Evil Dead...
dans le titre ! Cela veut dire que l'on va évoquer quelques
longs-métrages dont les titres font directement référence au film
culte de Sam Raimi. Nous ne parlerons ni de celui-ci, ni de Evil
Dead II : Dead by Dawn qui
sortit sur les écrans en 1987 mais du documentaire Swallowed
Souls : The Making of Evil Dead II qui
fut réalisé en 2011 par Michael Felsher, de Evil
Dead III : Army of Darkness
que Sam Raimi réalisa en 1992 et des deux premiers volets de la
trilogie japonaise Evil Dead Trap
qui malgré leur titre n'ont en réalité aucun rapport avec les
bobines du réalisateur américain... Comme dans tout bon
documentaire axé sur le tournage de n'importe quel long-métrage,
Swallowed Souls : The Making of Evil Dead II
se penche sur les différentes étapes nécessitant la création
d'une destinée à devenir comme ici, une œuvre culte. Sous forme de
chapitres, le documentaire de Michael Felsher commence par nous
présenter les différents intervenants. Comme l'acteur Bruce
Campbell, vedette indissociable du projet, ses différents
partenaires à l'écran (dont Ted Raimi, le frère du réalisateur
Sam Raimi) ainsi que leurs personnages respectifs. D'autres membres
de l'équipe de tournage interviennent également. Et ce, lors du
chapitre consacré aux effets-spéciaux. Une partie du documentaire
qui nous permet de découvrir des individus sympathiques, bourrés
d'imagination et formant une cohésion parfaite. Swallowed
Souls : The Making of Evil Dead II est
l'occasion d'en apprendre beaucoup et de découvrir des facettes
demeurées inédites jusque là. Sam Raimi lui-même demeure
finalement celui qui reste le plus rare à l'image. En dehors de
quelques interventions filmées à l'époque, ce sont surtout les
membres de l'équipe technique et les interprètes qui apporteront
leur lot d'anecdotes (l'on apprend notamment que le projet fut lancé
contre l'opinion initiale de son réalisateur alors que son précédent
film, le pourtant génial Mort sur le grill
scénarisé par les frères Ethan et Joel Coen, fut un bide au
cinéma). Swallowed Souls : The Making of
Evil Dead II est
un documentaire précieux, rendant concrète la visite du plateau de
tournage d'un authentique mythe du cinéma gore et fantastique.
Est-il nécessaire de préciser que le documentaire est indispensable
pour tous les amoureux de cinéma fantastique en général et de Sam
Raimi en particulier... ?
1992
est l'année de sortie de Evil Dead III :
L'armée des tenèbres.
Et comme son nom l'indique, il s'agit du troisième volet de la
franchise Evil Dead
prenant comme lieu d'action non plus la célèbre cabane qui fut le
théâtre des monstruosités commises dans les deux premiers opus
mais le royaume du roi Arthur (l'acteur Marcus Gilbert) en l'an 1300.
Alors que ce dernier pressent que son ennemi juré le duc de Schale
Henry le Rouge (Richard Grove) est à l'origine de la présence en
leur temps de Ash (le héros des deux premiers longs-métrages de la
franchise toujours interprété par Bruce Campbell), ce dernier va
devoir collaborer avec le roi, son armée et un alchimiste (Ian
Abercrombie) s'il veut pouvoir retourner dans le présent. Contraint,
pour cela, de devoir mettre la main sur le Necronomicon, Ash se lance
dans de dangereuses péripéties. Mais alors que l'alchimiste lui
avait ordonné de réciter la formule Klaatu
barada nikto avant
de se saisir de l'ouvrage maléfique, Ash se trompe et réveille les
forces du Mal. Son double maléfique et l'armée des ténèbres
essentiellement constituées de squelettes plus ou moins décharnés
vont sortir de terre et se diriger tout droit vers le royaume
d'Arthur afin de se réapproprier le Necronomicon... Dans le ton du
précédent Evil Dead II : Dead by Dawn,
le réalisateur Sam Raimi propose ici une œuvre mêlant fantastique,
horreur et comédie. Visuellement, et malgré un budget de onze
millions de dollars nettement plus important que pour les premier et
second long-métrage de la franchise (350 000 dollars pour le
premier, 3 000 000 pour le deuxième), Sam Raimi ne semble pas avoir
pu réaliser le film tel qu'il l'avait foncièrement envisagé. Si la
mise en scène, l'interprétation et le scénario qu'il a lui-même
écrit en compagnie du fidèle réalisateur, acteur et scénariste
Scott Spiegel permettent à ce Evil Dead III :
L'armée des ténèbres d'être
en tous points fidèle à l'esprit de la saga, on imagine sans mal
quel aurait été le film s'il avait pu bénéficier d'un budget
nettement supérieur aux onze millions de billets verts engagés dans
la production. On retrouve en effet le même délire graphique avec
ses effets-spéciaux en Stop-Motion,
ses démons survoltés et son humour cartoonesque dans lequel Bruce
Campbell se fourvoie sans retenue. Avec Evil Dead
III : L'armée des ténèbres,
Sam Raimi signe un Retour du Roi
avant l'heure avec des moyens éminemment moins importants. Ici, les
figurants (majoritairement constitués d'images de synthèse) sont
certes moins nombreux que ne le seront ceux de l'adaptation du
chef-d’œuvre de Tolkien par Peter Jackson dans les années 2000 Le
Seigneur des anneaux : Le Retour du roi
mais tous y mettent un tel cœur à l'ouvrage que le résultat est au
moins à la hauteur des deux précédents films de la franchise.
