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vendredi 18 novembre 2022

Plague d'Ed Hunt (1979) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Les épidémies et autres pandémies sont l'un des thèmes privilégiés du septième art puisque les films qui se sont penchés dessus sont légion. Si aujourd'hui, le sujet sert surtout de terreau fertile à la thématique des infectés, il fut un temps où le sérieux et l'inquiétude liés au propos étaient quasi généralisés. Avant que des créatures hostiles se mettent à courser des congénères demeurés sains, David Cronenberg et George Romero réalisèrent des œuvres plus ou moins visionnaires. Dans le courant des années soixante-dix, Le premier tourna Shivers et Rabid en l'espace de deux ans tandis que le second allait s'avérer être l'ancêtre du genre avec The Crazies en 1973. Mais le thème des maladies et de leur propagation parmi les populations étant un sujet éminemment sérieux, d'autres se sont penchés sur la question avec un certain sens de la gravité et du réalisme non dénués d'une certaine courtoisie envers les amateurs de divertissements qui voulaient avant tout du spectacle. Rien de bien austère, donc, si ce n'est le propos lui-même qui, à sa seule évocation, peut parfois filer des boutons ! Bien avant le cradingue Cabin Fever d'Eli Roth, le Contagion de Steven Soderbergh, le fléau de Stephen King (pour sa partie littéraire) ou encore L'Armée des 12 singes de Terry Gilliam, d'autres cinéastes se sont donc intéressés à cet épineux problème : Robert Wise et The Andromeda Strain en 1973 ou George Pan Cosmatos avec Le Pont de Cassandra. D'autres longs-métrages beaucoup moins connus et pourtant pas le moins du monde inintéressants prirent comme thématique la diffusion dans l'air d'une bactérie hautement contagieuse et virulente. Comme Plague de Ed Hunt. Un réalisateur qui auprès des amateurs de films d'horreur est surtout connu pour avoir été l'auteur du creepy Les tueurs de l'éclipse en 1981 mais beaucoup moins pour celui-ci qu'il tourna six ans auparavant...


De manière nettement moins ''vampirique'' que Rose (l'actrice Marilyn Chambers) dans Rage (1977) mais beaucoup plus proche du terroriste du Pont de Cassandra la même année, un virus va se propager dans la ville après qu'une femme atteinte par une très dangereuse bactérie ait eu un contact direct avec plusieurs individus. Plague montre assez judicieusement la manière dont peut se propager une maladie. Ici, la femme en question transmet la bactérie au contact d'un billet de banque qu'elle va échanger contre un repas. Le vendeur répercutant lui-même la menace de propager la maladie en confectionnant des sandwichs qu'il vendra ensuite. Mais ça continue puisqu'en ensuite, la jeune femme se rend dans un cinéma où, une fois encore, elle va transmettre le virus. De manière réaliste et même parfois relativement troublante (voire dérangeante lorsqu'un homme tombe par exemple inanimé dans la rue d'un quartier crasseux), toute la chaîne de transmission est ici représentée. Du laboratoire où fut testée une bactérie qui à l'origine était prévue pour augmenter le rendement de denrées alimentaires jusqu'à sa propagation en dehors des murs de l'enceinte...


D'origine canadienne, Plague ressemble à s'y méprendre au Rage de David Cronenberg, lui-même originaire du Canada et qui traitait son sujet sur un ton beaucoup plus fantaisiste. Pourtant, Rose et Margo Simar (Céline Lomez) partagent des points communs en se désintéressant des restrictions et des conséquences et en se déplaçant sur un vaste territoire tout en communiquant aux autres la maladie. Déjà angoissant ne serait-ce que pour le sujet évoqué, Plague bénéficie en outre d'une partition musicale signée de Eric Robertson relativement anxiogène. En tout cas, qui participe aisément au malaise ressenti durant la majeure partie du récit. Le film de Ed Hunt est une sorte de mile-feuilles où se superposent des séquences passant sans cesse du laboratoire où sont examinées différentes possibilités quant à la manière de contrer la maladie, à l'extérieur, là où la porteuse du virus fuit et communique inconsciemment la maladie. Alors que le film est sorti à l'époque en salle aux États-Unis, il semble que le public français n'ait pas eu cette même chance (ou le malheur, qui sait) de pouvoir le découvrir sur grand écran. Ce qui, au fond, n'est pas un mal puisque le long-métrage a tout du téléfilm du dimanche après-midi. On ne peut pas dire en effet que la mise en scène et la plupart des aspects techniques brillent par leurs qualités. On conseillera avant tout Plague aux complétistes et aux curieux de tous poils car si le film de Ed Hunt parvient à générer un certain malaise, c'est moins pour ses qualités narratives que pour son ambiance parfois lourde et son image granuleuse (le film fut découvert dans une VHS toute pourrie accentuant le malaise)...

 

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