Screambox
est un service de streaming consacré au cinéma d'horreur et propose
donc des œuvres dont la vocation première est de satisfaire les
appétits des amateurs de cinéma horrifique. Alors que la plateforme
a récemment proposé la diffusion de Terrifier 2
pour la fête d'Halloween,
on peut notamment y découvrir un film d'origine argentine assez peu
courant puisque l'on y voit les membres d'un groupe de musique pop
féminin confronté à des créatures qui ont de près ou de loin à
voir avec des infectés, des morts-vivants ou autres zombies. Sorti
sous le titre original Emesis el Amor Mata (qui
signifie Vomissements,
l'amour tue)
et à l'international sous celui de Pussy Cake
(ou, Gâteau de
chatte),
l'un comme l'autre donnent une idée assez précise du contenu de
l’œuvre et se complètent même étroitement puisqu'il est en
effet question de créatures vomissant de grandes quantités d'un
liquide blanchâtre et de personnages presque exclusivement féminins.
Quatre musiciennes dont deux au moins sont lesbiennes, ce qui donne
au titre anglais une évidente connotation sexuelle. Rejoignant
d'autres pays de l'Amérique Latine dans le grand baquet de sang de
l'horreur et de l'épouvante, l'Argentine et le réalisateur Pablo
Parés proposent aux amateurs l'un des derniers dérivés d'une vague
longue de centaines de films sur le sujet des infectés. Plus proches
de ces derniers que des zombies qui eux doivent en tout état de
cause et comme le veut logiquement la tradition, garder la vitesse de
croisière d'une bande de vieux en déambulateurs, les infectés de
Emesis el Amor Mata galopent
et bavent
jusqu'à n'en plus pouvoir. Des réserves d'une salive ô combien
répugnante, entre mucus abondant giclant sous les mouvements de
têtes et slime s'écoulant en permanence d'orifices buccaux. Le
long-métrage met donc en scène Elle, Sara, Juli et Sofi Cake qui
après avoir donné un concert sont sur la route lorsqu'elle ont un
léger accident les contraignant à quitter leur véhicule pour
rejoindre la petite ville où vit Simon, le compagnon de l'une
d'entre elles. Un punk qui comme la plupart des habitants du coin
s'est mué en une créature bruyante et vorace à la recherche d'une
gorge à saigner et d'une bouche à l'intérieur de laquelle vomir...
Ouais,
tout ceci ne semble pas vraiment très fin. Et d'ailleurs, le
réalisateur argentin ne s'en cache pas puisque avec une tel titre,
c'est sans ambages qu'il nous annonce d'avance que son film sera non
seulement très gore mais aussi et surtout, très ''baveux'' !
Emesis el Amor Mata
se rapproche du contexte du tout premier long-métrage gore que
réalisa le néo-zélandais Peter Jackson il y a plus de trente-cinq
ans : Bad Taste
et
ses envahisseurs venus d'une autre planète qui avaient bien avant
les infectés de Emesis el Amor Mata,
envahi et vidé une petite ville de ses habitants. Sauf que voilà,
trente-sept ans ont passé. Et le génie du néo-zélandais ne se
retrouve jamais vraiment dans l’œuvre de l'argentin. Car bien que
Pablo Parès tente de tout miser sur le rythme fou de la mise en
scène, l'implication débordante d'énergie de Macarena Suárez,
Aldana Ruberto, Sofia Rossi ou d'Anahí Politi, les séquences gore
et certains délires visuels de plus ou moins bon goût, la sauce ne
prend pas vraiment. La faute à un rythme qui justement paraît
beaucoup trop artificiel. Durant un peu plus de quatre-vingt minutes,
le film ne fait que répéter inlassablement les mêmes séquences
tout en usant de ce subterfuge vieux comme le monde qui consiste à
séparer d'emblée les personnages pour rendre les situations les
plus périlleuses et angoissantes qui soient. Quant aux séquences
gore, si l'on compte bien, elles ne sont pas si nombreuses qu'espéré
puisque la majeure partie des effusions ne sont pas celle d'un sang
écarlate mais d'une production salivaire très importante. Des
effets qui s'avèrent donc faciles à mettre en œuvre et qui ne
feront malheureusement illusion que la première fois que les
spectateurs verront un infecté vomir à la face de l'une des
héroïnes. C'est d'autant plus dommage que l'ouverture du récit
semblait devoir emporter ses personnages vers un récit mêlant
science-fiction et multivers. Un prétexte ne servant que de base
mensongère pour diriger le récit vers tout autre chose. Sans être
pénible à regarder, Emesis el Amor Mata n'en
est pas moins décevant et en réalité beaucoup moins trash et
mordant que ne veut le faire croire le titre original et sa
''traduction'' anglaise...
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