Bricolé, aussi délirant qu'un dessin animé réalisé dans l'esprit
de Tex Avery, le troisième long-métrage de la franchise mérite
comme ses prédécesseurs le terme de film culte ! Alors qu'un
reboot de l'original vit le jour en 2003 sous la houlette de Fede
Álvarez, et qu'une série intitulée Ash vs.
Evil Dead est
visible depuis 2015, on attend toujours que sorte sur les écrans le
cinquième opus de la franchise sous le titre Evil
Dead Rise.
Une sortie en France est prévue sur notre territoire pour le 19
avril prochain...
Maintenant,
évoquons deux longs-métrages d'origine japonaise qui n'ont de
rapport avec la franchise de Sam Raimi que le nom. Evil
Dead Trap I et
II.
Le premier est l’œuvre de Toshiharu Ikeda et date de 1988 tandis
que le second fut réalisé par Izô Hashimoto quatre ans plus tard.
Au vu du synopsis de Evil Dead Trap premier
du nom, on a d'emblée l'impression que le film est plus proche d'un
Cannibal Holocaust
(Ruggero Deodato), voire d'un Tesis (Alejandro
Amenábar) que du film culte du réalisateur italien. Et pour cause :
le film se concentre non plus sur une bande magnétique, un ouvrage,
une cabane dans les bois et des démons s'en prenant à une poignée
de jeunes gens mais sur une présentatrice de télévision qui après
avoir reçu une curieuse cassette vidéo sur laquelle semble avoir
été enregistré un Snuff
Movie décide
d'enquêter sur les origines de l'enregistrement. Pas folle la guêpe
puisque la miss se rend sur les lieux où semblent avoir été
tournées les images en compagnie de son équipe constituée de
quatre employés. Qui dès leur arrivée vont se séparer en deux
groupes de deux et un groupe de... un ! (Tiens, tiens, ça me
rappelle un sketch de Bigard sur les films d'horreur!!!). Une
ancienne base militaire désaffectée où rôde un tueur mystérieux.
Rien ne semblant devoir ressembler davantage à un film japonais
qu'un autre film japonais, Evil Dead Trap
est typique de cette vague de longs-métrages horrifiques dont l'un
des portes-drapeaux est Shin'ya Tsukamoto. L’œuvre de Toshiharu
Ikeda lui ressemble d'ailleurs parfois, lorsque la caméra devient
folle et que l'image s'accélère à la manière du cultissime
Tetsuo.
À dire vrai, le titre paraît parfois n'être pas le seul point
commun avec l’œuvre de Sam Raimi. Quelques passages paraissent
effectivement avoir été inspirés par les deux premiers Evil
Dead.
À vouloir entrapercevoir des références cinématographiques,
pourquoi ne pas y ajouter également quelques éléments diffusés de
manière éparses et s'imprégnant quant à eux des univers chers au
réalisateur italien Dario Argento. Oui, oui, le maître du giallo.
