Les épidémies et autres
pandémies sont l'un des thèmes privilégiés du septième art
puisque les films qui se sont penchés dessus sont légion. Si
aujourd'hui, le sujet sert surtout de terreau fertile à la
thématique des infectés, il fut un temps où le sérieux et
l'inquiétude liés au propos étaient quasi généralisés. Avant
que des créatures hostiles se mettent à courser des congénères
demeurés sains, David Cronenberg et George Romero réalisèrent des
œuvres plus ou moins visionnaires. Dans le courant des années
soixante-dix, Le premier tourna Shivers
et Rabid
en l'espace de deux ans tandis que le second allait s'avérer être
l'ancêtre du genre avec The Crazies
en 1973. Mais le thème des maladies et de leur propagation parmi les
populations étant un sujet éminemment sérieux, d'autres se sont
penchés sur la question avec un certain sens de la gravité et du
réalisme non dénués d'une certaine courtoisie envers les amateurs
de divertissements qui voulaient avant tout du spectacle. Rien de
bien austère, donc, si ce n'est le propos lui-même qui, à sa seule
évocation, peut parfois filer des boutons ! Bien avant le
cradingue Cabin Fever
d'Eli Roth, le Contagion
de Steven Soderbergh, le fléau
de Stephen King (pour sa partie littéraire) ou encore L'Armée
des 12 singes
de Terry Gilliam, d'autres cinéastes se sont donc intéressés à
cet épineux problème : Robert Wise et The
Andromeda Strain
en 1973 ou George Pan Cosmatos avec Le Pont de
Cassandra.
D'autres longs-métrages beaucoup moins connus et pourtant pas le
moins du monde inintéressants prirent comme thématique la diffusion
dans l'air d'une bactérie hautement contagieuse et virulente. Comme
Plague
de Ed Hunt. Un réalisateur qui auprès des amateurs de films
d'horreur est surtout connu pour avoir été l'auteur du creepy Les
tueurs de l'éclipse
en 1981 mais beaucoup moins pour celui-ci qu'il tourna six ans
auparavant...
De
manière nettement moins ''vampirique'' que Rose (l'actrice Marilyn
Chambers) dans Rage
(1977) mais beaucoup plus proche du terroriste du Pont
de Cassandra
la même année, un virus va se propager dans la ville après qu'une
femme atteinte par une très dangereuse bactérie ait eu un contact
direct avec plusieurs individus. Plague montre
assez judicieusement la manière dont peut se propager une maladie.
Ici, la femme en question transmet la bactérie au contact d'un
billet de banque qu'elle va échanger contre un repas. Le vendeur
répercutant lui-même la menace de propager la maladie en
confectionnant des sandwichs qu'il vendra ensuite. Mais ça continue
puisqu'en ensuite, la jeune femme se rend dans un cinéma où, une
fois encore, elle va transmettre le virus. De manière réaliste et
même parfois relativement troublante (voire dérangeante lorsqu'un
homme tombe par exemple inanimé dans la rue d'un quartier crasseux),
toute la chaîne de transmission est ici représentée. Du
laboratoire où fut testée une bactérie qui à l'origine était
prévue pour augmenter le rendement de denrées alimentaires jusqu'à
sa propagation en dehors des murs de l'enceinte...
D'origine
canadienne, Plague
ressemble à s'y méprendre au Rage
de David Cronenberg, lui-même originaire du Canada et qui traitait
son sujet sur un ton beaucoup plus fantaisiste. Pourtant, Rose et
Margo Simar (Céline Lomez) partagent des points communs en se
désintéressant des restrictions et des conséquences et en se
déplaçant sur un vaste territoire tout en communiquant aux autres
la maladie. Déjà angoissant ne serait-ce que pour le sujet évoqué,
Plague
bénéficie en outre d'une partition musicale signée de Eric
Robertson relativement anxiogène. En tout cas, qui participe
aisément au malaise ressenti durant la majeure partie du récit. Le
film de Ed Hunt est une sorte de mile-feuilles où se superposent des
séquences passant sans cesse du laboratoire où sont examinées
différentes possibilités quant à la manière de contrer la
maladie, à l'extérieur, là où la porteuse du virus fuit et
communique inconsciemment la maladie. Alors que le film est sorti à
l'époque en salle aux États-Unis, il semble que le public français
n'ait pas eu cette même chance (ou le malheur, qui sait) de pouvoir
le découvrir sur grand écran. Ce qui, au fond, n'est pas un mal
puisque le long-métrage a tout du téléfilm du dimanche après-midi.
On ne peut pas dire en effet que la mise en scène et la plupart des
aspects techniques brillent par leurs qualités. On conseillera avant
tout Plague
aux complétistes et aux curieux de tous poils car si le film de Ed
Hunt parvient à générer un certain malaise, c'est moins pour ses
qualités narratives que pour son ambiance parfois lourde et son
image granuleuse (le film fut découvert dans une VHS toute pourrie
accentuant le malaise)...
Voila un film qu'il me faut découvrir . Merci pour cette présentation.
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