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vendredi 28 janvier 2022

Bleeder de Nicolas Winding Refn (1996) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Après avoir réalisé le premier volet de sa brillante trilogie Pusher et avant d'y retourner en 2004, le réalisateur et scénariste danois Nicolas Winding Refn tourne en 1999 un nouvel uppercut avec Bleeder dans lequel nous retrouvons une partie des interprètes de son précédent long-métrage. Comme si Franck, Tonny, Milo et Mike s'étaient retrouvés propulsés dans un univers parallèle, endossant de nouvelles identités en les personnes de Léo, Lenny, Kitjo et Louis. Un monde qui ne s'avère pas davantage enviable que le précédent puisque bien avant d'aborder des univers hauts en couleurs (Only God Forgive en 2013, The Neon Demon en 2016), Nicolas Winding Refn abordait son œuvres sous les oripeaux du drame social transpirant le bitume et la saleté. Loin de la drogue dont fut issue une partie du scénario de Pusher en 1996, Bleeder échappe quelque peu à cette thématique parfois chère au thriller pour plonger désormais ses nouveaux personnages dans un drame pur jus faisant le constat d'existences misérables où le manque d'argent est vécu comme un problème insoluble. Le réalisateur danois en profite pour y exprimer sa passion pour le cinéma à travers le personnage de Lenny qu'interprète le génial Mads Mikkelsen qui débuta sa carrière en même temps que Nicolas Winding Refn trois ans auparavant. Une fidélité qui entre les deux hommes durera jusqu'en 2009 avec le contemplatif Le guerrier silencieux, Valhalla Rising. Dans Bleeder, l'acteur lui aussi d'origine danoise campe le rôle d'un employé de vidéoclub dirigé par Kitjo (qu'interprète Zlatko Buric, qui sera l'acteur central du troisième volet de la trilogie Pusher en 2005). Un être sensible, amoureux d'une jeune serveuse (l'actrice Liv Corfixen dans le rôle de Lea) avec laquelle il tentera d'entretenir une relation amicale relativement touchante dans ce climat délétère imprimé par le degré de racisme latent dont sont victimes les immigrés (à l'image des épiciers pakistanais traités de bougnoules ou de ceux qui à l'entrée de la boite de nuit dirigée par Louis sont refoulés) ou par l'attitude de Leo qui après avoir appris de la bouche de sa petite amie Louise (l'actrice Rikke Louise Andersson) va , semble-t-il, perdre peu à peu la raison...


Bien moins connu que la trilogie Pusher ou que des films à venir de Nicolas Winding Refn (parmi lesquels on retrouve notamment Drive réalisé en 2011), Bleeder n'en est pas moins une œuvre qui au sein d'une filmographie remarquable mérite de trôner à la même place que les meilleurs d'entre elles. Intégré dans un univers réaliste, filmé caméra à l'épaule et sans chichis esthétiques, le second long-métrage de Nicolas Winding Refn ne peut laisser indifférent. Sa morosité ambiante et son issue que l'on devine fatale participent d'un malaise ambiant qui trouvera sans doute son expression la plus dérangeante lors d'une séquence d'injection de sang contaminé par le virus du SIDA proprement glauque ! Kim Bodnia et Rikke Louise Andersson campent un couple au bord de la rupture, pour des raisons qui semblent au départ incompréhensibles (Leo supporte mal l'idée de devenir père tandis que Louise lui annonce son intention de garder le bébé) mais dont il donnera plus tard, une explication. Le contraste entre ce couple qui se déchire lors de séquences dures et réalistes et celui que forment Lea et Lenny dans des scènes touchantes de naïveté est assez remarquable. Le tout noyé sous l'évocation d'un septième art qui imprime la quasi totalité du long-métrage. Donnant lieu ainsi à quelques rares séquences plutôt drôles, à l'image de celle où Lenny décompte le nom des réalisateurs dont les œuvres sont disponibles dans le vidéoclub. Si ses personnages sont en général relativement touchants (chaque action ou presque est exécutée avec une certaine forme d'hésitation), la violence la plus crue s'y exprime parfois. Chacun y interprète brillamment son personnage et si Kim Bodnia s'avère tour à tour émouvant et inquiétant, c'est peut-être Mads Mikkelsen qui cinq ans avant son extraordinaire interprétation dans le second volet de la trilogie Pusher façonnait déjà le personnage de Tonny...

 

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