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lundi 2 mai 2022

Hunted de Vincent Paronnaud (2022) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

L'homme est un loup pour l'homme comme tentent à le prouver de nombreux ouvrages littéraires, longs-métrages ou plus simplement, ces témoignages quotidiens formés autour d'authentiques faits-divers plus ou moins sordides. Et celui de ce petit film réalisé par l'auteur de bandes dessinées et réalisateur français Vincent Paronnaud (auteur de Persepolis en 2007 conjointement avec la réalisatrice franco-iranienne Marjane Satrapi) est particulièrement corsé. Au départ, deux individus dont toute morale semble avoir été déprogrammée de leur matière grise. Deux ''dingues'' dont la définition du terme est à elle seule une évocation de la folie dans ce qu'elle a de plus réducteur. Le premier des deux hommes qui n'ont ni l'un ni l'autre de patronyme est interprété par l'acteur irlandais Ciaran O'Brien (une dizaine de rôles jusqu'à maintenant, entre courts, épisodes de séries télévisées et longs-métrages). Un faible d'esprit qui sous le joug du second est prêt à commettre des actes irréparables. Tiens, le second justement. Qui incarné sous ses faux airs de Joaquin Phoenix par l'acteur franco-belge Arieh Worthalter est particulièrement marquant et peut se définir comme un sociopathe misogyne dont le plaisir premier est de foutre la trouille à la gente féminine. Car ce qui ne paraît être de prime abord qu'un petit jeu sans autre conséquence que de faire flipper une jeune blonde venue se perdre dans un bar un peu glauque (l'actrice belge Lucie Debay dans le rôle de Ève) va se transformer en une partie de chasse dans une forêt. Traquée de nuit comme de jour, la jolie blonde toute de manteau rouge vêtue (référence probable au Petit Chaperon Rouge que l'on assignera sans chauvinisme à l'homme de lettres français Charles Perrault puisqu'il fut l'auteur de la version la plus ancienne du mythe) va subir les assauts et les insultes des deux méchants loups mais va pouvoir profiter en contrepartie de l'aide inespérée de Mère Nature (l'attaque du corbeau, notamment) et du Hasard (la sortie de route du véhicule des deux timbrés dans le coffre duquel Ève est enfermé tombe à bien nommé)...


Survival et Revenge (sans le Rape qui accompagne généralement l'esprit de vengeance de ce type si particulier de long-métrage), voici donc le nouveau fond de commerce du réalisateur et scénariste (aux côtés de Léa Pernollet) Vincent Paronnaud qui se lance dans l'aventure horrifique tout en abreuvant (in)volontairement l'ouvrage de séquences humoristiques qui désamorcent la tension chaque fois qu'elle débarque à l'image. Les scènes ubuesques s'enchaînent sans prévenir tandis que l'angoisse tant espérée se fait la malle. C'est d'ailleurs dommage car Arieh Worthalter dans le rôle du taré s'avère au moins aussi convainquant que peut l'être Lucie Debay dans celui de la jeune femme traquée. Hunted sent cependant le film à petit budget. Ce qui en soit, n'est en rien rédhibitoire. Par contre, le manque de maîtrise du sujet et le déroulement du récit on ne peut plus anarchique empêchent l’œuvre de transcender le genre. À dire vrai, la principale originalité du film de Vincent Paronnaud et donc son principal atout est de convoquer les éléments constituant la Nature afin de mettre tout en œuvre pour aider Ève tout en faisant subir à son tortionnaire, toute une série d'épreuves auxquelles il n'était certainement pas préparé. Au bout d'une heure, le réalisateur perd même carrément le contrôle de son film et l'ensemble part en eau de boudin, les séquences s'enchaînant en une accumulation de faits improbables. Au final, Hunted est un ''drôle'' de petit film (terme que l'on pourra lui aussi évoquer à double sens) qui peut séduire par l'originalité de son scénario foutraque mais aussi décevoir les amateurs de frissons. Surtout que le ton véritablement anxiogène des débuts libère la place au profit d'une fable burlesque. Le long-métrage de Vincent Paronnaud se concevra donc tout d'abord comme une parodie des genres invoqués plus haut que comme un pur produit horrifique... Étonnant...

 

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