Malheureusement, Toshiharu Ikeda n'a pas le génie du transalpin et
les compositions de Tomohiko Kira n'ont pas la teneur de celles des
Goblin ! L'un des principaux atouts de Evil
Dead Trap,
ce sont ses meurtres. Originaux et parfois très graphiques. D'autres
argueront que l'étrangeté qui parcourt de long en large la
pellicule est aussi l'un des points forts du film. À contrario,
reconnaissons tout de même que le film s'étire sur une trop longue
durée et que l'on s'y emmerde très souvent ! Des tunnels de
dialogues et des tunnels... tout court. Un environnement aussi
labyrinthique que le scénario et l'indescriptible récit. Un
slasher/Giallo japonais dont on ressort essoré de n'avoir pas
vraiment saisi l'intérêt. Si certains plans valent le coup d’œil,
le bodycount est décevant et le rythme soporifique. Résultat, on se
refera volontiers la filmographie de Shin'ya Tsukamoto plutôt que
ce curieux objet filmique !
Autant
dire que c'est avec prudence que l'on se jettera sur Evil
Dead Trap II même
si cette fois-ci Toshiharu Ikeda n'est plus de la partie et qu'il
laisse Izô Hashimoto prendre le relais. Pour cette suite qui n'en
n'est pas vraiment une puisque l'on ne retrouve ni l'intrigue ni les
personnages du long-métrage sorti quatre ans auparavant, Izô
Hashimoto signe une séquelle qui contrairement à certains avis
mitigés me semble bien supérieure au premier Evil
Dead Trap.
Mais les films n'entretenant que comme uniques rapports leur titre et
une passion immodérée pour les séquences gore, nous nous
dispenserons d’émettre un quelconque avis comparatif. Moins
foutraque et donc plus cohérent dans le déroulement du récit, Evil
Dead Trap II met
en scène Aki (l'actrice Shoko Nakajima ), jeune femme
ronde apparemment atteinte psychologiquement par un traumatisme qui
l'empêche de vivre pleinement son existence. Et ce, malgré l'amitié
que lui voue Emi (Rie Kondoh), sa seule amie et l'attirance dont elle
sera bientôt l'objet de la part de Kurahashi (Shirô Sano). Au delà
de cette étrange relation ressemblant peu ou prou à un triangle
amoureux, des meurtres abominables sont commis dans la région. En
effet, un tueur s'en prend aux jeunes femmes qu'il tue et dont il
prélève l'utérus. Les bases du scénario étant ainsi posées,
Evil Dead Trap II semble
apparemment moins délirant que son prédécesseur et pourtant, ses
personnages naviguent dans un univers fantasmagorique. La matière
est ici beaucoup plus consistante et compacte que dans le premier
Evil Dead Trap
dans lequel les interprètes semblaient être un peu trop en roue
libre. Durant une grande partie, Aki apparaît comme une alternative
féminine et japonaise au Frank Zito du film culte de William Lustig,
Maniac
(1980). Du moins, jusqu'à ce que nous soit révélée la vérité.
Visuellement, ce second volet de la franchise n'a rien à envier au
long-métrage de Toshiharu Ikeda. Cette suite bénéficie même de
séquences absolument remarquables comme ce duel opposant les deux
héroïnes au beau milieu de drapés immaculés qui au fil des coups
de lames dans les chairs vont passer du blanc au rouge sang !
Shoko Nakajima interprète une Aki presque mutique, prostrée,
malaisée et marginale. Outre ce portrait frappant d'une jeune femme
qui à la suite d'un avortement semble avoir perdu toute illusion, le
film regorge de séquences chocs dont la plupart s'avèrent radicales
et vont crescendo dans leur traitement de la violence. Un cadavre
découvert éventré sur une berge, un meurtre commis sous la pluie
au sortir d'une boite de nuit, le résultat d'un carnage visible dans
une salle de bain et l'affrontement sans fin entre les deux ''ex
amies''... De quoi permettre aux amateurs de gore de se faire la main
sur ce petit bijou méconnu. À noter qu'il existe un troisième
volet intitulé Evil Dead Trap 3: Broken Love
Killer
signant le retour à la réalisation de Toshiharu Ikeda dont on peut
cependant douter de la filiation réelle (le titre original n'est
plus dans la continuité des deux premiers volets mais s'intitule
Chigireta ai no satsujin
tandis qu'il a été traduit à l'internationale sous le titre
The Brutal Insanity of Love)...
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