En évoquant le
personnage de Helen Lyle qu'incarnait l'actrice Virginia Madsen dans
l’œuvre originale signée de Bernard Rose en 1992 Candyman,
la réalisatrice Nia DaCosta qui n'a pas fait grande chose jusque là
semble envisager sa relecture davantage comme une suite que comme un
simple remake politisé. Ce qu'est évidemment cette version 2021
sortie hier seulement sur les écrans et qui pourra faire grincer les
dents à trop vouloir rappeler que le blanc est un méchant homme qui
parque les noirs dans des ghettos ou est un flic qui tue sans
sommations. Soupir de soulagement pour les LGBT qui trouveront de
quoi satisfaire leur envie de voir à l'écran deux ou trois de leurs
représentants. Ironie face à l'épouse du héros qui nous assène
régulièrement des ''les blancs par-ci, les blancs par là'' et à
laquelle l'un des gays rappelle qu'elle vit dans un cadre aisé.
Désespoir de voir que la relève de Virginia Madsen est assurée par
un Yahya Abdul-Mateen II qui enchaîne peut-être les rôles depuis
2017 mais qui en tout cas semble incapable dans le cas présent
d'exprimer la moindre émotion. Rejet, fascination ou simple sourire
face à ce nouveau Boogeyman/Candyman/Sherman Fields au sourire bêta
et sinistre victime du flic blanc, tué après avoir été soupçonné
de distribuer des bonbons aux enfants à l'intérieur desquels
étaient incorporées des lames de rasoir. Évidemment innocent, le
voilà témoin des exactions dont sont victimes nombre d'individus de
couleurs et que relèguent les informations.
Non
pas qu'il faille ignorer ces faits divers terribles mais a-t-on
vraiment envie de s'asseoir dans une salle obscure pour y entendre
que le blanc est un vilain garçon et qu'il aime faire du noir son
souffre-douleur éternel et inconditionnel ? Certains,
peut-être, oui, mais pas moi, homme blanc, hétéro, âgé de
presque cinquante ans qui n'allume plus la télévision que pour
suivre assidûment une série diffusée chaque fin d'après-midi.
Candyman version
2021 pue la culture Woke.
On y parle injustice, okay. Mais de là à en faire un étalage de
sujets qui inondent les réseaux sociaux, les médias télévisés,
la presse papier et une partie de la population alors que l'on
aimerait précisément assister à un spectacle horrifique sans que
l'on ai à entendre les personnages nous reprocher directement les
erreurs de certains de nos semblables, pas sûr que Nia DaCosta
parvienne à faire passer son message. Moins agressive qu'une Solveig
Halloin mythomane et hostile à la gente masculine qui pour se donner
une raison d'exister est souvent venue se ridiculiser en beuglant sur
les plateaux de télévision en mode ''animaliste'' et ''féministe'',
la réalisatrice afro-américaine dresse de manière opportuniste un
catalogue de lieux devenus communs : évocation du mouvement
LGBT, racisme blanc, violences policières, gentrification et
interventionnisme qui tente ici de mêler l'art (qu'il s'agisse de
l’œuvre picturale du personnage principal ou du support filmique
qu'est cette nouvelle mouture de Candyman)
à la politique. On a bien compris le message. Simplement
aurait-il été sans doute plus honnête de ranger ensuite ces sujets
dans un placard pour aller à l'essentiel : tenter d'effrayer le
public et de lui offrir une expérience sinon inédite, du moins un
bel hommage à l’œuvre de Bernard Rose.
Ce
que n'est malheureusement pas le long-métrage de Nia DaCosta.
Pillant l'art de Dario Argento lors du meurtre situé dans une
galerie de tableaux où expose le personnage d'Anthony McCoy (Yahya
Abdul-Mateen II, donc), Candyman
est d'un conformisme généralisé relativement déconcertant. Aucune
prise de risque autre que son discours, le film n'offre pas la
moindre aspérité à laquelle s'accrocher afin de s'y s'abîmer
l'esprit. Image léchée et interprétation académique, si le film
n'avait pas l'insigne honneur d'être sorti dans les salles, on
aurait pu croire la chose produite pour le petit écran. Dans
le rôle de Sherman Fields/Candyman, l'acteur Michael Hargrove se
pose en ''idiot du village'' (ou plutôt du quartier qui a vu grandir
une population exclusivement issue de la communauté afro-américaine)
avec son sourire sinistre mais pourra tout de même apparaître
parfois aussi saisissant que Tony Todd qui incarna le rôle titre
presque trente ans auparavant. Candyman
version
2021 semble au moins confirmer une chose : que le réalisateur
et scénariste Jordan Peel n'est peut-être finalement l'auteur que
d'un seul film, Get
Out
puisqu'après avoir déçu avec Us,
ce Candyman
auquel il a participé à l'écriture s'avère relativement
déplaisant. Si le message politique est envahissant, on se désole
de ne ressentir au final que très peu (voire aucun) de frisson. Sans
être une purge, le film de Nia DaCosta possède malgré tout deux
qualités : son ''clin d’œil'' final et celle de donner envie
de redécouvrir l'original...
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