Alors qu'est sorti le 14
septembre dernier le tout nouveau long-métrage du réalisateur
franco-algérien Mohamed Hamidi Citoyen d'honneur,
retour sur son second film La vache
dont il écrivit également le scénario en compagnie d'Alain-Michel
Blanc et de Fatsah Bouyahmed. Ce dernier incarne le héros de ce
road-movie hexagonal et campagnard qui n'entretient ni de près, ni
de loin, aucune sorte de rapport avec La vache et
le prisonnier
de Henri Verneuil qui à l'époque, en 1959, fut incarné par
l'acteur Fernandel. Il est pourtant ici question d'une traversée.
Celle du territoire français, du sud vers le nord, de Marseille
jusqu'à Paris où doit se dérouler le Salon de l'Agriculture. C'est
donc à travers le pays, le notre, qu'un paysan du nom de Fatah
Ballabes extrait de son petit village d'Algérie va faire moult
rencontres. Des dizaines de français qui sur sa route vont
l'accueillir à bras ouverts et lui faire découvrir un pays
chaleureux... Qu'il fait bon vivre dans ce pays, la France. Une
France, ici, presque utopique si l'on écarte la manifestation
mettant en jeu l'avenir de nos paysans ainsi qu'un flic relativement
déplaisant ou un beau-frère grincheux (Jamel Debbouze dans le rôle
de Hassan). La vache
situe le tout début de son action ''au pays''. Au bled, là où vit
le héros, son épouse, leur deux filles et les habitants et amis du
village. Tous acceptent de participer financièrement pour que Fatah
puisse faire le voyage vers la France. Après, à lui de se
débrouiller seul pour remonter à pieds jusqu'à la capitale.
L'occasion de rencontrer notamment de sympathiques artistes de rue
l'enivrant lors d'une fête de village, un comte sans le sou fort
accueillant interprété par le toujours excellent Lambert Wilson,
une reporter de télévision (l'actrice Julia Piaton) ou des
manifestants s'apprêtant à mettre à sac la préfecture de leur
région avec à la clé, l'arrestation plutôt arbitraire de Fatah !
Si
sur le papier La vache
est la promesse d'une aventure riche en événements et pourquoi pas,
en enseignements, le travail d'écriture et de mise en scène de
Mohamed Hamidi souffre d'une naïveté qui, à l'aune de
l'interprétation de Fatsah Bouyahmed, rend les choses moins simples
qu'elles n'y paraissent. Ou alors, c'est justement cette simplicité
qui fait le principal défaut de ce long-métrage qui se veut
profondément humaniste. Un sentiment que le réalisateur et ses
interprètes parviennent tout de même à transmettre même si
l'exécution est souvent des plus sommaire. La faute au temps, sans
doute, alloué au récit, ne dépassant pas les quatre-vingt onze
minutes alors qu'il aurait été nécessaire de procurer une durée
supplémentaire à la plupart des situations rencontrées par le
héros et sa vache Jacqueline. Au fil de l'aventure et de ses
rencontres, Fatah se mue peu à peu en véritable phénomène de
société que tout le monde s'arrache. Là encore, on a bien du mal à
y croire. Les événements se précipitant à une telle allure que le
spectateur n'a jamais vraiment le temps de s'acclimater à une
situation que la suivante chasse déjà celle à laquelle le héros
vient d'être confronté. Surtout, La vache
est parfois d'une confondante naïveté. Le réalisateur et ses
scénaristes idéalisent leur propos et ne mettent que trop rarement
leur héros en danger. Du moins, de manière un peu trop niaise et
passionnée. Au spectateur ensuite de ressentir ou non de l'empathie
pour Fatsah Bouyahmed et son personnage. Ou pour celles et ceux qu'il
va croiser et pour cette étonnante aventure entre Algérie, la
société de transport Algerie
Ferries,
la campagne française et la capitale. Difficile de demeurer de
marbre ou hostile face à ce Jacques Tati ou ce Darry Cowl maghrébin
qui nous sort un temps soit peu de ces éternels conflits mis en
images dans les médias ou à travers la fiction et qui opposent les
diverses cultures et religions qui traversent notre pays. Un film
gentil, tendre, mais un peu trop lisse, rêvant d'un hexagone en paix
avec lui-même, bref, un long-métrage innocent... comme l'est sans
conteste son héros...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire