Pour sa première
apparition à l'écran, le réalisateur Gore Verbinski offre au
pirate Jack Sparrow une aventure riche en rebondissements. Et en même
temps, le film souffre peut-être légèrement de son trop plein de
générosité. C'est qu'il faut les encaisser, les cent-quarante
trois minutes que dure le long-métrage. Parce qu'après tout,
Pirates des Caraïbes : la Malédiction du Black Pearl
n'est au fond rien de moins rien de plus qu'un film de pirates. De
cape et d'épées. Avec son comptant de batailles sur terre comme sur
mer. De romance virile. De héros et d'antagonistes. Oui mais
voilà... le genre, s'il n'est pas tout à fait tombé dans l'oubli a
somme toute ''bénéficié'' d'une certaine indifférence depuis des
décennies puisque la majeure partie des longs-métrages où y sont
référencés des pirates sont tout d'abord des films de cape et
d'épée. Des années quatre-vingt et des décennies suivantes, on
aura peut-être surtout retenu le Pirates
de Roman Polanski ou le Hook
de Steven Spielberg. Et encore, faut-il être un adepte de ce genre
très particulier qui peut parfois donner le mal de mer à ceux qui
n'y sont pas coutumiers. Vu le succès rencontré, quatre séquelles
verront le jour entre 2006 et 2017. D'autres producteurs et
réalisateurs opportunistes se souviendront subitement que le genre
existe pour en proposer diverses alternatives.
Mais
le film de Gore Verbinski aura surtout permis à l'acteur Johnny Deep
de sortir des genres dans lesquels les cinéastes semblaient l'avoir
enfermé depuis quelques années. Avant de devenir véritablement
l'acteur fétiche de Tim Burton avec lequel il avait déjà pourtant
collaboré à trois reprises pour Edward aux
mains d'argent
en 1990, Ed
Wood
en 1994 et Sleepy
Hollow, La légende du cavalier sans tête,
Johnny Deep apparaîtra notamment dans l'excellent From
Hell
des frères Albert et Allen Hughes ou le tout aussi indispensable
Blow
de Ted Demme la même année en 2001. Soit deux ans avant de changer
radicalement de cap avec Pirates
des Caraïbes : la Malédiction du Black Pearl.
Une aventure terrestre et maritime mouvementée, au scénario qui
certes n'a rien d'extraordinaire mais qui sait mêler aventure,
humour et fantastique... Un long-métrage qui
met également en scène l'acteur Geoffrey Rush dans le rôle du
grand méchant de l'intrigue : le pirate Barbossa qui à l'aide
de ses hommes attaquent Port Royal et kidnappent la belle Elizabeth
Swann (l'actrice britannique Keira Knightley), fille du gouverneur
Weatherby Swann (Jonathan Pryce) qui l'a promise au commodore James
Norrington (Jack Davenport) mais qui se retrouve embarquée dans une
histoire de médaillon, de pirates et de malédiction...
Éprise de William Turner
(Orlando Bloom, lequel s'est fait connaître à travers le monde
grâce à son interprétation de Legolas, fils du roi des elfes de la
Forêt Noire Thranduil de la trilogie de films Le
Seigneur des anneaux
du réalisateur néo-zélandais Peter Jackson), celui-ci se lance à
la poursuite de Barbossa et ses hommes aux côtés de Jack Sparrow,
LE héros de cette aventure, bien entendu interprété par Johnny
Deep, lequel en fait des tonnes. Qui cabotine comme jamais auparavant
et porte fièrement sur la tête un tricorne, un bandana rouge, des
dreadlocks, des tresses et même une enfilade de perles accrochées à
ses cheveux. Yeux cernés de noir, moustache et collier de barbe, le
teint hâlé, le personnage est parfaitement étudié et emporte tous
les suffrages. Quant à la mise en scène de celui qui l'année
précédente signa le remake d'un chef-d’œuvre du cinéma
d’épouvante japonais plutôt réussi (The
Ring),
il réalise là une belle tentative de film d'aventure en multipliant
les situations même si parfois l'on a le sentiment que Pirates
des Caraïbes : la Malédiction du Black Pearl
aurait sans doute gagné à être raccourci de quelques séquences
qui donnent à l'ensemble une impression de redondance. Comme un
enfant pourri-gâté qui veut continuer à jouer alors qu'il est
l'heure d'aller se coucher. Bénéficiant d'un très confortable
budget de cent-quarante millions de dollars, Gore Verbinski exploite
le moindre billet vert et s'en donne à cœur joie. Tout d'abord
inspiré de l'une des attractions des parcs Disney
(ce que l'on pouvait craindre), le long-métrage fait plus que de
mettre en avant l'une des activités les plus célèbres des dits
parcs. Il demeure un excellent divertissement familial où petits et
grands peuvent se rejoindre afin de passer ensemble deux heures sans
trop de ventres mous. On notera cependant les piètres performances
des compositeurs Klaus Badelt et Hans Zimmer qui signent là une
partition des plus classique...
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