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dimanche 25 septembre 2022

Le casse de Henri Verneuil (1971) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Retour sur un Bebel de qualité mais un Bebel sans doute moins populaire... Parce que moins fou, moins ''exhibitionniste'', traitant son personnage avec moins de dérision et d'excès. Cette marque qu'il imprimera par la suite beaucoup plus couramment, quel que soit son personnage. Le Bebel des années à venir, passionnant les foules venues se délecter de ses cascades, de ses gaudrioles, de sa verve théâtrale mais qui dans le cas qui nous intéresse ici incarne Azad, qui aux côtés de trois complices (dont la délicieuse Nicole Calfan, au temps de sa jeunesse et de sa grande beauté) va braquer le domicile d'un riche homme d'affaire athénien. Nous sommes au tout début des années soixante-dix et forcément, le matériel employé par Azad, Ralph (Robert Hossein qui dix ans plus tard campera l'antagoniste commissaire Rosen dans le superbe Le professionnel de Georges Lautner) et Renzi (l'acteur italien Renato Salvatori) nous paraîtra désuet. Certains gestes feront même peut-être tiquer certains agités du bocal se prenant un peu trop la tête, mais déjà, cette seule séquence installe un principe qui parcourra le film de long en large. Ce suspens étirant certaines d'entre elles afin de maintenir une pression chez le spectateur. Car tout aussi bien équipée que puisse être notre équipe de cambrioleurs, le destin ne va pas les ménager. S'introduisant donc dans la demeure d'un certain monsieur Tasco (l'acteur espagnol José Luis de Vilallonga) en pleine nuit, un flic (Omar Sharif dans le rôle d'Abel Zacharia) va passer par là et trouver étrange la présence d'une voiture garée non pas à l'intérieur de la propriété mais le long du trottoir. Une situation dont parviendra cependant à se dépêtrer l'astucieux Azad. Mais les choses allant de paire, une fois l'acte répréhensible commis, les quatre complices qui s'attendaient à quitter le pays mallette de bijoux en mains à bord d'un navire dès le lendemain matin vont malheureusement devoir patienter cinq jours en ville...


Voici donc comment nous est présenté Le casse. Un casting brillant et hétéroclite, un metteur en scène de grande valeur particulièrement rigoureux, mais aussi et surtout, un Ennio Morricone à la baguette, signant l'une de ces partitions qui vous hantent et n'ont pas besoin d'être nommées pour deviner qui se cache derrière. Plus que des scènes d'anthologie qui se succèdent (impossible d'oublier l'incroyable course-poursuite en voiture entre Jean-Paul Belmondo et Omar Sharif dans les rues d'Athènes, orchestrée par Rémy Julienne et son équipe, et dont la durée donne encore de nos jours le vertige), le film est un duel entre deux hommes. On pourrait à nouveau évoquer la confrontation entre le commandant Josselin Beaumont (Belmondo) et l'effroyable commissaire Rosen du Professionnel mais le couple Belmondo/Sharif fait ici des merveilles. Une œuvre dans laquelle personne n'est ni vraiment mauvais, ni vraiment bon. Course-poursuite : imaginez que le personnage incarné par Jean-Paul Belmondo croise à nouveau la route de celui interprété par Omar Sharif. C'est alors la fuite. Dès qu'il claque la portière de sa Fiat 124 Special T rouge, le compteur démarre et c'est alors parti pour neuf minutes et seize secondes d'un duel dans les rues d'Athènes lors de laquelle le flic poursuit le voleur de bijoux à bord de son Opel Rekord A noire. Si le boulevard qui s'ouvre devant les deux hommes paraît d'abord avantager leur circulation, il faudra moins de temps qu'il ne le faut pour le dire pour se rendre compte de la mise en danger de ceux qui sont au volant et de celle des badauds qu'ils croiseront en chemin. Une pointe d'humour : Cette procession religieuse dont les bougies s'éteignent devant le souffle produit par le passage des deux véhicules. Et que dire de ce spectacle produit par des danseurs de sirtaki dans un amphithéâtre, lequel se mue alors en une arène à l'extérieur de laquelle les spectateurs ont déjà oublié ceux qu'ils étaient venus applaudir au profit des deux bolides fonçant à toute allure ? Un duel de taule froissée démentiel dont une question persistera jusqu'à son terme : lequel des deux hommes en sortira vainqueur ? Le rugissement des moteurs laisse la place à un silence presque ''assourdissant'' et le polar se mue alors en western...


C'est en réalité presque là que débute vraiment Le casse. Dont le titre aurait tendance à nous divertir quand la véritable raison du film est ailleurs. Dans ce face à face entre deux monstres du cinéma dont les personnages, pour être tout à fait honnête, se valent très largement d'un point de vue morale. Car on le découvrira par la suite, raisonner notre cambrioleur ou pire, les envoyer ses complices et lui derrière les barreaux ne va pas être la priorité d'Abel Zacharia. Mais chut... ! Les dialogues ont beau avoir parfois l'air ceux d'un roman de gare et non pas ceux d'une grande œuvre littéraire (Henri Verneuil s'est chargé lui-même de leur écriture), la chose ici n'a pas vraiment d'importance. Tout tient en fait dans le regard et le sourire plein de malice d'Omar Sharif et dans cette fausse candeur que lui soumet parfois Jean-Paul Belmondo. On appréciera (ou pas) le message sous-jacent que le réalisateur s'est amusé à ''graver'' sur pellicule. Ce mépris qu'il semble avoir pour ces riches notables, hautains et arrogants. C'est peut-être là, qui sait, que lui est venue l'idée de faire du flic, ce personnage ambigu et au fond, pas vraiment intègre. Mais n'oublions pas que le film est tout d'abord l'adaptation du roman signé de l'écrivain américain David Goodis, The Burglars. Notons également que le roman fut déjà adapté sur grand écran en 1957 par le réalisateur américain Paul Wendkos sous son titre éponyme traduit chez nous sous celui du Cambrioleur. Bon, après, le film n'est pas dénué de défauts. Comme ces sept minutes environs, sortant totalement le film de son contexte et situées entre la rencontre du héros avec un mannequin de charme et un spectacle de cabaret dont on cherche encore l'intérêt ! Interprété par de grands acteurs et surtout, devrais-je dire, DEUX grands interprètes, Le casse est ce que l'on pourrait appeler un ''grand Belmondo''. Ce qu'il est au demeurant. Mais tellement davantage encore...

 

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