Enfant 44,
c'est d'abord un ouvrage. Celui de l'écrivain Tom Rob Smith qui avec
ce premier roman connaît un succès retentissant auprès du public
et de la critique. C'est ensuite son adaptation sur grand écran par
le cinéaste suédois Daniel Espinosa, lequel signera deux ans plus
tard en 2017 le sous-alien Life : Origine Inconnue.
C'est enfin actuellement, l'une des dernières adaptations (juste
avant L'Impossible Définition du Mal de Maud
Tabachnick en 2017) d'un fait divers sordide et authentique survenu
entre le 22 décembre 1976 et le tout début des années quatre-vingt
dix. L'un des plus brillants exercices en la matière demeure encore
le Citizen X que réalisa en 1995 le cinéaste Chris
Gerolmo. Si pour les profanes, Enfant 44 s'apparente
à une mise en abyme du système mis en place durant des décennies
en Union Soviétique doublé d'une intéressante enquête policière,
pour les autres, l’œuvre de de Daniel Espinosa ressemblera
davantage à une simple mise à jour du propos évoqué à l'origine
par Robert Cullen dans l'ouvrage qu'il a consacré au tueur en série
Andreï Tchikatilo, L'Ogre de Rostov.
Mieux vaut d'ailleurs ne pas avoir déjà vu le long-métrage de
Chris Gerolmo car même si Enfant 44 demeure
effectivement un film plutôt réussi dans l'ensemble, on est quand
même loin d'atteindre la qualité du film réalisé vingt ans
auparavant.
Mais
tout n'étant qu'une histoire de goût et certains préférant
peut-être assister à l'adaptation du fait divers à travers
l'interprétation du duo formé par Tom Hardy et Gary Oldman (sans
oublier l'actrice Noomi Rapace dans le rôle de Raïssa) qu'à
travers celle de l'excellent duo formé par Stephen Rea et Donald
Sutherland en 1995, chacun y trouvera son compte.
Enfant 44 s'attaque
tout d'abord à l'effarant témoignage d'une Union Soviétique
refusant l'hypothèse qu'un tueur en série puisse roder dans un pays
dirigé d'une main de fer par l'un des plus grands dictateurs
anticommunistes au monde, Joseph Staline. Un détail
qui explique alors pourquoi les autorités auront mis quinze ans pour
arrêter Andreï Tchikatilo, membre du Parti s'étant servi du
système afin de tuer en toute impunité une cinquantaine d'enfants
dont il avoua avoir dévoré certaines parties du corps. Si Daniel
Espinosa a choisi de conserver le nom réel de l'homme qui enquêta
puis mis fin aux agissements de l'Ogre de Rostov (l'agent Leo
Demidov du Comité
pour la Sécurité de l'État,
soit le KGB), il décide par contre de ne pas conserver celui du
tueur (ici, l'acteur Paddy Constantine incarne le personnage de
Vladimir Malevich) alors même que le film retrace avec un certain
respect de la réalité, la méthodologie du tueur et de l'enquêteur
ainsi que les lieux.
Le
film, notamment tourné à Pragues, à Kladno et à Ostrava, respecte
d'une certaine manière le climat opaque d'une Union Soviétique
exécutant à tours de bras les traîtres de la nation. Même si la
réalisation demeure parfois quelconque, le réalisateur parvient à
retranscrire l'ambiance de paranoïa qui régnait alors à Moscou et
dans les faubourgs alentours. L'interprétation est juste, avec un
duo Hardy-Rapace convainquant. Quant à Gary Oldman, eu égard à son
immense talent, l'acteur britannique me semble malheureusement
sous-exploité et n'arrive jamais à se hisser à la hauteur de
l'excellent Donald Sutherland dans Citizen X.
Chez nous, les spectateurs retiendront la présence d'un Vincent
Cassel en Major Kuzmin plutôt insignifiant vu le tableau de chasse
de cet excellent acteur français. Au final, Enfant
44 est
une adaptation sympathique d'un fait diver authentique abominable
dont ont fait les frais plusieurs dizaines d'enfants, mais
parfaitement inutile alors que tout semblait avoir été abordé dans
l'excellent film de Chris Gerolmo...
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