Heu... Que l'on
m'explique une chose. Bruce Willis n'avait-il pas mis un terme à sa
carrière pour cause d'aphasie ? Un petit tour sur l'Internet
Movie Data Base semble confirmer
le contraire. En effet, alors qu'il y a quelques mois encore il
m'avait semblé que l'un de ses derniers projets s'intitulait
Paradise City,
voilà que l'ancienne star du cinéma d'action vient de démarrer une
nouvelle trilogie dont le premier volet s'intitule Detective
Knight: Rogue.
L'année 2022 ne paraît donc pas être celle du chant du cygne
puisque si le second opus est déjà terminé, le troisième est
prévu pour 2023. Après, que les choses soient claires. Je ne serai
jamais aussi heureux que d'entendre que que celui qui incarna John
McClane, si diminué puisse-t-il être, continuera à nous abreuver
de cinéma d'action même si l'espoir de le retrouver en pleines
capacités physiques et mentales est enterré depuis longtemps !
Il demeure cependant un point auquel l'on ne doit pas accorder le
privilège de demeurer sous silence : Bruce Willis aurait vendu
son image pour que celle-ci puisse être à l'avenir exploitée sans
que l'acteur n'ait à se déplacer sur les plateaux de tournage. La
technologie dite du Deepfake
comme la connaissent ceux qui utilisent notamment l'application
Reface
impliquant la génération de visages numériques à l'aide
d'algorithmes semble donc devoir être la solution pour celui qui
souffre en partie d'une perte de sa capacité à pouvoir s'exprimer.
Demeure alors une question : ce procédé qui peut paraître
très improbable dans le cas de la star mais qui pourtant n'est pas
chose rare au cinéma a-t-elle été mise à contribution dans
Detective Knight: Rogue ?
Le seul moyen de le savoir s'avère logiquement de jeter un œil à
ce long-métrage que pas grand monde n'attendait certainement.
Sachant que ces dernières années Bruce Willis n'a fait
qu'apparaître majoritairement dans de piètres DTV
de très mauvaise facture (aussi bien d'un point de vue technique
qu'au niveau de l'interprétation et de la mise en scène), si
subterfuge il y a, n'importe quel téléspectateur pourra en être le
témoin avisé !
Cent-cinq
minutes... Voilà la durée de ce nouveau long-métrage mettant (pas
vraiment) en avant Bruce Willis. Fut un temps où cette durée
pouvait être envisagée comme un cadeau des dieux du cinéma
d'action à l'attention des amateurs du genre. Mais aujourd'hui,
accoler le nom d'un film d'une durée excédant les quatre-vingt dix
minutes à un projet auquel est associée la star sent généralement
très mauvais. Et il n'est pas rare d'ailleurs que de s'infliger des
œuvres d'une telle durée soit une épreuve. Non pas seulement parce
que Bruce Willis n'y semble être que l'ombre de ce qu'il fut mais
parce que les moyens financiers, le niveau d'interprétation de ses
partenaires (qui paraissent être eux aussi atteints d'aphasie), la
technique et la mise en scène semblent avoir été revus à la
baisse. Au mieux, l'on s'y ennuie. Au pire, l'on s'endort ! Avec
tout le respect qui me caractérise pour ce grand monsieur du cinéma
et l'espoir, pourquoi pas,que le miracle ait eu lieu, c'est avec un
plaisir non dénué d'une certaine crainte que je me décidais à me
lancer dans la projection. Pour commencer, mauvaise nouvelle :
Detective Knight: Rogue
est l’œuvre d'un certain Edward Drake.
Et pour ceux qui ne voient pas où je veux en venir, disons qu'il fut
l'auteur ces dernières années de quelques bonnes grosses daubes
déjà interprétées par Bruce Willis. Ceux qui ont vu Cosmic
Sin
ou Apex
savent très bien de quoi je veux parler. Mais passons... Le nouveau
projet en commun entre le réalisateur et l'acteur démarre plutôt
chaudement puisque lors du braquage d'un fourgon rempli de billets
verts, le collègue du policier James Knight (Bruce Willis) se prend
deux balles dans le buffet et lui claque quasiment dans les bras.
D'emblée, cette première séquence souffre de problèmes
relativement gênants. Comme le montage par exemple : Bruce
Willis/James Knight marche d'un pas tranquille vers ceux qui viennent
d'abattre son partenaire (dont il s'éloigne logiquement), détail
très important) et pourtant, le plan suivant le montre agenouillé
devant ce dernier. Un raccourci scénaristique, une ellipse qui pique
quant même les yeux. Surtout lorsque cela intervient alors que le
récit vient à peine de débuter. Mais là encore, passons...
Plus
qu'à son flic, Detective Knight: Rogue
s'intéresse
tout d'abord au personnage de Casey Rhodes, ancien quaterback d'une
équipe de football américain qui après avoir triché lors d'un
match a tout perdu et qui pour subvenir aux besoins de sa femme et de
leur fille participe désormais à des braquages commandités par un
certain Winna (l'acteur Michael Eklund). Rhodes est plutôt bien
campé par Beau Mirchoff et assez bien caractérisé. Traqué par
James Knight, son collègue Godwin Sango (Jimmy Jean-Louis, lequel
est incroyablement inexpressif) et par Winna, sa famille est menacée
de mort à la suite d'un coup manqué ! Une simili descente aux
enfers qui va se solder par la collaboration inespérée de James
Knight, ce dernier faisant alors une pierre deux coups ! Voilà
pour l'histoire. On est loin, très loin des grandes heures du cinéma
d'action en général et de celles mettant en scène Bruce Willis en
particulier. Mais au vu du pedigree d'Edward
Drake, le film ne s'en sort pas trop mal. Entre un Bruce Willis
absent de la majeure partie des scènes et un Beau
Mirchoff très impliqué, sans savoir à combien a pu se monter le
budget, on se doute que le réalisateur n'a pas bénéficié d'un
montant à la hauteur des blockbusters du genre. Des impacts de
balles filmés à l'aide de CGI
tout
pourris, des erreurs de montage à la pelle (un container qui tombe
pour se retrouver à sa place initiale quelques plans après), des
flash-back bordéliques, mais aussi une grande générosité en terme
d'événements. Basique, le scénario ne chôme pas. Edward
Drake multiplie les scènes d'action et les situations et contente
ainsi celles et ceux qui ne sont pas trop regardant en terme de mise
en scène et d'acting.... Mais alors.... Deepfake
ou pas Deepfake ?
Vue l'attitude de Bruce Willis et son impassibilité, nul doute que
c'est bien lui qui s'affiche à l'écran. Dans la droite lignée des
productions dans lesquelles il est apparu ces dix ou quinze dernières
années, Detective Knight: Rogue
est le genre de toute petite série B qui se calera sans mal entre un
épisode des Experts
et n'importe quel téléfilm policier...
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