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jeudi 30 septembre 2021

Candyman de Nia DaCosta (2021) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

 


 

En évoquant le personnage de Helen Lyle qu'incarnait l'actrice Virginia Madsen dans l’œuvre originale signée de Bernard Rose en 1992 Candyman, la réalisatrice Nia DaCosta qui n'a pas fait grande chose jusque là semble envisager sa relecture davantage comme une suite que comme un simple remake politisé. Ce qu'est évidemment cette version 2021 sortie hier seulement sur les écrans et qui pourra faire grincer les dents à trop vouloir rappeler que le blanc est un méchant homme qui parque les noirs dans des ghettos ou est un flic qui tue sans sommations. Soupir de soulagement pour les LGBT qui trouveront de quoi satisfaire leur envie de voir à l'écran deux ou trois de leurs représentants. Ironie face à l'épouse du héros qui nous assène régulièrement des ''les blancs par-ci, les blancs par là'' et à laquelle l'un des gays rappelle qu'elle vit dans un cadre aisé. Désespoir de voir que la relève de Virginia Madsen est assurée par un Yahya Abdul-Mateen II qui enchaîne peut-être les rôles depuis 2017 mais qui en tout cas semble incapable dans le cas présent d'exprimer la moindre émotion. Rejet, fascination ou simple sourire face à ce nouveau Boogeyman/Candyman/Sherman Fields au sourire bêta et sinistre victime du flic blanc, tué après avoir été soupçonné de distribuer des bonbons aux enfants à l'intérieur desquels étaient incorporées des lames de rasoir. Évidemment innocent, le voilà témoin des exactions dont sont victimes nombre d'individus de couleurs et que relèguent les informations.


Non pas qu'il faille ignorer ces faits divers terribles mais a-t-on vraiment envie de s'asseoir dans une salle obscure pour y entendre que le blanc est un vilain garçon et qu'il aime faire du noir son souffre-douleur éternel et inconditionnel ? Certains, peut-être, oui, mais pas moi, homme blanc, hétéro, âgé de presque cinquante ans qui n'allume plus la télévision que pour suivre assidûment une série diffusée chaque fin d'après-midi. Candyman version 2021 pue la culture Woke. On y parle injustice, okay. Mais de là à en faire un étalage de sujets qui inondent les réseaux sociaux, les médias télévisés, la presse papier et une partie de la population alors que l'on aimerait précisément assister à un spectacle horrifique sans que l'on ai à entendre les personnages nous reprocher directement les erreurs de certains de nos semblables, pas sûr que Nia DaCosta parvienne à faire passer son message. Moins agressive qu'une Solveig Halloin mythomane et hostile à la gente masculine qui pour se donner une raison d'exister est souvent venue se ridiculiser en beuglant sur les plateaux de télévision en mode ''animaliste'' et ''féministe'', la réalisatrice afro-américaine dresse de manière opportuniste un catalogue de lieux devenus communs : évocation du mouvement LGBT, racisme blanc, violences policières, gentrification et interventionnisme qui tente ici de mêler l'art (qu'il s'agisse de l’œuvre picturale du personnage principal ou du support filmique qu'est cette nouvelle mouture de Candyman) à la politique. On a bien compris le message. Simplement aurait-il été sans doute plus honnête de ranger ensuite ces sujets dans un placard pour aller à l'essentiel : tenter d'effrayer le public et de lui offrir une expérience sinon inédite, du moins un bel hommage à l’œuvre de Bernard Rose.


Ce que n'est malheureusement pas le long-métrage de Nia DaCosta. Pillant l'art de Dario Argento lors du meurtre situé dans une galerie de tableaux où expose le personnage d'Anthony McCoy (Yahya Abdul-Mateen II, donc), Candyman est d'un conformisme généralisé relativement déconcertant. Aucune prise de risque autre que son discours, le film n'offre pas la moindre aspérité à laquelle s'accrocher afin de s'y s'abîmer l'esprit. Image léchée et interprétation académique, si le film n'avait pas l'insigne honneur d'être sorti dans les salles, on aurait pu croire la chose produite pour le petit écran. Dans le rôle de Sherman Fields/Candyman, l'acteur Michael Hargrove se pose en ''idiot du village'' (ou plutôt du quartier qui a vu grandir une population exclusivement issue de la communauté afro-américaine) avec son sourire sinistre mais pourra tout de même apparaître parfois aussi saisissant que Tony Todd qui incarna le rôle titre presque trente ans auparavant. Candyman version 2021 semble au moins confirmer une chose : que le réalisateur et scénariste Jordan Peel n'est peut-être finalement l'auteur que d'un seul film, Get Out puisqu'après avoir déçu avec Us, ce Candyman auquel il a participé à l'écriture s'avère relativement déplaisant. Si le message politique est envahissant, on se désole de ne ressentir au final que très peu (voire aucun) de frisson. Sans être une purge, le film de Nia DaCosta possède malgré tout deux qualités : son ''clin d’œil'' final et celle de donner envie de redécouvrir l'original...

 

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