À la question quel est
selon vous le plus célèbre survival, parions que le Grand Public
répondra en majorité le Délivrance de John Boorman.
À cette même question, bien des amateurs de bandes horrifiques
feront sans doute de même bien que dans leur esprit étriqué de
fans de sueurs froides, certains d'entre eux auront également en
mémoire ce qu'il fut aussi parfois commun de nommer sous
l'inquiétant sobriquet de Shockers ! Ces bandes crapoteuses
tout droit venues des seventies et parmi lesquelles on trouvait au
hasard le Maniac de William Lustig, La dernière
maison sur la gauche de Wes Craven ou le Massacre à la
tronçonneuse de Tobe Hooper. Ces deux derniers pouvant
d'ailleurs être aisément comparés au long-métrage de John
Boorman... Wes Craven, justement. L'homme qui offrit ses lettres de
noblesse au genre survival par deux fois grâce non seulement à son
premier long-métrage mais aussi à son second, le bien nommé La
colline à des yeux (traduction pourtant relativement
réductrice d'un titre original qui figurait quant à lui
l'intégralité des décors en arrière plan si l'on veut bien
comprendre le sens infiniment plus inquiétant DES collines
environnantes). Ces quelques exemples dont les nouvelles générations
de néophytes n'apprirent sans doute l'existence qu'à travers toute
une série de remakes ou préquelles nés bien des décennies plus
tard et qui parmi eux certains cinéastes mirent au monde des
séquelles tout à fait dispensables. Comme La colline a des
yeux 2
que Wes Craven commit lui-même quelques années plus tard, en 1985.
Autre décennie, autre qualité... Médiocre à cette occasion. Ou ce
The Outpost
signé de Joe Gayton en 1995 et honteusement retitré La
colline a des yeux 3 bien
que le récit n'ait absolument rien de commun avec ceux des deux
premiers volets... si ce n'est le désert servant de décor. Près de
trente ans après l'original de Wes Craven réalisé en 1977, un
réalisateur français du nom d'Alexandre Aja connu pour son très
efficace Haute Tension
en 2003 allait remettre les pendules à l'heure. Ou plutôt, faire
peau neuve du récit original en mode 2.0 en proposant un remake en
tout point (ou presque) semblable au classique du réalisateur
américain à l'origine beaucoup plus tard des franchises Les
Griffes de la nuit
et Scream.
Car
il est vrai qu'en comparant l'un et l'autre des longs-métrages, on
se demande dans quelle mesure ce remake a sa place dans la mythologie
de cette bande d’arriérés victimes dans la version 2006 de tests
effectués sur la bombe nucléaire dans le Nevada. Principale
différence avec les mutants cannibales de la version datant de 1977
inspirés quant à eux de la famille Bean dont le chef de clan
écossais Alexander Bean et ses quarante-huit membres auraient tué
et ''dévoré''
plus de mille hommes, femmes et enfants durant le seizième siècle !
Poussant le mimétisme jusqu'à nommer sa charmante famille
d'américains moyens sous le même patronyme que celle du
long-métrage de Wes Craven, Alaxandre Aja reprend également dans
les grandes lignes (et même parfois avec précision), toutes les
séquences chocs de l'original ! De quoi, au mieux, satisfaire
les nostalgiques ou au pire, les contraindre à l'ennui ! Les
célèbres Dee Wallace-Stone (Hurlements
de Joe Dante, E.T. l'extraterrestre
de Steven Spielberg, Cujo
de Lewis Teague, etc...) et Michael Berryman (Vol
au-dessus d'un nid de coucou
de Milos Forman) disparaissant au profit de Ted Levine, connu pour
avoir incarné le serial killer Buffalo Bill dans le formidable
Silence des agneaux de
Jonathan Demme ou le Capitaine Leland Stottlemeyer dans l'excellente
série Monk...
Parmi
les membres de la famille Carter nous retrouvons le patriarche, un
ancien flic patriote assez bourru humiliant avec toujours autant de
vigueur son beau-fils Doug Bukowski (l'acteur Aaron Stanford). À ses
côtés, son épouse Ethel (Kathleen Quinlan) qui ne dénote pas non
plus avec l'ancienne version, pieuse, effacée mais attentive aux
moindres besoins de sa petite famille. Pour le reste de celle-ci,
rien à déclarer de nouveau. Du côté des frappadingues qui vivent
non plus seulement au sommet des collines environnantes mais dans une
petite ville minière abandonnée, c'est à un festival de dégénérés
consanguins que nous convient des effets-spéciaux de maquillages
plutôt convaincants et très à la mode depuis les débuts de cette
vague mortelle qui allait déferler dès 2003 avec le premier volet
de la franchise gore Détour Mortel.
Une alternative forestière n'ayant pas à rougir face à la
concurrence (du moins lors des deux premiers volets). L'un des ajouts
majeurs de cette Colline a des yeux version
2006 est cette visite prolongée dans le repaire de la famille
cannibale où sont exposés les vestiges d'essais nucléaires et de
beaux spécimens de monstres humains dont un hydrocéphale
particulièrement troublant. Plus violent, plus gore mais ressemblant
au fond énormément à l'original, La colline a
des yeux
d'Alexandre Aja est un remake d'excellente facture qui fera vibrer
les amateurs de films d'horreur brutaux et sanguinaires mais qui sans
doute, touchera moins les nostalgiques des années soixante-dix,
époque à laquelle cette version 2006 ne semble apporter aucune
espèce d'importance. Notons que dès l'année suivante fut mise en
chantier une suite sobrement intitulée La
colline a des yeux 2 et
cette fois-ci réalisée par Martin Weisz sur la base d'un scénario
écrit par... Wes Craven lui-même ainsi que par son propre fils...
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