En 2004, le réalisateur et scénariste britannique Christopher Smith
débarquait avec son premier long-métrage Creep.
Un excellent film situant son action dans le métro londonien dans
lequel se retrouvait enfermée de nuit une jeune femme prise au piège
avec une inquiétante ''créature'' humanoïde. Depuis, il n'a cessé
de se renouveler. De triangle,
un slasher situé sur un bateau de croisière auquel se mêlaient
boucles et paradoxes temporels, en passant par le redoutable Black
Death
et son étrange secte moyenâgeuse au temps de la peste bubonique, et
jusqu'à son dernier film Banishing
: La Demeure du mal disponible
en
VOD.
Deux ans après son premier essai, Christopher Smith revenait avec
Severance.
Et si le titre évoque vaguement l'un des survival
les plus célèbres (Delivrance),
ça n'est certes pas le fruit du hasard puisque ce second film qu'il
a tout d'abord écrit en compagnie de James Moran utilise certains
codes inhérents au genre. Comme ceux du Slasher
également dont il puise l'idée du tueur masqué dont on ne
connaîtra l'identité qu'un peu avant la fin de la projection. Un
thème somme toute relativement classique qui n'aurait dû, à
l'origine, pas faire de remous. D'ailleurs, les résultats au
box-office confirmèrent le désintérêt du public pour Severance
puisqu'avec un budget de dix millions de dollars, les recettes
peinèrent à atteindre les cinq millions et cinq-cent milles dollars
de profit. Soit seulement un peu plus de la moitié du financement.
Une perte sèche incompréhensible si l'on se penche sur le cas très
particulier de ce film d'horreur accordant un intérêt particulier à
l'humour.
Mais
attention dans le cas de
Severance,
il ne s'agit absolument pas de parodier Survival
et Slasher
mais plutôt de saupoudrer un récit authentiquement horrifique de
quelques répliques et situations amusantes qui n'empêcheront pas le
film d'être des plus sérieux au moment voulu. Proche de la série
des Wrong Turn
tout en étant beaucoup moins explicitement gore, le film de
Christopher Smith joue du malaise qui peut s'installer lors de
voyages en terres inconnues. Ici, ce sont sept employés d'une
entreprise de commerce qui se réunissent le temps d'un week-end dans
les montagnes Mátra situées en Hongrie (le film fut d'ailleurs en
partie tourné las-bas ainsi que sur l'Île de Man au centre des Îles
Britanniques). c'est là-bas que vont poser leur valise Steve,
Maggie, Richard, Jill, Harris, Gordon et Billy pour un week-end qui
démarre plutôt mal. Leur chauffeur (interprété par l'acteur
hongrois Sándor Boros) les abandonne sur le bas côté de la route
et après une longue marche, ils atteignent le gîte qui devait les
accueillir. Sauf que personne ne les y attend et que l'endroit est
dans un pitoyable état. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur,
et parce que leur responsable Richard (Tim McInnerny que l'on
retrouvera notamment quatre ans plus tard dans Black
Death)
ne leur laisse de toute manière pas le choix, les membres de
l'équipe venus se souder en pratiquant le paintball en forêt
finissent par déposer leurs bagages. Mais alors qu'ils se lancent
dans une partie, un individu louche semble s'y être invité. C'est
pour les sept membres de l'équipe, le début du cauchemar...
...
et un réel plaisir pour le spectateur qui avec Severance
fera une pierre, deux ou trois coups. Car plutôt que de déverser
des dialogues bas du front et surtout peu amusants, le film est étonnamment drôle. On pense notamment au personnage de Gordon
qu'interprète l'acteur Andy Nyma, souffre-douleurs des spécialistes
des maquillages qui lui attribueront l'une des séquences les plus
saignantes du film. Vu les caractères qui tranchent les uns les
autres, Severance
est l'occasion de quelques duels verbaux plutôt sympathiques. Mais
la valeur ajoutée du film se situe surtout au niveau de certaines
idées qui n'ont elles, rien de forcément spécifiques aux genres
Survival
et Slasher.
Christopher Smith, qui dans le principe fera encore mieux avec
Triangle
trois ans plus tard, s'amuse avec ses personnages, et notamment celui
qu'interprète Danny Dyer. Sous l'effet de champignons
hallucinogènes, le voilà parti dans un délire auquel participe le
spectateur lorsque le personnage de Steve se dédouble. Une séquence
qui ne sera fort heureusement pas l'unique à faire appel à
l'imagination du réalisateur. Fertile, celle de Christopher Smith
l'empêche de nous infliger l'une de ces séquences à cauchemar vues
mille fois et qui se terminent en général par le réveil en sueur
du protagoniste. Si le britannique reprend le concept, il le
développe à sa manière toute personnelle pour un résultat aussi
sobre que bluffant. C'est là tout l'intérêt de Severance.
Car tout en développant une intrigue commune à de nombreux
longs-métrages du même genre, Christopher Smith y met suffisamment
de sa patte personnelle pour que l'on ne s'y ennuie jamais. À
(re)découvrir...
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