Projeté en ouverture du
75ème festival de Cannes, le dernier long-métrage de Michel
Hazanavicius est-il le nouveau signe ''pas très avant-coureur'' de
la lente décrépitude que connaît l'événement depuis un certain
nombre d'années ? Transformant la chose en revue de presse où
se bousculent Volodimir Zelenski, ce valeureux président ukrainien
qui ne veut surtout pas capituler face à l'envahisseur russe, ainsi
que ce virus que l'on nomme ''Culture Woke'',
c'est donc une œuvre apparemment toute petite qui ouvre le bal.
L'impression que le festival de Cannes est désormais ouvert à tout
et n'importe quoi ? Au fond, quelle importance ? Qui se
soucie vraiment encore de l'événement, des films qui y sont
projetés et des résultats annoncés moins de deux semaines après
son lancement ? Coupez !
est cet étrange objet qui ne doit faire parler de lui que parce
qu'il ose s'aventurer sur les terres japonaises et notamment d'un
certain Kamera o tomeru na !
réalisé et monté par le cinéaste japonais Shin'ichirō Ueda en
2017. Et non parce qu'il s'impose, tout aussi minuscule que puisse
sembler paraître le projet, comme l'une des curiosités de ce
festival de Cannes cuvée 2022. Reprenant le concept de son homologue
venant tout droit du pays du Soleil-Levant, Coupez !
est
davantage que la série Z
à
laquelle sa première demi-heure renvoie le nouveau long-métrage du
réalisateur français Michel Hazanavicius. Ce long plan-séquence
qui fait l'objet d'un rejet massif de la part de celles et ceux qui
sans doute, n'étaient probablement pas suffisamment préparés à ce
type de spectacle. Car si le cinéma trash s'avère comme une seconde
nature pour certains cinéastes japonais et une partie non
négligeable du public, en France, mieux vaut avoir étudié ce
concept avant de se rendre dans une salle de cinéma pour y découvrir
Coupez !
Et
encore... Connaître sur le bout des doigts ses classiques ne vaut
pas comme un remède efficace à cent pour cent puisque apparemment,
on peut être convaincu de l'utilité d'une telle pratique mêlant
avec allégresse tripailles et irrévérence tout en étant
curieusement allergique au film de Michel Hazanavicius. De cette
fâcheuse habitude qui pousse on ne sait pourquoi, certains à juger
d'une œuvre bien avant de l'avoir découverte. Si Kamera
o tomeru na ! bénéficie
d'un statut d’œuvre culte (mérité ou pas, là n'est pas la
question), en comparaison, Coupez ! ne
démérite absolument pas face à son concurrent direct. Bien au
contraire car si l'on pouvait craindre que sa durée nuise au concept
de film vaguement trash généralement compacté en une heure et demi
tout au plus, les raisons expliquant cette rallonge portant la durée
de cette version hexagonale à cent-dix minutes s'explique par des
choix narratifs qui ont tous leur justification. Moins bordélique
qu'il n'en a l'air, Coupez ! et
une mise en abîme du cinéma. Le concept du film dans le film ne
transpire pas uniquement qu'à travers ce tournage qui d'emblée part
en vrille et expose un cinéaste et ses interprètes assaillis par
d'authentiques zombies lors du tournage. Outre cette première
demi-heure foutraque mais néanmoins filmée en un unique
plan-séquence, le véritable potentiel de Coupez !
réside
dans le récit qui au bout de trente minutes prendra la relève. Un
long flash-back revenant sur le projet bien avant que la caméra du
réalisateur (Romain Duris dans le rôle de Rémi) se mette à
tourner. Michel hazanavicius s'emploie à décrire la personnalité
de chacun. De l'arrogance de son unique star (l'acteur
franco-britannique Finnegan Oldfield dans le rôle de Raphaël), le
réalisateur se pliant à toutes ses exigences, à la gérance de
tout ce qui concerne l'écriture, l'interprétation et la mise en
place de ses actrices et acteurs.
''Ca pue, ça pue le vrai vomi''
''Mais non, c'est du faux qui pue pour de vrai...''
Le
regard que porte Michel Hazanavicius sur son réalisateur s'avère
parfois miraculeux. Un individu conscient des difficultés auxquelles
il va devoir faire face et des concessions qu'il devra également
parfois accorder. Le réalisateur, le vrai, filme son acteur sous des
angles qui permettent au film de lui offrir ce ton ''documentaire''
qui en de rares occasions prend le relais d'une histoire aussi
burlesque qu'invraisemblable ! Michel Hazanavicius n'en oublie
pas pour autant certains des corps de métiers parmi les plus
importants liés au cinéma, maquilleurs, cameraman (ici, en vue
subjective), bruiteur et compositeur (Jean-Pascal Zadi dans le rôle
de Fatih) et bien entendu, acteurs. Doté d'une troisième partie, le
film observe le tournage sous un angle différent et révèle des
situations sous un jour nouveau. Par rapport à l’œuvre de
Shin'ichirō Ueda, celle de Michel Hazanavicius apporte un peu de
sang frais et démontre surtout que derrière ses allures de film
(faussement) fauché, Coupez !
bénéficie d'une authentique écriture. Maintenant, le débat reste
ouvert. Qui de Shin'ichirō
Ueda ou de Michel Hazanavicius a signé la meilleure version ?
C'est à chacun de se faire sa propre opinion. La mienne est déjà
faite. Et puis, découvrir Grégory Gadebois en zombie ou Romain
Duris en cinéaste hystérique valent vraiment le détour...
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