'où le
sentiment d'assister à un spectacle où tous n'ont pas les mêmes
chances de pouvoir s'exprimer de manère équivalente. Des situations
souvent rapidement évacuées pour ne concentrer l'essentiel que sur
les bévues que rencontreront les deux organisateurs et leurs
touristes. Quant au spectateur, il profitera moins des paysages que
prévu, totalement absorbé dans la contemplation d'une épreuve
longue à amorcer et rude à maintenir jusqu'à son terme.
Pétaouchnok est
donc une sympathique comédie, moins burlesque que la majorité de la
concurrence mais en revanche, nettement plus convaincante...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire