Pauvre Kev Adams, qui tel
un virus que le monde entier combat depuis maintenant plus de deux
ans, est majoritairement la cible de nombreuses critiques, quasi
systématiques dès lors que son nom s'affiche au générique de
telle ou telle engeance supposée faire rire ! N'est pas Michael
Youn qui veut (lequel se rachète ponctuellement une conduite en
choisissant le drame plutôt que la comédie) ou le clone d'un
Patrick Sébastien, lequel a passé sa vie à combattre des critiques
sur sa personne, souvent infondées. Qui aurait pu se douter qu'un
jour, l'auteur de la trilogie La vérité si je mens !
serait digne de porter l'emblème de ''Visionnaire''
au même titre qu'un Stanley Kubrick (période Orange
mécanique) ?
Peu de monde en réalité mais voilà que par le plus curieux et le
plus grand des hasards vint au monde le 16 février dernier, sur
grand écran et en salle obscure, un Maison de
retraite
faisant écho à la polémique tournant autour de Orpea,
ce groupe privé spécialisé dans l'hébergement des personnes âgées
et dont la réputation est désormais au centre d'un scandale. Thomas
Gilou n'ayant sans doute pas mis une seule bille dans le groupe créé
en 1989 par le neuropsychiatre Jean-Claude Marian, voilà que
débarquait sur nos écrans sa toute dernière comédie avec,
justement, Kev Adams en vedette. Vint alors la question cruciale
s'agissant de savoir s'il fallait se bouger les fesses de son canapé
pour aller voir en salle les dernières pitreries de l'humoriste pour
adolescents boutonneux. Encore fallait-il se trouver dans le environs
de Narbonne, pas très loin du centre-ville, là où trône le
complexe cinématographique CGR.
Encore fallait-il également être assez peu en accord avec les films
proposés cette semaine là, pauvre en matière de divertissements,
si tant est que l'on fusse allergique aux dessins animés (trois ou
quatre sur neuf salles d'après ma mémoire de descendant
d'Alzheimer) et quelques autres productions ma foi, relativement
monotone pour justement choisir d'aller voir le nouveau long-métrage
de Thomas Gilou !
Vive
le Covid
qui s'invita chez moi et m'offrit ce Graal inespéré me permettant
pour les quatre mois à venir de pénétrer ces lieux qui m'étaient
devenus interdits ! Pour fêter la chose, ma compagne et moi,
réglés comme du papier à musique sur le fameux virus alors que
trois-cent kilomètres nous séparaient l'un de l'autre depuis des
semaines, avons pris la décision presque insensée de nous rendre
dans la seule salle qui à Narbonne et à cette période de l'année
osait diffuser une comédie avec Kev Adams en vedette. Gérard
Depardieu n'aurait pas fait partie du casting que nous aurions
pourtant quand même sauté l'étape de l'incertitude pour aller
découvrir cette comédie pour spectateurs du troisième âge (une
impression confirmée par la présence de trois sympathiques
vieillard à l'entrée de la salle projetant Maison
de retraite).
Sans doute qu'un excédent de fièvre due au Covid
nous empêcha de réfléchir à cette délicate décision de rester
au chaud à la maison ou de prendre la voiture. Une fois la vague de
publicités et de bandes-annonces arrivée à son terme, les lumières
s'éteignirent et le film démarra enfin. Première demi-heure :
Mais où sont passés les vingt-quatre euros (M&M'S et petite
bouteille d'eau compris) que nous avons déboursé pour pouvoir
passer la porte de la salle numéro 9 ? Certainement pas dans
l'écriture des gags, poussifs au possible. D'une lourdeur et d'une
incapacité à faire (sou)rire telles qu'Anna et moi étions prêt à
quitter la salle pour faire demi-tour et rentrer à la maison. Mais
comme nous l'avons si bien notifié au moment où nous n'en pouvions
plus, seuls les M&M'S nous permirent de tenir le coup jusqu'à la
fin du film...
Si
certains évoquent au contraire une première partie intéressante et
une suite déjà beaucoup moins stimulante, c'est pourtant une fois
les trente premières minutes passées (peut-être même les trois
premiers quarts-d'heure) qu'Anna et moi avons trouvé que Maison
de retraite
méritait peut-être qu'on lui accorde notre attention. Car le duo
Kev Adams/Gérard Depardieu, aussi étonnant que cela puisse paraître
fonctionna plutôt bien. Sans être bouleversant au point que nos
glandes lacrymales envisagent de se délester de quelques gouttes
d'eau salées, le film s'assaisonna de quelques rares moments
d'émotion. Pour l'humour, en revanche, ce fut le calme plat que
dérangèrent cependant les rires des vieillard précédemment
évoqués. Maison de retraite
devra sans doute s'envisager surtout comme un hommage à une
catégorie d'interprètes vieillissants que l'on désespérerait tout
de même de voir terminer leur existence dans un Ehpad plutôt que
sur un écran de cinéma. Au titre desquels nous citerons tout de
même Daniel Prévost, Mylène Demongeot, Liliane Rouvère
(décidément très à la mode actuellement), Marthe Villalonga,
Firmine Richard (inoubliable Juliette Bonaventure aux côtés de
Daniel Auteuil dans l'excellent Romuald et
Juliette
de Coline Serreau en 1989) ou encore Jean-Luc Bideau. Maison
de retraite
n'est peut-être pas la comédie de l'année mais sans doute pas la
pire non plus (on verra à quelle échelle entre 1 et 10 on rangera
le film de Thomas Gilou une fois que sortira le troisième
long-métrage de Michèle Laroque). Maintenant, est-il bien
nécessaire de faire le déplacement en salle lorsque la mise en
scène, le scénario et l'interprétation n'ont pas d'autres
ambitions que celles d'un téléfilm ? Ben tiens, la réponse
est contenue dans la question...
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