Quand tu cherches la
lumière et que pendant plus d'une heure tu as droit à d'épais
nuages... qu'une éclaircie s'affiche pour laisser passer quelques
rayons vingt ou trente minutes durant... et qu'à l'issue d'une
longue attente la chaleur du soleil caresse enfin ton visage... voilà
en quelques mots à quoi ressemble Malignant, le
dernier rejeton d'une lignée de longs-métrages d'épouvante signés
de James Wan, l'homme derrière lequel se cachent Saw,
The Conjuring
ou encore Insidious.
Les hostilités démarrent sous la forme d'un pré-générique digne
d'une série Z. Puis lorsque le dit générique déroule ses
informations, on a droit là à ces éternelles redites constituées
d'images d'archives glauques et détail cradingues. En l'espace de
quelques dizaines de secondes, le réalisateur sème des indices dont
on ne connaîtra l'ampleur qu'une toute petite demi-heure avant la
fin. James Wan y concentre une grande partie de l'univers qu'il a
façonné en un peu plus d'une quinzaine d'années pour la régurgiter
de manière parfois maladroite. Comme si le réalisateur, scénariste
et producteur avait sciemment choisi de saborder sa carrière. Du
moins est-ce l'impression qui plane durant une bonne partie de la
projection. Entre chasse au fantôme, possession diabolique, body
horror à la David Cronenberg, hypnothérapie, enquête policière,
W.IP (Women in Prison, pour les ignorants!!!) et, il fallait oser,
Moonwalk sur fond de carnage gore, l'amateur de sensations fortes
peut y faire son marché...
Perdant
ses spectateurs durant une bonne moitié du long-métrage, révélateur
des enjeux durant les vingt minutes suivantes et relâchant
totalement la pression lors d'une séquence hautement jouissive se
déroulant dans une cellule à l'intérieur de laquelle vient d'être
enfermée notre héroïne Madison Mitchell (l'actrice britannique
Annabelle Wallis) et lors de laquelle elle aura fort à faire avec
des rebuts féminins de notre société,
Malignant
laisse un goût étrange d'inachevé. Comme un sympathique concept
salopé au moment de le mettre en forme. Déjà, je ne sais pas ce
qu'en penseront les autres, mais Annabelle Wallis me semble inapte à
rendre crédible son personnage. Ses hurlements répétés tapent sur
le système et sonnent faux. Entre sons typiquement eighties et metal
industriel, le compositeur américain Joseph Bishara se prend parfois
pour le Trent Reznor de Nine
Inch nails.
Malignant
est une compilation de tout ce qui a déjà été fait et refait au
cinéma en matière de cinéma d'épouvante et plus précisément en
terme de Jump
Scares,
d'esprits frappeurs, d'ecostoplasmes, de goule courant au plafond et
marchant sur les murs et tout autres manifestations paranormales
belliqueuses. Sauf que le film est plus malin que l'on ne croit car
si tout semble être déjà écrit dès les premières minutes, James
Wan a de la ressource. Une imagination qui ne s'arrête fort
heureusement pas aux portes de l'imaginaire qu'il développa
notamment avec la franchise The Conjuring.
[attention
spoiler !!!] :
Car ici, il est en fait question de cancer, de tératome (je vous
conseille de faire quelques recherches sur ce sujet aussi passionnant
qu'étonnant mais il est vrai, peu ragoutant !) et plus dingue
encore, de jumeaux parasites ! Bref, de rendre concret et
''réaliste'' ce qui jusqu'à maintenant provenait d'un imaginaire
farfelu [FIN DU
spoiler !!!].
si celles et ceux qui aiment rester dans leur zone de confort
risquent de demeurer circonspects devant la tournure que vont prendre
les événements, les fans de mangas live prendront quant à eux leur
pied. James Wan, c'est en fin de programme la rencontre entre le
japonais Noboru Igushi de Dead Sushi,
Robo-Geisha
ou Mutant Girl Squad
avec le Robert Rodriguez d'Une nuit en enfer.
On regretterait presque que le réalisateur de Malignant
n'ait pas directement tourné son sujet vers cette approche à
l'origine typiquement asiatique et que le monde du cinéma s'arrache
désormais depuis quelques années. Pour finir, inutile de préciser
(mais faisons le tout de même) que la formidable chorégraphie
effectuée lors des vingt dernières minutes par l'héroïne ne sont
pas l’œuvre d'Annabelle Wallis mais de la contorsionniste
ukrainienne Marina Mazepa, rare exploit d'un long-métrage qui
bénéficie tout de même d'une excellente photographie (mais parfois
trop sombre) et de cadrages dont seul James Wan semble avoir le
secret...
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