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lundi 21 novembre 2022

La vache de Mohamed Hamidi (2016) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Alors qu'est sorti le 14 septembre dernier le tout nouveau long-métrage du réalisateur franco-algérien Mohamed Hamidi Citoyen d'honneur, retour sur son second film La vache dont il écrivit également le scénario en compagnie d'Alain-Michel Blanc et de Fatsah Bouyahmed. Ce dernier incarne le héros de ce road-movie hexagonal et campagnard qui n'entretient ni de près, ni de loin, aucune sorte de rapport avec La vache et le prisonnier de Henri Verneuil qui à l'époque, en 1959, fut incarné par l'acteur Fernandel. Il est pourtant ici question d'une traversée. Celle du territoire français, du sud vers le nord, de Marseille jusqu'à Paris où doit se dérouler le Salon de l'Agriculture. C'est donc à travers le pays, le notre, qu'un paysan du nom de Fatah Ballabes extrait de son petit village d'Algérie va faire moult rencontres. Des dizaines de français qui sur sa route vont l'accueillir à bras ouverts et lui faire découvrir un pays chaleureux... Qu'il fait bon vivre dans ce pays, la France. Une France, ici, presque utopique si l'on écarte la manifestation mettant en jeu l'avenir de nos paysans ainsi qu'un flic relativement déplaisant ou un beau-frère grincheux (Jamel Debbouze dans le rôle de Hassan). La vache situe le tout début de son action ''au pays''. Au bled, là où vit le héros, son épouse, leur deux filles et les habitants et amis du village. Tous acceptent de participer financièrement pour que Fatah puisse faire le voyage vers la France. Après, à lui de se débrouiller seul pour remonter à pieds jusqu'à la capitale. L'occasion de rencontrer notamment de sympathiques artistes de rue l'enivrant lors d'une fête de village, un comte sans le sou fort accueillant interprété par le toujours excellent Lambert Wilson, une reporter de télévision (l'actrice Julia Piaton) ou des manifestants s'apprêtant à mettre à sac la préfecture de leur région avec à la clé, l'arrestation plutôt arbitraire de Fatah !


Si sur le papier La vache est la promesse d'une aventure riche en événements et pourquoi pas, en enseignements, le travail d'écriture et de mise en scène de Mohamed Hamidi souffre d'une naïveté qui, à l'aune de l'interprétation de Fatsah Bouyahmed, rend les choses moins simples qu'elles n'y paraissent. Ou alors, c'est justement cette simplicité qui fait le principal défaut de ce long-métrage qui se veut profondément humaniste. Un sentiment que le réalisateur et ses interprètes parviennent tout de même à transmettre même si l'exécution est souvent des plus sommaire. La faute au temps, sans doute, alloué au récit, ne dépassant pas les quatre-vingt onze minutes alors qu'il aurait été nécessaire de procurer une durée supplémentaire à la plupart des situations rencontrées par le héros et sa vache Jacqueline. Au fil de l'aventure et de ses rencontres, Fatah se mue peu à peu en véritable phénomène de société que tout le monde s'arrache. Là encore, on a bien du mal à y croire. Les événements se précipitant à une telle allure que le spectateur n'a jamais vraiment le temps de s'acclimater à une situation que la suivante chasse déjà celle à laquelle le héros vient d'être confronté. Surtout, La vache est parfois d'une confondante naïveté. Le réalisateur et ses scénaristes idéalisent leur propos et ne mettent que trop rarement leur héros en danger. Du moins, de manière un peu trop niaise et passionnée. Au spectateur ensuite de ressentir ou non de l'empathie pour Fatsah Bouyahmed et son personnage. Ou pour celles et ceux qu'il va croiser et pour cette étonnante aventure entre Algérie, la société de transport Algerie Ferries, la campagne française et la capitale. Difficile de demeurer de marbre ou hostile face à ce Jacques Tati ou ce Darry Cowl maghrébin qui nous sort un temps soit peu de ces éternels conflits mis en images dans les médias ou à travers la fiction et qui opposent les diverses cultures et religions qui traversent notre pays. Un film gentil, tendre, mais un peu trop lisse, rêvant d'un hexagone en paix avec lui-même, bref, un long-métrage innocent... comme l'est sans conteste son héros...

 

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