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samedi 10 avril 2021

La tanière de la bête de Shun’ya Itō (1973) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Tueuse en série, Nami Matsushima, dite la femme scorpion ? Plutôt une femme traquée. Par les autorités carcérale et policière et qui va très vite constater que la liberté n'est qu'un concept relativement flou et aléatoire. Troisième aventure pour Nami Matsushima après La Femme scorpion et Elle s'appelait Scorpion, c'est la dernière fois que le réalisateur japonais Shun’ya Itō mettra son héroïne en scène. La fin de ce troisième volet indique d'ailleurs très clairement la volonté du cinéaste de mettre un terme aux aventures de son héroïne puisqu'il décide de la faire disparaître à jamais. Mais comme il est coutume de le dire ou de le penser dans nos contrées, il ne faut jamais dire jamais. Pour preuve : la même année, soit en 1973, la relève sera rapidement assurée par un autre réalisateur japonais du nom de Yasuharu Hasebe qui réalisera donc les quatrièmes aventures de la femme scorpion sous le titre Mélodie de la rancune. Mais d'ici là, que faut-il donc penser de cette Tanière de la bête qui clôt sur le court terme les aventures de cette ultime incarnation féminine du charme japonais ? Tout d'abord, sachez que Nami Matsushima est toujours interprétée par la sublime Meiko Kaji. L'actrice reviendra d'ailleurs lors des quatrièmes aventures de Sasori (Scorpion) avant d'abandonner son tablier et de laisser à d'autres l'occasion de prendre la relève dans ce rôle fétiche (en effet, les actrices Yumi Takigawa et Yôko Natsuki incarneront respectivement le personnage de Nami dans Shin joshū sasori: 701-gō en 1976 et dans Shin joshū sasori: Tokushubō X l'année suivante, ces deux séquelles ayant été toutes deux mises en scène par le réalisateur Yutaka Kohira)...


Maintenant débarrassée de sa disgracieuse tenue de prisonnière, la beauté de Meiko Kaji peut désormais éclater de mille feux. Ce qui ne lui interdit toujours pas de lancer son fameux regard glacial annonciateur de la mort prochaine de celui ou celle qui est visé. Si visuellement Elle s'appelait Scorpion apportait un supplément en matière de recherche esthétique, voire de délire visuel, pour sa dernière aventure en compagnie de son héroïne, Shun’ya Itō s'est quelque peu assagi. Ce qui n'empêche cependant pas La tanière de la bête de s'ouvrir sur une séquence étonnamment gore puisque Nami est surprise par deux policiers dans une rame de métro. Elle égorge le premier puis coupe le bras du second à hauteur du coude après qu'il l'ait menottée afin de lui échapper. S'ensuit une séquence relativement amusante si l'on pense au contexte dans lequel elle fut tournée. En effet, prenant la fuite en ville, le bras de sa victime toujours relié au sien, il n'est pas impossible de sourire devant la réaction des passants qui ne semblent pas être au courant qu'un tournage a lieu. Quelques ralentis permettent de constater que la majeure partie d'entre eux réagissent de manière telle qu'il ne demeure plus aucun doute sur la question. Le cahier des charges est ici parfaitement rempli en ce qui concerne les habitudes de la série. Nami est une fois de plus opposée à une gente masculine violente et misogyne qui de surcroît, marchande les corps pour leur profit. Ce que l'on appelle maquereau mais qui prend également le visage de Katsu Samejima qu'interprète une Reisen Ri hantée et parfois jouissivement hystérico-baroque !


Outre les habitudes scénaristiques, Hirô Matsuda et Tooru Shinohara étant désormais seuls maîtres aux commandes de l'écriture, le film bénéficie du soin apporté à la majeure partie des séquences. Le récit se déroule en outre majoritairement en extérieur ce qui permet à Shun’ya Itō d'exploiter des environnements beaucoup moins exigus. Du moins, dans une certaine mesure. Il filme ses quartiers comme le repaire du Mal ou s'immisce le vice sous tous ses aspects. Prostitution, proxénétisme, corruption, Shun’ya Itō y va large lorsqu'il s'agit de mettre en scène des actes répréhensibles par la loi ou la morale. Plutôt que les mots, le réalisateur estime que la démonstration est bien plus efficace. Et d'ailleurs, il a raison. Le seul exemple du viol à l'aide d'un club de golf suffit pour confirmer l'efficacité du concept. Peu d'érotisme, mais le sujet de l'inceste évoqué dans les rapports entre Yuki Nakagawa (l'actrice Yayoi Watanabe) et son frère malade mental (de quoi mêler en un, deux thèmes qui feront sûrement grincer les dents de certains) mettra tout le monde d'accord. Mais l’œuvre de Shun’ya Itō n'est pas qu'un étalage d'atrocités. Ces dernières se partagent d'ailleurs la partie congrue du scénario. Non, le réalisateur sait aussi faire preuve d'une grande poésie. Même si les décors ne s'y prêtent pas toujours. Comment alors ne pas évoquer cette incroyable séquence des égouts et des allumettes... ? Sans doute moins visuellement bluffant que le précédent volet, La tanière de la bête n'en demeure pas moins une belle réussite qui ferait presque regretter que Shun’ya Itō ait choisi de quitter l'aventure...

 

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