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mardi 22 novembre 2022

Pétaouchnock d'Édouard Deluc (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Pas sûr que nous y aurions gagné au change, mais c'est dans l'espoir d'aller découvrir au cinéma CGR de Narbonne Jack Mimoun et les secrets de Val Verde de Malik Bentalha et Ludovic Colbeau-Justin que ma compagne et moi nous sommes retrouvés devant Pétaouchnok d'Édouard Deluc. L'un comme l'autre professant de par leur seul titre d'hypothétiques aventures exotiques, nous nous sommes donc pris en pleine figure ce genre de quiproquos dont nous nous serions bien passés. Du moins, dans les premiers instants et ce générique qui nous a très rapidement fait comprendre que l’œuvre à laquelle nous nous apprêtions à assister n'était pas celle espérée. Exit donc le Val Verde, ce pays imaginaire qui fut notamment évoqué ou fut le théâtre de nombres de longs-métrages d'actions tels que Commando de Mark L. Lester, L'arme fatale de Richard Donner ou encore du génial Predator de John McTiernan. Nous restons donc en France pour un voyage ''au cœur des Pyrénées'', là où deux amis ont décidé d'organiser des randonnées à cheval afin de subvenir à leurs besoins. Ludo (Pio Marmaï) espère surtout récupérer celle qu'il aime. Ou plutôt, CELLES qu'il aime puisque il ne perd pas l'espoir de renouer avec son épouse ainsi que sa fille. Pour cela, une seule méthode : se prendre en main. Après avoir effectué les démarches nécessaires et s'être procuré un car afin de transporter leurs premiers touristes, Ludo et Richard (Philippe Reboot) accueillent ces derniers à la gare et leur proposent un séjour en montagne. Un retour à la nature qui va de très loin dépasser l'espérance de tous. Parmi les touristes, Camille Chamoux dans le rôle de l'actrice Agnès. La chieuse de service. Olivia Côte dans celui de Sophie, la dépressive, accompagnée de Moussa Mansaly dans la peau de son époux Ali et de leur fille. Délia Espinat-Dief et Pablo Pauly campent le couple Valentine/Jonas tandis que Sami Ameziane (également connu sous le nom de scène ''Comte de Bouderbala'') interprète Fred, le père d'un adolescent mal dans sa peau. Sans oublier Emilio Zurano, dans le rôle du cassos de service, Kevin qui, selon ses propres termes, a tué ses parents !


Autant dire que la galerie de portraits qui nous est présentée ici a de quoi alimenter la base du scénario écrit à quatre mains par Édouard Deluc et Nathalie Najem. Mais ça, c'est sur le papier. Car si Pétaouchnok n'est pas la mauvaise comédie à laquelle nous habitue de manière un peu trop récurrente le cinéma français depuis des années, on ne peut pas dire que le film soit savoureusement drôle. En fait, tout l'intérêt du long-métrage repose sur les épaules du duo formé par Pio Marmaï et Philippe Reboot. Le stoïcisme et l'humanisme de l'un et de l'autre ménageant des séquences fort divertissantes même si là encore, le rire n'est que très rarement au rendez-vous. Retrouver le premier est toujours un authentique plaisir de par ses choix de carrière généralement bienvenus tandis que le second continue son petit bonhomme de chemin dans l'incarnation de personnages mêlant fantaisie et marginalisation. Philippe Reboot semble en effet s'être donné comme ligne de conduite de reprendre la relève du Michel Blanc de Viens chez moi j'habite chez une copine de Patrice Leconte en 1981 ou du Denis de Marche à l'ombre que l'ancien membre du Splendid réalisa et interpréta lui-même trois ans plus tard. Avec cette dégaine de semi-clochard aviné plein d'optimisme en sus ! Pétaouchnok, c'est un peu Les randonneurs de Philippe Harel en mode 2.0. Une mise à jour moins burlesque mais tout aussi grinçante et éprise de caricature, avec ses personnalités bigarrées de milieux sociaux apparemment divergeant. Si l'aventure n'est pas aussi rafraîchissante qu'elle paraissait sur le papier, c'est sans doute parce que le réalisateur a choisi de la traiter sur un ton plus proche de la mélancolie que de l'humour. Tous les poncifs rattachés à ce style d'exercice sont bien présents mais à contrario, la grande variété de personnalités empêche le réalisateur de s'intéresser à chacun à part égale. D'où le sentiment d'assister à un spectacle où tous n'ont pas les mêmes chances de pouvoir s'exprimer de manère équivalente. Des situations souvent rapidement évacuées pour ne concentrer l'essentiel que sur les bévues que rencontreront les deux organisateurs et leurs touristes. Quant au spectateur, il profitera moins des paysages que prévu, totalement absorbé dans la contemplation d'une épreuve longue à amorcer et rude à maintenir jusqu'à son terme. Pétaouchnok est donc une sympathique comédie, moins burlesque que la majorité de la concurrence mais en revanche, nettement plus convaincante...

 

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