Allez, pour ne pas faire
de jaloux, j'ai préféré ne pas choisir entre l'une des quatre affiches
mettant en avant l'un des personnages du long-métrage mais plutôt
cette mystérieuse pierre qui se situe au centre de l'intrigue. Le
réalisateur britannique Ben Wheatley nous revient donc cette année
avec son dernier bébé intitulé In the Earth.
Œuvre qui très vite deviendra sans doute un objet de dévotion ou
de rejet. Culte ou dans la droit lignée du pourtant sympathique
High-Rise
qui cinq ans en arrière se fit malheureusement rosser par la presse
et le public. Je ne sais pas ce qu'en pensent les autres, mais le
très opportuniste Ben Weathley profitant de la pandémie de COVID-19
pour
en faire l'un des thèmes sous-jacent de In the
Earth
semble avoir été tout d'abord inspiré par le très décevant
Annihilation
qu'Alex Garland réalisa il y a deux ans. On y retrouve
l'exploitation de la nature à des fins sinon mystérieuses, du moins
ésotériques. Réalisé en très peu de temps, le dernier film du
britannique est difficile à définir autrement que comme une œuvre
trop rapidement conçue et certainement insuffisamment réfléchie
pour voir aussi rapidement le jour. Il semble en effet difficile d'y
suivre les aventures d'Alma (Ellora Torchia) et de Martin (Joel Fry),
respectivement garde forestière et scientifique, lesquels sont
lancés à la recherche de la doctoresse Olivia Wendle (Hayley
Squires) disparue en pleine forêt avec son équipe de chercheurs. Là
où le film de Ben Weathley se rapproche de celui d'Alex Garland se
situe dans l'évocation d'une zone forestière où semblent s'y
produire d'étranges phénomènes. Nos deux valeureux protagonistes y
feront tout d'abord la connaissance d'un drôle d'individu en la
personne de Zach (Reece Shearsmith) qui les accueillera sous sa tante
avant de montrer son véritable visage...
Débute
alors la seconde partie de In the Earth
qui se tourne vers un spectacle hallucinatoire dont certains
spectateurs ne se remettront peut-être qu'après un long moment de
silence, plongés dans l'obscurité. Combien de céphalées, de
crises d'épilepsie ou bien même d'arrêts vasculaires cérébraux
seront-ils listés par les services d'urgence des hôpitaux ou par
des médecins généralistes venus s’enquérir de l'état de santé
de leur patient ? Bien entendu, j'exagère... volontairement...
Mais il faut bien avouer que l'on peut se demander parfois ce qui a
bien pu passer par la tête du réalisateur pour nous pondre une
chose pareille. Déjà que le contexte s'avère éminemment nébuleux,
Ben Weathley s'amuse avec tous les éclairages et la sono mis à sa
disposition pour nous offrir un spectacle son et lumière auquel
Jean-Michel Jarre n'aurait jamais osé penser. Le principal soucis de
In the Earth
n'est cependant pas tant cette vision épileptique et parfois
ultra-cut du scénario (le montage demeurant, il est vrai, à
certains endroits remarquable) que la difficulté que semble éprouver
le britannique à mettre en scène ce qui s'avère être un mélange
entre fantastique, horreur et chamanisme. Pour être plus clair,
disons que le film évoque la supposée communication des champignons
formés en réseaux sous la terre. D'où un résultat à l'écran qui
dépasse l'entendement. Si la première partie de In
the Earth s'avère
relativement molle sans toutefois être inintéressante, Ben Weathley
fait prendre à son intrigue un virage inattendu et horrifique en
confrontant ses deux jeunes héros à une sorte d'esprit de la nature
nommé Parnag
Fegg par
l'entremise d'un scientifique qui, le pauvre, ne semble plus avoir
toute sa tête...
L'ambition
du britannique est énorme mais le résultat à l'écran est un
melting-pot d'idées sinon saugrenues, du moins parfaitement
indigestes dans leur traitement. Et l'on ne parle pas ici de
l’avènement des visions stroboscopiques qui vont bientôt envahir
le cadre jusqu'à la nausée mais de la démarche mal aboutie d'un
Ben Weathley inspiré par de géniales idées, mais qui ne parvient
malheureusement pas toujours à les mettre en images. D'autant plus
que le réalisateur s'intéresse assez peu au fait d'expliquer les
tenants et aboutissants du récit. Ici, tout n'est question que de
sensations, voire de sensibilité. N'allant pas toujours au bout de
certaines idées (pourquoi infliger à Martin de telles blessures, de
surcroît infectées, si ce n'est pour abandonner la figuration d'une
contamination qui dans le pire (ou le meilleur) des cas aurait pu
l'affilier au concept de réseau mycorhizien?), Ben Weathley passe
sans doute à côté de son sujet. Reste l'interprétation ou
l'ambiance parfois étrange qui règne au cœur du récit, aidée en
cela par la partition musicale du compositeur Clint Mansell (Pi,
Requiem for a Dream,
Stoker,
etc...)... Chelou !!! (Le film est pour le moment disponible
chez Decal - Neon au format DVD et en langue anglaise. Seuls des
sous-titres pour sourds et malentendants sont mis à disposition. À
réserver tout d'abord aux anglophones en attendant une version
hexagonale fournie avec un doublage ou des sous-titres français...).
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