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dimanche 6 novembre 2022

Detective Knight: Rogue d'Edward Drake (2022) - ★★★★★☆☆☆☆☆

 


 

Heu... Que l'on m'explique une chose. Bruce Willis n'avait-il pas mis un terme à sa carrière pour cause d'aphasie ? Un petit tour sur l'Internet Movie Data Base semble confirmer le contraire. En effet, alors qu'il y a quelques mois encore il m'avait semblé que l'un de ses derniers projets s'intitulait Paradise City, voilà que l'ancienne star du cinéma d'action vient de démarrer une nouvelle trilogie dont le premier volet s'intitule Detective Knight: Rogue. L'année 2022 ne paraît donc pas être celle du chant du cygne puisque si le second opus est déjà terminé, le troisième est prévu pour 2023. Après, que les choses soient claires. Je ne serai jamais aussi heureux que d'entendre que que celui qui incarna John McClane, si diminué puisse-t-il être, continuera à nous abreuver de cinéma d'action même si l'espoir de le retrouver en pleines capacités physiques et mentales est enterré depuis longtemps ! Il demeure cependant un point auquel l'on ne doit pas accorder le privilège de demeurer sous silence : Bruce Willis aurait vendu son image pour que celle-ci puisse être à l'avenir exploitée sans que l'acteur n'ait à se déplacer sur les plateaux de tournage. La technologie dite du Deepfake comme la connaissent ceux qui utilisent notamment l'application Reface impliquant la génération de visages numériques à l'aide d'algorithmes semble donc devoir être la solution pour celui qui souffre en partie d'une perte de sa capacité à pouvoir s'exprimer. Demeure alors une question : ce procédé qui peut paraître très improbable dans le cas de la star mais qui pourtant n'est pas chose rare au cinéma a-t-elle été mise à contribution dans Detective Knight: Rogue ? Le seul moyen de le savoir s'avère logiquement de jeter un œil à ce long-métrage que pas grand monde n'attendait certainement. Sachant que ces dernières années Bruce Willis n'a fait qu'apparaître majoritairement dans de piètres DTV de très mauvaise facture (aussi bien d'un point de vue technique qu'au niveau de l'interprétation et de la mise en scène), si subterfuge il y a, n'importe quel téléspectateur pourra en être le témoin avisé !


Cent-cinq minutes... Voilà la durée de ce nouveau long-métrage mettant (pas vraiment) en avant Bruce Willis. Fut un temps où cette durée pouvait être envisagée comme un cadeau des dieux du cinéma d'action à l'attention des amateurs du genre. Mais aujourd'hui, accoler le nom d'un film d'une durée excédant les quatre-vingt dix minutes à un projet auquel est associée la star sent généralement très mauvais. Et il n'est pas rare d'ailleurs que de s'infliger des œuvres d'une telle durée soit une épreuve. Non pas seulement parce que Bruce Willis n'y semble être que l'ombre de ce qu'il fut mais parce que les moyens financiers, le niveau d'interprétation de ses partenaires (qui paraissent être eux aussi atteints d'aphasie), la technique et la mise en scène semblent avoir été revus à la baisse. Au mieux, l'on s'y ennuie. Au pire, l'on s'endort ! Avec tout le respect qui me caractérise pour ce grand monsieur du cinéma et l'espoir, pourquoi pas,que le miracle ait eu lieu, c'est avec un plaisir non dénué d'une certaine crainte que je me décidais à me lancer dans la projection. Pour commencer, mauvaise nouvelle : Detective Knight: Rogue est l’œuvre d'un certain Edward Drake. Et pour ceux qui ne voient pas où je veux en venir, disons qu'il fut l'auteur ces dernières années de quelques bonnes grosses daubes déjà interprétées par Bruce Willis. Ceux qui ont vu Cosmic Sin ou Apex savent très bien de quoi je veux parler. Mais passons... Le nouveau projet en commun entre le réalisateur et l'acteur démarre plutôt chaudement puisque lors du braquage d'un fourgon rempli de billets verts, le collègue du policier James Knight (Bruce Willis) se prend deux balles dans le buffet et lui claque quasiment dans les bras. D'emblée, cette première séquence souffre de problèmes relativement gênants. Comme le montage par exemple : Bruce Willis/James Knight marche d'un pas tranquille vers ceux qui viennent d'abattre son partenaire (dont il s'éloigne logiquement), détail très important) et pourtant, le plan suivant le montre agenouillé devant ce dernier. Un raccourci scénaristique, une ellipse qui pique quant même les yeux. Surtout lorsque cela intervient alors que le récit vient à peine de débuter. Mais là encore, passons...


Plus qu'à son flic, Detective Knight: Rogue s'intéresse tout d'abord au personnage de Casey Rhodes, ancien quaterback d'une équipe de football américain qui après avoir triché lors d'un match a tout perdu et qui pour subvenir aux besoins de sa femme et de leur fille participe désormais à des braquages commandités par un certain Winna (l'acteur Michael Eklund). Rhodes est plutôt bien campé par Beau Mirchoff et assez bien caractérisé. Traqué par James Knight, son collègue Godwin Sango (Jimmy Jean-Louis, lequel est incroyablement inexpressif) et par Winna, sa famille est menacée de mort à la suite d'un coup manqué ! Une simili descente aux enfers qui va se solder par la collaboration inespérée de James Knight, ce dernier faisant alors une pierre deux coups ! Voilà pour l'histoire. On est loin, très loin des grandes heures du cinéma d'action en général et de celles mettant en scène Bruce Willis en particulier. Mais au vu du pedigree d'Edward Drake, le film ne s'en sort pas trop mal. Entre un Bruce Willis absent de la majeure partie des scènes et un Beau Mirchoff très impliqué, sans savoir à combien a pu se monter le budget, on se doute que le réalisateur n'a pas bénéficié d'un montant à la hauteur des blockbusters du genre. Des impacts de balles filmés à l'aide de CGI tout pourris, des erreurs de montage à la pelle (un container qui tombe pour se retrouver à sa place initiale quelques plans après), des flash-back bordéliques, mais aussi une grande générosité en terme d'événements. Basique, le scénario ne chôme pas. Edward Drake multiplie les scènes d'action et les situations et contente ainsi celles et ceux qui ne sont pas trop regardant en terme de mise en scène et d'acting.... Mais alors.... Deepfake ou pas Deepfake ? Vue l'attitude de Bruce Willis et son impassibilité, nul doute que c'est bien lui qui s'affiche à l'écran. Dans la droite lignée des productions dans lesquelles il est apparu ces dix ou quinze dernières années, Detective Knight: Rogue est le genre de toute petite série B qui se calera sans mal entre un épisode des Experts et n'importe quel téléfilm policier...

 

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