L'aventure The
Infernal Machine
démarre par un aveu : une confusion directement liée à
l'affiche. L'impression qu'Arnold Schwarzenegger y trône alors que
la vérité est plus simple que cela : Lorsque Guy Pearce
planque son visage sous une importante chevelure et une épaisse
barbe, il devient difficile de distinguer les deux hommes. Le second
long-métrage du réalisateur Andrew Hunt est un thriller qui sort
des sentiers battus. C'est d'ailleurs très loin de la ville que son
héros s'est implanté. Un écrivain, auteur il y a vingt ans en
arrière d'un unique roman qui fit polémique après que l'un de ses
lecteurs ai décidé de perpétrer un carnage en commettant un
meurtre de masse. Ce qui ressemble tout d'abord aussi bien à une
retraite qu'un besoin de se faire oublier (le bonhomme a depuis
changé d'identité) va pourtant par la suite ressembler au produit
d'un brainstorming entre le Stephen King de Vue
imprenable sur jardin secret et
de La part des
ténèbres et
le Scott Kosar de The Machinist
(Brad Anderson, 2005). Deux auteurs qui auraient émis l'idée de
reprendre leur propres travaux pour les mixer avec celui de Yann
Gozlan et Guillaume Lemans effectué sur Un homme
idéal
qui lui est sorti en 2015. L'on comprend alors assez rapidement qu'on
parle dans The Infernal Machine
de littérature et de cette obsession que génèrent parfois certains
auteurs ou certains écrits. La musique et le métier d'acteur
n'étant pas l'apanage des aficionados en mal de reconnaissance
personnelle qui aimeraient ressembler à leurs idoles, ici, Bruce
Cogburn (Guy Pearce, donc) va avoir à faire avec ce que l'on
pourrait tout d'abord imaginer comme un fan qui cycliquement (c'est à
dire, tous les jours sans interruptions) va harceler le romancier. Un
écrivain qui d'ailleurs a perdu de sa superbe et a choisi de se
vêtir façon redneck pour mieux se fondre dans le décor et ainsi se
faire oublier...
Mais
c'était sans compter sur le diabolique scénario écrit par le
réalisateur lui-même et inspiré par le podcast de Louis Kornfeld
produit par Jonathan Mitchell. Une histoire totalement folle qui
pourrait bien faire perdre la tête à certains spectateurs, comme
semble s'égarer l'esprit du héros. On conseillera d'ailleurs à
l'éventuelle partie de l'audience qui serait atteinte de pollakiurie
d'aller se vider la vessie jusqu'à la dernière goutte avant de se
plonger corps et âme dans ce récit parfois alambiqué dont il ne
faudra pas rater la moindre phrase. Frisant les deux heures, The
Infernal Machine passe
à une vitesse telle que le film semble ne pas dépasser les
quatre-vingt ou quatre-vingt-dix minutes. Autant dire que l'on n'a
pas vraiment le temps de se tourner les pouces ou de consulter les
réseaux sociaux sur son téléphone. Guy Pearce interprète de
manière convaincante un ancien écrivain défait. Physiquement,
s'entend. Psychologiquement, ça n'est pas mieux : Vivant loin
de toute civilisation (la première cabine téléphonique est à
vingt minutes en voiture), Bruce Cogburn surveille en permanence le
manège des rares voitures qui passent à proximité de sa demeure.
Nous remarquerons d'ailleurs que les rares occasions de voir les
roues d'une voiture soulever la poussière sont généralement des
symptômes inquiétants...
Moite,
l'ambiance ne rivalise tout de même pas avec les auréoles de sueur
du génial Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia
de Sam Peckinpah mais se montre plus proche de certains univers chers
aux frères Joel et Ethan Coen (Blood Simple
ou No Country for Old Men).
Mais ici, pas de tueur à gage. Nous aurions presque envie de
cataloguer le long-métrage d'Andrew Hunt comme une version
désertique et ''sous-traitée'' (!?!) du génial L'antre
de la folie
de John Carpenter. Car de folie, semble-t-il, il est question.
Certaines séquences font si bien perdre au spectateur son sens de
l'orientation qu'on ne sait plus vraiment dans quel type d'univers
les personnages sont plongés. Un amalgame, sans doute, entre
thriller, drame et... peut-être... fantastique ? Allez savoir
ce qu'il se trame derrière ce récit dont il vaudrait mieux taire
les véritables implications. [Spoil] : Sachons tout de même
que certaines d'entre elles impliquent le dédoublement de
personnalité, le vol d'ouvrage et peut-être même celui de
l'identité. The Infernal Machine
évoque
en outre le phénomène d'identification des personnages de fiction
dans le monde réel et quelques ''infractions'' parcourant ce dernier
comme ces séquences qui se répètent notamment en boucle lorsque le
héros rencontre une énigmatique jeune femme dans un restaurant.
The Infernal Machine
est une bonne surprise même si le final laisse quelque peu à
désirer. En outre l'on devine malheureusement assez rapidement la
plupart de ce qui se trame derrière cette affaire de roman et
d'écrivain maudit ainsi que de harcèlement...
beau film
RépondreSupprimermerci
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