Entre comédies
sentimentales et thrillers, le cœur de Claude Pinoteau tanguait.
D'un côté, Le Silencieux
ou La septième cible.
Et de l'autre, La boum 1et
2
ou... L'étudiante.
Rencontre entre Sophie Marceau, pas très loin de l'adolescente Vic
Beretton, et Vincent Lindon, au sortir d'une autre histoire d'amour
auprès de Sandrine Bonnaire dans Quelques jours
avec moi
de Claude Sautet. Un drôle de retour en arrière pour ces deux là,
comme une régression vers des sentiments plus purs. Un besoin de
revenir à cette forme d'insouciance qui donne des ailes mais
corrompt déjà les esprits. La passion, Sophie Marceau l'a déjà
envisagée sous des formes plus sombres. Comme chez Andrzej Żuławski
dans L'amour braque
en 1985 ou chez Francis Girod dans Descente aux
enfers
l'année suivante. Deux exemples d'expérimentations, deux terrains
de jeux minés. L'étudiante,
lui, ne trompe pas sur l'identité de son auteur. On s'y déchire
peut-être moins violemment qu'ailleurs, mais au final, on y met en
péril des enjeux d'avenir. Lui, compositeur et musicien dans un
groupe. Elle, étudiante (celle du titre justement), dont le
quotidien tourne autour de l'agrégation de lettres classiques
qu'elle prépare. Rien ne prédisposait l'un et l'autre à se
rencontrer. Un banal séjour aux sports d'hiver et Édouard Jansen
craque. Avant que Valentine Ezquerra ne le rejoigne bientôt dans ce
tourbillon d'émotions et de sentiments qu'il est le premier à
ressentir...
L'ouverture
habillée de son blanc manteau a les allures d'une comédie
franchouillarde. Elle, planquée sous une épaisse doudoune et des
lunettes de soleil. Lui, le regard timide, presque éberlué et les
lèvres badigeonnées de baume rose. Tableau pathétique d'une
attirance post-adolescente. C'est le coup de foudre! Ainsi, nos
futurs amoureux vont passer le plus clair de leur temps à se
chercher. Lui, d'abord, puis elle. À s'en rendre malade. À en
oublier presque de dormir ou de vaquer à leurs occupations
habituelles. Une histoire somme toute banale, qui parle à tout le
monde, écrite ici par Danièle Thompson et par le réalisateur
lui-même. On tombe évidemment sous le charme de Sophie Marceau, aux
traits forcément plus mûrs que six et huit ans auparavant. Le
caractère tanné par son polonais de compagnon n’effleure même
pas cette jolie étudiante qu'elle interprète ici. Elle y pleurera
cependant de cette même manière hoquetante et asthmatique. Claude
Pinoteau s'offre les services du compositeur franco-roumain Vladimir
Cosma qui, détail amusant, vole au personnage interprété par
Vincent Lindon, le ''rôle'' qui aurait pu lancer sa carrière de
compositeur pour le cinéma. Aux côtés de nos deux vedettes, une
panoplie de seconds rôles appréciables. Parmi celles et ceux qui
entourent Sophie Marceau, on retrouve Élisabeth Vitali et Christian
Pereira tandis que du côté de Vincent Lindon, il faudra notamment
compter sur Jean-Claude Leguay...
N'est
pas chef-d’œuvre qui veut car si L'étudiante
se
laisse très facilement apprivoiser, le scénario n'est pas aussi
séduisant que celui du Claude Sautet cité plus haut ou que celui du
Christian Vincent de La discrète
qui sortira deux ans plus tard. Classique, sans heurts, le principal
atout du long-métrage est évidemment le duo que forment Sophie
Marceau et Vincent Lindon. Un couple à l'écran presque inattendu
mais qui, au final, fonctionne très bien même si de très loin, le
second surpasse tant la première qu'elle disparaît presque lors de
leurs échanges. Quelques petits apéritifs viennent divertir
l'ensemble, comme ces quelques séquences de collocation ou ces
répétitions musicales. Rien de transcendant. Même Vladimir Cosma
ne semble pas toujours inspiré. Deux jolies mélodies noyée sous
une couche de musique pop aussi grasse que le baume dont se tartinait
les lèvres Vincent Lindon en début de métrage. Tout juste de quoi
maintenir l'actrice dans le jeu de l'amour et de la passion avant que
ne vienne nous percuter l'année suivante le troublant Mes
nuits sont plus belles que vos jours
d'Andrzej Żuławski...
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