L'homme est un loup pour
l'homme comme tentent à le prouver de nombreux ouvrages littéraires,
longs-métrages ou plus simplement, ces témoignages quotidiens
formés autour d'authentiques faits-divers plus ou moins sordides. Et
celui de ce petit film réalisé par l'auteur de bandes dessinées et
réalisateur français Vincent Paronnaud (auteur de Persepolis
en
2007 conjointement avec la réalisatrice
franco-iranienne Marjane Satrapi) est particulièrement corsé. Au
départ, deux individus dont toute morale semble avoir été
déprogrammée de leur matière grise. Deux ''dingues'' dont
la définition du terme est à elle seule une évocation de la folie
dans ce qu'elle a de plus réducteur. Le premier des deux hommes qui
n'ont ni l'un ni l'autre de patronyme est interprété par l'acteur
irlandais Ciaran O'Brien (une dizaine de rôles jusqu'à maintenant,
entre courts, épisodes de séries télévisées et longs-métrages).
Un faible d'esprit qui sous le joug du second est prêt à commettre
des actes irréparables. Tiens, le second justement. Qui incarné
sous ses faux airs de Joaquin Phoenix par l'acteur franco-belge
Arieh Worthalter est particulièrement marquant et peut se définir
comme un sociopathe misogyne dont le plaisir premier est de foutre la
trouille à la gente féminine. Car ce qui ne paraît être de prime
abord qu'un petit jeu sans autre conséquence que de faire flipper
une jeune blonde venue se perdre dans un bar un peu glauque
(l'actrice belge Lucie Debay dans le rôle de Ève) va se transformer
en une partie de chasse dans une forêt. Traquée de nuit comme de
jour, la jolie blonde toute de manteau rouge vêtue (référence
probable au Petit Chaperon Rouge
que l'on assignera sans chauvinisme à l'homme de lettres français
Charles Perrault puisqu'il fut l'auteur de la version la plus
ancienne du mythe) va subir les assauts et les insultes des deux
méchants loups mais va pouvoir profiter en contrepartie de l'aide
inespérée de Mère Nature (l'attaque du corbeau, notamment) et du
Hasard (la sortie de route du véhicule des deux timbrés dans le
coffre duquel Ève est enfermé tombe à bien nommé)...
Survival
et Revenge (sans le
Rape qui accompagne
généralement l'esprit de vengeance de ce type si particulier de
long-métrage), voici donc le nouveau fond de commerce du réalisateur
et scénariste (aux côtés de Léa Pernollet) Vincent Paronnaud qui
se lance dans l'aventure horrifique tout en abreuvant
(in)volontairement l'ouvrage de séquences humoristiques qui
désamorcent la tension chaque fois qu'elle débarque à l'image. Les
scènes ubuesques s'enchaînent sans prévenir tandis que l'angoisse
tant espérée se fait la malle. C'est d'ailleurs dommage car Arieh
Worthalter dans le rôle du taré s'avère au moins aussi
convainquant que peut l'être Lucie Debay dans celui de la jeune
femme traquée. Hunted
sent cependant le film à petit budget. Ce qui en soit, n'est en rien
rédhibitoire. Par contre, le manque de maîtrise du sujet et le
déroulement du récit on ne peut plus anarchique empêchent l’œuvre
de transcender le genre. À dire vrai, la principale originalité du
film de Vincent Paronnaud et donc son principal atout est de
convoquer les éléments constituant la Nature afin de mettre tout en
œuvre pour aider Ève tout en faisant subir à son tortionnaire,
toute une série d'épreuves auxquelles il n'était certainement pas
préparé. Au bout d'une heure, le réalisateur perd même carrément
le contrôle de son film et l'ensemble part en eau de boudin, les
séquences s'enchaînant en une accumulation de faits improbables. Au
final, Hunted
est un ''drôle''
de petit film (terme que l'on pourra lui aussi évoquer à double
sens) qui peut séduire par l'originalité de son scénario foutraque
mais aussi décevoir les amateurs de frissons. Surtout que le ton
véritablement anxiogène des débuts libère la place au profit
d'une fable burlesque. Le long-métrage de Vincent Paronnaud se
concevra donc tout d'abord comme une parodie des genres invoqués
plus haut que comme un pur produit horrifique... Étonnant...
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