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mercredi 23 novembre 2022

Smile de Parker Finn (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

L'idée du ''film d'horreur de l'année'' est un concept qui peut reposer sur tellement de critères que de la seule façon de l'évoquer soit-même est d'étudier la question sur la base de ses propres modèles. Alors... Smile est-il le film d'horreur de l'année 2022 ? Est-il assez terrifiant pour annihiler toute concurrence ? Fait-il preuve d'assez d'originalité pour se débarrasser de toute possibilité de rivalité ? La réponse est... non. Définitivement, non ! Et pourtant, il faut reconnaître au premier long-métrage du réalisateur Parker Finn (auteur des courts-métrages horrifiques The Hidebehind et Laura Hasn't Slept) d'authentiques qualités narratives. Bien que lui soient reprochés les Jump Scares qui émaillent son tout premier véritable projet cinématographique, il est étonnant de constater combien en réalité il fait preuve de discrétion en la matière comparé à la concurrence. D'ailleurs, cet artifice qui, qu'on le veuille ou non, fait partie intégrante du genre, s'imbrique fort logiquement chaque fois qu'il est ici mis en place. Moins grand-guignolesque que ne le laissait présager la séquence d'ouverture lors de laquelle le personnage principal du récit (Sosie Bacon dans le rôle de la psychiatre Rose Cotter) est le témoin du suicide de l'une de ses patientes, Smile est fort heureusement davantage porté sur la lente dégradation psychique et physique de son héroïne que sur l'accumulation de scènes gore. Flippant ? Cela dépend où se place le curseur de sensibilité du spectateur. Les apparitions, bien que souvent mises en valeurs de façon astucieuses, n'effraieront que celles et ceux qui se lancent dans ce type d'aventures macabres pour la première fois. Les autres, eux, auront en tête des souvenirs diablement plus excitants puisqu'à l'époque novateurs ! C'est ainsi qu'aucun d'eux ne sera surpris de constater combien Parker Finn doit tout ou presque au réalisateur David Robert Mitchell et à son excellent It Follows. Vous savez, ce film dans lequel l'héroïne incarnée à l'époque par l'actrice Maika Monroe était contrainte de fuir une malédiction... dont elle pouvait éventuellement se débarrasser en la refilant à un autre...


Mais... ! Que ! Quoi ? Parker Finn n'aurait tout de même pas osé reprendre le schéma à son compte ? Ben si, évidemment. Et celles et ceux qui ne connaissent ni n'ont jamais vu It Follows tomberont dans le piège ! Smile n'est donc pas non plus très original comme nous pouvons ainsi le constater. Oui mais voilà : ce petit malin de Parker Finn, en intégrant cette malédiction qui colle à la peau de ses victimes jusqu'à ce que la mort les emporte à ce récit qui ferait presque perdre la tête aux spectateurs autant qu'à celle de l'héroïne, le réalisateur prend le pari et réussi à imposer une vision sans doute encore plus macabre que dans l'original. Notons qu'il faudra malgré tout faire abstraction au sujet de quelques erreurs d'appréciation. Comme l'emploi d'une créature démesurément grande apparaissant au fond d'un couloir. Une séquence n'ayant pas l'effroyable teneur de celle que l'on pouvait justement déjà contempler dans l’œuvre de David Robert Mitchell. À trop vouloir mimer l'original, Parker Finn se prend les pieds dans le tapis et propose une séquence mimant maladroitement celle qui dans It Follows avait su nous foutre le trouillomètre à zéro !


Reste qu'en dehors de ces considérations pas si puériles qu'elles paraissent être, Smile est de ces petites productions horrifiques qui font très largement leur boulot et qui risque de devenir, du moins pour l'année 2022, l'une des références en matière de cinéma d'épouvante. Le réalisateur parvient en effet à créer un véritable climat anxiogène pénétré par un authentique sentiment de folie grandissante. Convoquant et entremêlant avec délectation (la sienne ainsi que la notre) le paranormal ainsi qu'une certaine idée de la schizophrénie (on compatirait presque pour celles et ceux qui sont victimes de cette terrible maladie), Smile pénètre l'esprit à travers une caméra se jouant totalement des lois de la gravité, une esthétique générale et une colorimétrie en particulier parfois transcendantes et une admirable partition musicale signée de Cristobal Tapia de Veer (les séries Utopia et Black Mirror). L'on ne sursaute donc pas devant l'effroyable chemin de croix que subit la jeune Rose qu'incarne avec crédibilité Sosie Bacon. Pourtant, le film délivre parfois un authentique sentiment de malaise dû à ces nappes étranges et angoissantes prodiguées par le compositeur canado-chilien. Un film qui se dégustera bien évidemment dans sa langue originale, ne serait-ce que pour profiter des hurlements et des crises de panique en ''VO'' de la part de l'actrice qui livre dans son dernier long-métrage, une partition relativement saisissante. Peut-être Smile est-il effectivement le meilleur film d'horreur de l'année. Ou peut-être que non. Quelle importance puisque son auteur parvient à l'essentiel : ne laisser personne indifférent face à ce sinistre sourire qui risque de hanter certains spectateurs pour les nuits à venir...

 

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