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mardi 16 août 2022

Sous le sable de François Ozon (2000) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Sentir, voir, toucher ou entendre sont des facultés inestimables. Mais ce qui l'est peut-être encore davantage est cette aptitude à ressentir en soi des émotions. Celles-ci irriguent notre cerveau mais aussi notre corps tout entier. IMAX, 4DX, ces nouveaux systèmes qui permettent sur grand écran de vivre le cinéma beaucoup plus intensément que par le passé. Une alternative coûteuse (entre 15 et 20 euros dans le meilleur des cas) et qui, me semble-t-il, n'a pas encore été mis à disposition des foyers (rectifiez si je me trompe). Et pourtant, avec un peu d'ingéniosité et de patience, il est possible de vivre chez soi, de telles expériences. Mais alors, comment s'y prendre ? Faire comme aujourd'hui, par exemple. Et attendre que la pluie se décide enfin à tomber, comme elle s'est déclarée voilà une quinzaine de minutes. C'est dans ces conditions un peu particulières où le Soleil a disparu derrière les nuages et où le bruit de millions de gouttes tombant successivement sur le pavé dénigre tout besoin de silence que j'ai démarré la projection de Sous le sable de François Ozon. Son quatrième long-métrage seulement et pourtant, sans doute, l'un des plus riches émotionnellement et néanmoins des plus sobres. Dix ans avant qu'il ne surenchérisse dans la caricature et le théâtral avec son Potiche qui selon moi fut beaucoup trop surestimé, Sous le sable revient à ce climat particulièrement trouble qui gravitait autour de cette histoire simple que partageaient les deux interprètes féminines du moyen-métrage Regarde la mer. Énigmatique et empli de sous-entendus, le titre lui-même soulève des questions alors même que le générique d'ouverture n'a pas encore débuté. S'il pleut ici à grosses gouttes pour un temps indéterminé, le contraste avec ce qu'il adviendra de Bruno Cremer/Jean Drillon, disparu après s'être jeté dans la mer, renforce ce sentiment de malaise qui persiste autant que la moiteur du climat qui nous est imposé depuis deux mois. Point culminant (parmi tant d'autres) d'une œuvre profondément intrigante, la caméra de François Ozon pose un regard insistant sur celui de l'actrice britannique Charlotte Rampling...


Une Charlotte Rampling dont on ne célèbre d'ailleurs que très rarement la chaleur... Visage froid, presque de marbre, regard triste... François Ozon a pourtant su saisir ici toute sa beauté, la rendant ainsi plus rayonnante que jamais. Filmant l'actrice de manière obsessionnelle, la caméra, toujours elle, la cadre au plus près, sous tous les angles et dans des ébats amoureux puis sexuels terriblement voluptueux. Curieusement, Sous le sable projette l'image d'un long-métrage qui sera réalisé longtemps plus tard, en 2017 et aux États-Unis, par le cinéaste américain David Lowery. Car en effet, rien ne rapproche davantage A Ghost Story que le film de François Ozon avec sa thématique renversée dans laquelle ça n'est plus tant l'héroïne qui cherche à conserver l'image de son défunt mari mais le fantôme de ce dernier qui se détermine à demeurer dans l'entourage de sa bien aimée. Si David Lowery allait dix-sept ans plus tard tourner un drame ouvertement fantastique, François Ozon fait œuvre en 2010 d'une ambiguïté renforcée par la disparition avérée de l'époux dont la mort, elle, reste encore à déterminer. Car Sous le sable est d'abord et avant tout un vibrant et très puissant hommage à l'amour. Épaulé par Marina de Van mais également par Emmanuèle Bernheim et Marcia Romano à l'écriture, le réalisateur français signe un long-métrage profond, discret, sensible, touchant et se distinguant par une force d'évocation remarquable. Discrète, la partition musicale de Philippe Rombi, fidèle collaborateur de François Ozon depuis Les amants criminels réalisé un an auparavant, nuance au même titre que la mise en scène et l'interprétation un sujet éminemment grave porté par la sensibilité de chacun. Le cynisme coutumier du français s'efface derrière les sourires parfois inattendus de son héroïne qui ne semble pas se chercher de raison d'oublier celui que l'on suppose avoir disparu à jamais. Triple hommage à la passion, l'amour et son interprète principale, vingt-deux ans après sa sortie, Sous le sable demeure parmi les plus brillantes réussites de François Ozon...

 

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