On a bien compris depuis
quelques années que l'avenir de l'homme, ça n'est pas la femme mais
sa progéniture. C'est d'ailleurs ce que pensent sûrement ces jeunes
générations qui nous regardent nous, les vieux cons, d'un mauvais
œil avec ce brin de condescendance qu'ils cultivent en majorité.
Twilight
en 2008, Hunger Games
en 2012, Divergente
en 2011 et leur tripotée de suites ont ouvert une porte de sortie
salvatrice pour ces gamins qui n'ont comme projet de vie que leur
console ou leur téléphone portable. Vous n'avez pas de diplômes,
pas de projet d'avenir, aucune éducation et pas davantage de talent
dans un quelconque domaine que ce soit ? Pas grave, les
créateurs d'imaginaires vous offrent l'emploi parfait : celui
de super-héros. Car l'avenir c'est vous chers enfants. Quel que soit
votre âge, l'important est que vous n'ayez pas encore atteint la
maturité suffisante pour entrer dans la vie active. Dans Le
labyrinthe comme
dans bon nombres de longs-métrages auxquels doivent être intégrés
les films cités plus haut ainsi que leurs séquelles, la présence
de l'adulte doit être impérativement vécue comme une anomalie.
C'est peut-être pourquoi il ne se présentera que bien plus tard
pour ne surtout pas venir entacher ce récit apparemment consacré à
cette période de l'existence qui pousse celles et ceux qui en sont
les ''victimes'', à tout remettre en question. Dans le monde si
''merveilleux'' créé à l'origine par l'écrivain américain James
Dashner à travers le cycle The
Maze Runner,
Thomas apparaît comme un révélateur face à une tribu
d'adolescents qui d'années en années ont fini par accepter leur
sort. Celui de rester enfermés dans une zone de confort leur évitant
de prendre le risque d'affronter d'horribles bestioles qu'ils
surnomment les griffeurs
et qui rodent la nuit dans l'immense labyrinthe qui leur fait front
de son imposante et arrogante architecture...
L'arrivée
de Thomas (l'acteur Dylan O'Brien) risque de tout changer. Le bon
ordre qui consiste à bien exécuter ses tâches quotidiennes et à
ne surtout pas se confronter aux lois mises en œuvre depuis des
années. Cela ne vous rappelle rien ? Et pourtant, plus malin
qu'il n'en a l'air, Le labyrinthe prend
les choses à l'envers, tords les concepts d'ordre et de désordre et
démontre que la seule vérité, la seule issue n'est pas forcément
celle que l'on croit. Après, faut-il y avoir autre chose qu'un pur
spectacle ? Une aventure croisant le fer entre Sa
Majesté des mouches
du romancier britannique William Golding et n'importe quel film
d'évasion carcérale ? On pourra toujours critiquer le fait que
le long-métrage de Wes Bell n'avait à l'époque de sa sortie comme
ambition que de remplir les salles de cinéma de chiards gigotant sur
leur siège et bavardant entre eux chaque fois que l'occasion se
présenterait... Et pourtant, voir en Le
labyrinthe
une œuvre beaucoup plus mature qu'elle n'en a l'air serait
reconnaître le potentiel réel que revêt le choix de son casting
presque exclusivement constitué de jeunes garçons. Garçons, oui,
car la femme ne semble ici pas avoir tant d'importance puisque seule
l'actrice britannique Kaya Scodelario aura l'honneur de la
représenter. Ce qui, rétrospectivement manque un peu de logique si
l'on subodore l'avenir des personnages. Une fille pour une légion de
garçons. De quoi repeupler un monde dévasté au rythme des
déplacements d'un paresseux. L'essence même de ce genre de produit
veut qu'y soit intégré un antagoniste de taille. Pourtant, ici, est
choisie l'option de bousculer les habitudes. On n'est pas à Koh
Lanta et le but du labyrinthe
n'est pas tant de confronter les adolescents les uns aux autres que
de justifier leur comportement particulièrement mature. Un choix qui
ne semble pas être guidé par la volonté de plaire à un certain
public mais sert véritablement le récit...
Le labyrinthe
est pour un premier volet, une très bonne surprise. Aucune crainte à
avoir que de ne découvrir qu'un casting constitué de jeunes
interprètes car chacun assure son rôle à la perfection. Le
misogyne aurait pu prétendre que l'arrivée de la seule
représentante de sexe féminin Teresa aurait pu ruiner l'intérêt
en générant des conflits internes liés au désir et à la
possession, mais Wes Ball ignore cet aspects des rapports humains
pour se concentrer sur l'essentiel. Comment fuir, échapper à ce
labyrinthe quitte à en perdre la vie. Le
labyrinthe,
ça n'est pas Le
club des cinq.
Ou alors dans une version post-apocalyptique et anxiogène où des
créatures et un gigantesque labyrinthe tous animés en images de
synthèse se partageraient une part du gâteau. Des effets-spéciaux
qui sont tous sauf encombrants et qui surtout, ne grignotent pas une
partie du scénario de Noah Oppenheim, Grant Pierce Myers et T. S.
Nowlin qui de toute manière se suffit à lui-même. L'aventure est
vigoureuse, sans véritable temps mort, accompagnée par l'ample
partition musicale du compositeur américain John Paesano et s'avère
même parfois très cruelle envers certains de ses jeunes
protagonistes. On aurait pu craindre que la saga allait rapidement
tourner en rond, mais la fin de ce premier chapitre semble nous
inviter à penser le contraire. À suivre...
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