À lui seul, Tatie
Danielle
d’Étienne Chatiliez avait déjà posé les bases du genre dès
1990. Créé et imposé avec cette vieille dame odieuse et tyrannique
(extraordinaire Tsilla Chelton) des fondations qui se tiennent encore
aujourd'hui fièrement debout, bien au dessus de toute concurrence.
Dans un autre style, ce même Étienne Chatiliez était venu nous
proposer onze ans plus tard, une alternative moins grinçante mais
tout aussi réjouissante avec Tanguy.
D'un côté, une arrière grand-mère acariâtre faisait vivre
l'enfer à ses petits-neveux interprétés par Catherine Jacob et
Eric Prat ainsi qu'à sa ''nounou'' en la personne d'Isabelle Nanty.
Beaucoup moins agressif mais néanmoins tout aussi crispant, nous
avions droit à Tanguy
dans lequel nous assistions à la tentative désespérée de ses
parents de décourager leur fils qui prenait racines chez eux. Après
ces deux cas d'école, ces classiques de la comédie française,
beaucoup s'y sont essayés, mais la majorité d'entre eux s'y sont
cassés les dents. Même Étienne Chatiliez n'est jamais parvenu à
retrouver la grâce par la suite. Ni avec L'oncle
Charles,
ni avec Tanguy, le retour,
cette purge sortie sur les écrans de cinéma il y a deux ans. Depuis
un certain nombre d'années, on le sait, la comédie française bat
de l'aile, creusant de plus en plus son déficit en terme d'humour et
d'inspiration. Et lorsque l'on n'a pas le moindre échantillon
d'imagination sur soi, forcément, qu'est-ce qu'il nous reste d'autre
que d'aller piller dans des réserves déjà vides ? En 2016, le
réalisateur Éric Lavaine reprend le concept avec cette fille
(Alexandra Lamy) qui retourne vivre chez sa mère dans Retour
chez ma mère.
Passe encore, cette comédie plutôt sympathique même si jamais
vraiment irrésistiblement drôle. En 2020, c'est au tour de Michèle
Laroque de vouloir proposer sa vision du concept avec Chacun
chez soi.
Malgré la Covid-19. Mais surtout, malgré son nullissime premier
long-métrage Brillantissime
sorti trois ans auparavant...
Une
lubie, un caprice de ''star'' qui n'atteindra malheureusement que la
dernière place d'un classement avec Chacun chez
soi,
tout juste au dessus de son premier méfait... Cinq
ans après Retour chez ma
mère,
le réalisateur Eric Lavaine revient avec la suite et surtout à
l'esprit, l'idée de reprendre le concept en inversant les rôles.
Cette fois-ci, ça n'est plus la fille qui s'incruste chez sa mère
mais l'inverse. On reprend PRESQUE tous les mêmes interprètes, à
part Alexandra Lamy qui aura eu ''la bonne idée'' de n'apparaître
qu'à travers sa voix, l'actrice ayant elle-même averti Eric Lavaine
que le film risquait d'être trop proche du précédent volet si une
fois de plus étaient confrontés les personnages de Jacqueline et
Stéphanie Mazerin. En lieu et place de l'actrice, c'est donc
Mathilde Seigner qui incarnait sa sœur à l'écran dans Retour
chez ma mère qui
se retrouve désormais sur le devant de la scène avec en prime, une
Josiane Balasko terriblement étouffante. On parle évidemment de son
personnage et non pas de l'interprète elle-même. Également fidèle
au rôle qu'il a déjà tenu dans le premier volet, l'acteur et
humoriste Jérôme Commandeur reprend le rôle d'Alain Bordier, le
compagnon de Carole. Une présence qui logiquement devrait être
synonyme de fous rires puisque sa seule présence sauve en général
des œuvres qui flirtent avec le naufrage artistique et qui devrait
donc suffire à offrir à
Un tour chez ma fille,
son comptant de séquences drôles. Sauf que de vouloir en faire une
généralité n'est pas vraiment conseillé. Surtout lorsque l'on a
subi sur grand écran, cette purge absolue de la comédie française
sortie le 14 juillet dernier dans laquelle jouait justement Jérome
Commandeur, un navet intitulé Mystère
à Saint Tropez.
Une
daube monumentale signée de Nicolas Benamou dont le seul intérêt
aura permis à Brillantissime
de monter d'un cran dans le classements des pires comédies
hexagonales et d'apaiser le dégoût de ses plus virulents
détracteurs... En guest, on a droit à la
présence de Line Renaud dans le rôle de Mamoune, la mère de
Josiane ou de Jean-François Cayrey en artisan-plombier et
électricien d'origine polonaise. Un personnage qui cache mal son
rapport avec le duo qu'interprétèrent en leur temps Zinedine
Soualem et Laurent Gamelon dans La
maison du bonheur
de Dany Boon et que le scénario d'Éric et Bruno Lavaine et d'Hector
Cabello Reyes pompe ''joyeusement''. Ici, en moins drôle, bien
évidemment... C'est d'ailleurs une constante dans Un
tour chez ma fille.
Malgré la présence et le talent de Josiane Balasko, de Mathilde
Seigner ou de Jérome Commandeur auxquels on sert des dialogues
relativement plats qui ne réinventent rien et puisent dans le passé.
Le pire, c'est que vu le niveau de qualité drastiquement bas de la
comédie française actuelle, on se contentera malgré tout d'Un
tour chez ma fille.
Encore faudra-t-il considérer vaut le coup de payer le prix d'une
place de cinéma. Divertissant, sans plus...
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